Dans un élan de cynisme, à l'aune de ce nouvel opus des vétérans de
Grave Digger, nous pourrions oser une comparaison audacieuse mettant en parallèle la destinée de Chris Boltendahl et de ses complices et celle de leurs compatriotes de
Running Wild. Les deux entités ont, en effet, sous certains aspects, un parcours similaire. Ou du moins partagent certains points communs. L'un comme l'autre ont offert toutes leurs lettres de noblesse à un genre alors en devenir. L'un comme l'autre ont connu des périodes moins glorieuses. L'un comme l'autre suscitent l'attente de partisans nostalgiques avides de les voir revenir à une expression d'antan, celle-là même où ils s'illustrèrent. Toutefois comparaison n'est pas raison et les limites de cette analogie apparaîtraient bien vite puisque a contrario de certains travaux de
Running Wild, notamment les plus récents, ceux du quintette originaire de Gladbeck n'auront jamais été véritablement médiocres. Mais cessons de nous égarer ainsi et revenons donc à ce
Return of
The Reaper.
Même s'il y aurait beaucoup de choses à dire quant au choix symbolique du titre et de l'artwork de ce manifeste, évoquant immanquablement une volonté de retour aux sources d'une inspiration antique (
The Reaper (1993)) et en disant long sur l'état d'esprit actuel du groupe, attachons-nous à entrer dans le vif du sujet, à savoir la musique que
Grave Digger nous y propose.
Démarrant sur un extrait de circonstance de la marche funèbre du compositeur Polonais Frédéric Chopin, ce nouvel opus des Allemands ne met pas longtemps à dévoiler sa vraie nature. Au son d'un
Hell Funeral rapide et enlevé, agressif et incisif, rugueux et délectable, où la voix toujours aussi délicieusement particulière de Chris Boltendahl excelle, il nous ravit. A ce petit jeu de l'efficacité et de la vélocité, de l'inspiration et du talent,
War God, Resurection Day,
Satan's Host ou encore, par exemple, Death Smiles at All of us remplissent aussi parfaitement leur office. Bref du
Grave Digger tels que le quidam fervent adepte de ce Heavy Speed
Metal traditionnel germanique, celui-là même que le groupe défendit en des œuvres parfois excellentes et quelquefois moins, n'osait plus espérer.
Si l'album n'était composé que de ces morceaux-là, il serait déjà suffisamment réussi pour nous satisfaire. Oui mais voilà, il y a plus. Et, au-delà de ces pistes véloces, de manière tout à fait inattendue, lorsque le fossoyeur saxon ralentit la cadence de ces coups de pelles, il devient plus redoutables encore.
Grave Desecrator et
Dia De Los Muertos en sont de parfaits exemples. Et Season of the Witch, quant à lui, n'est rien d'autre que la quintessence de ces instants moins vifs. Fort de cette lourdeur délicieuse où les chants s'égarent parfois en des méandres graves et troublants, et en un break superbe,
Grave Digger nous séduit.
Parlons aussi de la ballade
Nothing to Believe qui, à l'instar de certaines ritournelles composées pour
UDO (telle que I Give as Good as I Get (Rev-
Raptor (2011)) ou The Healer (Solid (1997))), est d'une émouvante sincérité.
S'agissant de la production de ce manifeste, il faudra noter un léger mieux par rapport à un Clash of the
God un peu, et insistons sur le "un peu", trop lisse. Ici les guitares sont vraiment au centre des compositions occupant un espace conséquent. Les quelques détracteurs d'Axel "Ironfinger" Ritt pourraient d'ailleurs bien changer d'avis à son sujet.
Etonnamment frais et excitant, étonnamment inspiré et réussi, ce
Return of
The Reaper pourrait bien surprendre ceux qui comme votre humble serviteur pensaient
Grave Digger confiné, ad vitam aeternam, en un conservatisme créatif convenu.
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