Les années 80 furent, pour les Allemands de
Grave Digger, le théâtre d'une guerre impitoyable où ils enchaînèrent revers, défaites et désillusions au gré d'assauts dans lesquels ils furent bien trop maladroits et bien trop prévisibles. Expirant un soupir d'agonie, après l'ultime plaie que constituait le moyen
War Games (1986), leur sort semblait même définitivement scellé. En effet, la fin était proche. Ou du moins, le semblait-elle. Pourtant, bravant toutes les prédictions des ténébreux augures les plus pessimistes, le groupe, en une ultime inspiration, reprit vie et nous offrit, tout au long d'une nouvelle décennie, la quintessence de leur talent avec des albums aussi remarquables que captivants.
Cette décade achevée, à l'aube de ce troisième millénaire, les saxons nous proposent de communier avec eux en une grande messe publique. Et pour ce faire de découvrir leur premier album live,
Tunes of Wacken (2002).
Essentiellement articulé autour de sa trilogie médiévale (
Tunes of War (1996),
Knights of the Cross (1998) et
Excalibur (1999)),
Grave Digger nous offre, avec ce nouvel effort, une œuvre qui fait véritablement figure de recueil dont le titre pourrait, sans aucun doute, porter la mention "le meilleur de...".
Pourquoi cela? Tout d'abord parce que la qualité inhérente aux albums dans lesquels ce nouveau plaidoyer puise la substantifique moelle de sa sélection, est incontestable. Et ensuite parce que pour exhausser encore davantage le caractère déjà délicieusement remarquable de ces titres, Chris Boltendahl et ses acolytes vont, de surcroît, choisir un fief tout acquis à leur cause en préférant enregistrer cet album en Allemagne, sur leurs terres, au cours du Wacken Open Air de 2001 (comme le nom de l'opus le laissait entendre). Inutile de préciser, bien évidemment, que l'accueil réservé au groupe par un public germain au patriotisme exacerbé, fut à la hauteur des espérances de
Grave Digger. Tant et si bien que chacune des manifestations de cette audience participe à ennoblir cet échange entre le groupe et son peuple.
Notons encore que la production de ce disque est parfaitement équilibrée. Un fait qui peut paraître insignifiant, mais qui n'est pas toujours une évidence pour un exercice où, parfois, l'atroce côtoie le moyen.
Au-delà de ces considérations, anodines et pourtant cruciales, nous parlant essentiellement de la forme, il reste peu de chose à dire sur le fond constituant l'œuvre. L'ensemble de ces titres révèle une excellence jubilatoire dont il apparaît difficile d'extraire un moment plus qu'un autre. Et de cette musique Heavy Speed
Metal, aux voix écorchées et rugueuses, un art si caractéristique de ces saxons, le groupe nous convainc donc délicieusement. Evoquons tout de même les excellents Scottland
United,
The Reaper, The Roundtable,
Excalibur,
Lionheart ou encore, par exemple, Morgane le Fay comme
Démonstration d'excellence. Mais était-il réellement utile de le faire?
Pas vraiment.
Finalement, le seul bémol de ce
Tunes of Wacken réside dans son déroulement dont on regrettera qu'il soit un peu trop court. Un regret, bien entendu, non imputable à Chris Boltendahl et aux siens, puisque ce disque est le reflet exact de leur prestation d'alors. Pour que l'opus soit moins court encore eut-il fallut, en effet, que l'organisation du Wacken Open Air alloue davantage de temps à
Grave Digger.
Toutefois cette impression d'insatisfaction concernant la longueur de ce disque, doit, sans aucun doute, aussi, être nourri par l'intensité d'un plaisir que l'on voudrait plus long puisque l'album dure, tout de même, plus d'une heure.
Pour conclure
Tunes of Wacken est, donc, encore un très bon album dans la discographie des fossoyeurs teutons. Une habitude tenace depuis plusieurs années déjà dans la carrière des Allemands. Une constance fort louable.
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