L'appât du gain est un anathème auquel les esprits les plus intègres succombent parfois. Cette tentation maudite s'instille alors insidieusement et gangrène vos pensées les plus saines. Et ainsi les hommes, même le plus charitables qui soient, ploient devant cette lumière illusoires avant de, souvent, sombrer dans les affres ténébreux d'une désillusion absolue. Touchant les êtres, sans être péjoratif, les plus communément normaux, cette malédiction est davantage encore un fléau dans les milieux artistiques où, poussé par de compréhensible appétits, de nombreux créateurs, à la sensibilité accrues, à la vulnérabilité transparente et à la volonté malléable s'abandonnent à de vils instincts nous offrant des œuvres dont le résultat, le plus souvent, manquant d'âmes et de personnalité, se désagrègent dans une
L'art n'est grand que lorsqu'il s'affirme loin de ces codes qui régissent une certaine vision marchande abusive. Sans cet aspect exagérément commerciale, il s'épanouis, en effet, plus pleinement.
Pourquoi un tel préambule? Parce qu'après trois expériences infructueuse dans le microcosme du Heavy
Metal traditionnelle,
Grave Digger abandonne ses espoirs de grandeur dans cet univers créatif où, semble-t-il, la renommé n'est qu'un principe honorifique abstrait et la richesse concrète qu'une illusion de plus. Chris Boltendhal et les siens décident donc de revoir leur positionnement musical. Pour se faire ils sortent un album de
Hard Rock aux relents Heavy,
Stronger than Ever, sur lequel Chris Boltendahl abandonne sa voix la plus spécifiquement rocailleuse au profit d'une voix claire quelconque, sur lequel le groupe a aseptisé sa musique, pour lequel il s'est rebaptisé
Digger et pour lequel, enfin, il a usé d'une pochette ridiculement caricaturale sur laquelle on peut apercevoir un canard androïde se glorifiant de ces rouages musculaires. Ce revirement aura des conséquence catastrophiques puisqu'en dehors de ne pas avoir eu l'effet escomptés, il enferme davantage encore
Grave Digger, ou plutôt
Digger, dans une indifférence plus profonde encore. Après cette parenthèse, après ce dernier soupir du mourant, après cet ultime spasme de l'inexorable condamné, le groupe se tait définitivement en 1986.
Parfois ce qui semble définitif ne l'est pas réellement. Et c'est en 1993, 6 longues années après sa dernière expérience, que
Grave Digger renait de ces cendres et nous propose de redécouvrir son univers Heavy
Metal au son de ce
The Reaper. Cependant parler de résurrection et de redécouverte est, selon la partialité de votre humble serviteur, une erreur tant cet album ressemble davantage à une naissance et à une découverte.
Car, en effet, d'emblée cet œuvre s'inscrit dans une expression assez inédite de la part de ces saxons.
Plus exaltés et enthousiastes qu'il ne le furent autrefois, qu'ils ne le furent jamais d'ailleurs, Chris Boltendahl et ses comparses nous propose de nous égarer en une musique vive, emportée et agressive plus proche désormais du Heavy Speed
Metal que du Heavy
Metal traditionnellement saxons aux aspirations, parfois, véloce.
Toutefois ce regain pugnace, cette âpreté nouvelle et cette rapidité prégnante n'augure pas nécessairement d'une réussite eu égard au défauts récurrents du passé de ce groupe. Alors qu'en est-il de ces défauts rédhibitoires qui autrefois, à chaque fois, sont venus anéantir les desseins du groupe?
Evoquons déjà la production qui est, enfin, digne de ce genre de propos et qui sublime, enfin, la hargne maitrisé contenu dans les vociférations écorchées de Chris Boltendahl. Ce traitement sonore, laissant à chaque instrument l'espace qui lui est du, transcende cet opus.
Parlons ensuite de ces fautes de gouts, récurrentes elles aussi, qui sur
The Reaper ont désormais disparues. Ainsi ici point de ballades dispensables et pénibles, point de reprises superflu et embarrassantes.
De plus les morceaux de ce nouveau manifeste sont, enfin, efficace et inspiré, incisifs et réussi. Et le travail mélodique, notamment sur les refrains, est désormais de grande qualité. Autant de bouleversements dont le pourquoi ne saurait trouver toutes ces réponses dans nos réflexions mais dont, semble-t-il, on peut en trouver quelques unes dans ce changement de line up. Ainsi disons que Uwe Lulis à la guitare (déjà présent au sein de
Digger), que Tomi Gottlich à la basse et que l'inusable Jorg Michaels à la batterie détiennent quelques unes des explications de ces modifications, mais détiennent surtout les fondements de la réussite d'une telle démarche et d'un tel album. Car cette album est véritable une réussite.
Pour étayer l'argument subjectif de ce triomphe artistique, parlons donc des titres tels que les prompts, et non moins excellents,
The Reaper et son cri introductif remarquable précédant une chevauché épique aux refrains superbes, parlons du magnifique Ride On, du délectable Play your Game (
And Kill) mais aussi, par exemple, du mémorable
Ruler Mr. H. Citons, dans un registre plus posé dont le souci d'apporter des nuances indispensables pour ne pas ennuyer l'auditoire est d'une subtile intelligence, les bons Under my Flag, et , par exemple, un
Legion of the
Lost Part II, au climat délicieusement sombres, exhumé des premières
Démos et de
Heavy Metal Breakdown (1984) refait son apparition.
Notons, enfin, que les atmosphères soignées sont mise en exergue par deux pistes instrumentales horrifiques magnifiques. Tributes to Death et The Madness Continue. La première précède admirablement le déferlement
The Reaper et la second clôt définitivement l'album sur une noté délicieusement angoissante.
The Reaper est donc un excellent album de Heavy Speed
Metal teuton consacrant, enfin, le talent créatif de
Grave Digger.
Il faut croire que je suis aveugle.
Je "connais" ce groupe depuis mes débuts dans le Metal, et pourtant je n'ai écouté que deux titres, sortis sur des samplers Hard n Heavy je crois. À savoir Raven, et Rheingold (ou Valhalla, je ne sais plus), que j'avais bien aimé. Bien qu'à l'époque, je trouvais la voix bien rude. Mais ce refrain, "ta ta taaaa, to the midniiiight suuun", avec, sauf erreur de ma part, de l'orgue dans cette chanson... j'avais bien aimé.
Mais les années ont passé, et je ne me suis jamais penché sérieusement sur ce groupe. La fin d'un temps peut être ?
Merci pour la chronique.
PS : soit je n'ai rien pigé, soit il manque des mots à la fin de ton premier paragraphe ^^
Sinon,pour ce qui est d'un album à te conseiller, de toute façon, pour moi, de ce Reaper au Excalibur (inclus) tout est bon. Après ca se gâte un peu.
Après un décévant "Stronger than ever", Grave Digger revient en force avec ce " The Reaper ".
16/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire