N’en déplaise aux éternels puristes autoproclamés prompts à réinventer l’histoire à coup d’ignorance crasse,
Grave Digger est l’un des pionniers de la scène Heavy
Power Speed
Metal européenne. Au même titre d’ailleurs qu’
Helloween,
Rage, Accept ou encore
Running Wild, pour ne citer que ceux-là. Père spirituel d’un nombre incalculable de rejetons plus ou moins dissipés, et plus ou moins talentueux, le vivier originel allemand, berceau du genre, aura aussi su rester, au fil du temps, plutôt fidèle à ses convictions profondes faisant soupirer toute une génération assoiffée de nouveautés constantes exécrant au plus haut point ce traditionalisme, allant même jusqu’à le qualifier d’immobilisme. Combien de fois aura-t-on, en effet, lu ces dernières années des phrases aussi terribles que celles consistant à dire que “
Grave Digger fait du
Grave Digger” comme l’expression d’une défaillance coupable? A tel point que pour ménager la sensibilité de cette frange en devenir, il aura fallu abonder à minima en son sens. Une erreur que j’ai aussi, moi-même, parfois commise. Mais une fois n’étant pas coutume, je m’égare…
Revenons donc au 22ième album du quatuor de Gladbeck,
Bone Collector. Album qui sort en cette année 2025, 45ième année d’existence du groupe Et quoi de mieux pour se rappeler au bons souvenirs d’un public amateur du genre, un peu en déshérence il faut bien l’avouer ces derniers temps, qu’un disque dépourvu de toutes fioritures inutiles, de toutes scories mélodiques sans intérêt, donnant à entendre, en somme, l’essence même de la musique incisive, tranchante et hargneuse de
Grave Digger. Un genre de retour aux sources en quelque sorte. Et c’est très exactement ce qu’est ce nouvel opus.
Très rapidement d’ailleurs le quidam dans mon genre, avec quand même un poil d'expérience eu égard à un âge qui, malheureusement, avance de plus en plus, aura bien saisi qu’il se passe quelque chose. Quelque chose d’intrigant. De réjouissant. Quelque chose susceptible de raviver la flamme de ce feu au pied duquel dort la bête hirsute et de la réveiller afin qu’elle rugisse à nouveau pour notre plus grand plaisir. On se dit alors que, pour peu que le groupe ne s’égare pas trop, ce qui, soit dit en passant, n’est plus vraiment dans ses habitudes depuis bien longtemps, le voyage va être délicieusement mouvementé.
Les pistes s'enchaînent nous laissant dans cette extase béate avec un groupe qui, aujourd’hui, aura rarement été aussi convaincant sur ses forces et ses qualités connues (en témoigne les vifs et somptueux “
Bone Collector”, un “The Rich, the Poor, the
Dying” aux arguments qui, s’ils vous échappent totalement, me laisse à penser que vous vous êtes sans doute égarez ici au hasard de vos pérégrinations guidé par la curiosité qui n’est pas toujours bonne conseillère, un “Killing Is My Pleasure” intéressant ou encore un étourdissant “Made of Madness” incroyablement surprenant dont je ne veux rien dévoiler sous peine de vous gâcher la surprise). En outre,
Grave Digger saura aussi capitaliser sur ses faiblesses. Ou du moins ce qui apparaissait autrefois comme ses faiblesses. Des titres plus posés ou plus mid tempo ou Chris Boltendahl et ses comparses n’auront pas toujours été des plus convaincants, sont désormais aussi intrigants, enthousiasmants et séduisants que le reste, voire même plus parfois (le très réussi “Mirror of
Hate” ou encore “Riders of
Doom”). Tant et si bien d’ailleurs qu’on finirait presque par se demander si nos quatre allemands ne seraient pas, désormais, plus doués pour ça que pour ce reste déjà évoqué.
Bone Collector est donc, sans aucun doute, l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, album de
Grave Digger d’une décennie où le groupe n’aura pourtant pas véritablement démérités. Une œuvre très aboutie qui couronne le triomphe du traditionalisme en somme. Et c’est très bien ainsi.
Et alors que les apôtres de la cultitude à tout va continueront sans cesse de nous louer les mérites de je ne sais quel groupe abscons et obscur, il se pourrait bien que ce
Bone Collector s’inscrive, quant à lui, plus durablement dans l’histoire que bon nombre des pamphlets hermétiques et abstrus de ces nouvelles icônes fabriquées. Il a, en tous les cas, toutes les qualités pour ça.
Merci pour la chronique j'avoue avoir été bluffé par cette agressivité retrouvée par le combo allemand, un retour aux sources c'est peu de le dire.
J'ai envie de dire que "Grave Digger" fait du Grave Digger ;) à cette différence de bien d'autres groupes qu'ils le font excellemment bien. Ils n'ont jamais chercher à changer leur recette du tout au tout, et ce nouvel album le prouve, avec du pur Heavy allemand. Ça reste les maîtres du style, pour moi (au côté de Running Wild).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire