Après deux albums à l'intérêt artistique indéniablement discutable et aux imperfections trop nombreuses pour réellement convaincre, les Saxons de
Grave Digger, en une ultime tentative dévolue à un Heavy
Metal traditionnel germain aux aspirations parfois véloces, nous proposent de découvrir, en cette année 1985, leur troisième méfait intitulé
War Games.
D'emblée, il nous faudra faire le désagréable constat de ces causes défaillantes qui produisent, bien évidemment, les mêmes conséquences. Ainsi toujours encore insuffisante à exhausser chacune des spécificités de ce Heavy
Metal à l'origine indéniablement allemande et aux accointances parfois Speed, la production de ce nouvel effort est juste incroyablement insuffisante. De telle sorte qu'on ne saurait dire, tout à fait, si ce nouveau plaidoyer bénéficie d'un traitement de faveur par rapport à ses prédécesseurs, eux aussi, indigents.
Il nous faudra ensuite dire que nombre de ces titres manquent d'efficacité, ou, peut-être, d'un concept fort leur permettant de s'extraire de ce dédale traditionaliste dans lequel ils s'égarent. Sans exceller, les bons Keep on Rockin, Let your Heads Roll, ou encore, par exemple,
Paradise gardent une certaine tenue. Un satisfecit précaire dont le moindre écart, même infime, pourrait faire basculer ces morceaux du rang d'acceptables à celui d'ennuyeux.
Si
Grave Digger nous épargne ici l'écueil de la reprise dispensable, il ne nous épargnera pas celui de la ballade inutile. À l'évidence le groupe s'entête à persister dans un exercice dont il ne maîtrise pas vraiment l'expression. De telle sorte que le gauche et caricatural Love is Breaking my
Heart, dans lequel Chris Boltendahl s'évertue vainement à distiller une émotion aux travers d'une voix claire maladroite, apparaît comme un égarement embarrassant.
Toutefois, malgré les défauts évoqués et outre les qualités récurrentes de ce groupe telles que, par exemple, la voix si délicieusement distinctive, éraillée et rocailleuse, de ce vocaliste, il y a bel et bien sur ce nouveau manifeste quelques évolutions notoires nous permettant d'espérer, à terme, quelques fortunes plus heureuses pour ces teutons.
Il y a, principalement, ces quelques progrès accomplis à la fois dans les structures et dans le travail mélodique de certaines de ces pistes. Un mieux qui n'est pas toujours nécessairement flagrant, mais qui est désormais tel que l'on peut entrevoir, parfois succinctement mais très distinctement, l'identité caractéristique future de
Grave Digger. S'émancipant aussi quelque peu de ses influences les plus évidentes, la formation nous offre, au cœur d'un ensemble parfois convenu à l'équilibre précaire, quelques moments attachants. Tant et si bien que certains de ces titres tels qu'
Heaven Can Wait, l'excellent, et prompt,
Fire in your
Eyes, (
Enola Gay) Drop the Bomb, ou encore, par exemple,
Fallout nous rassurent quant au potentiel de ce collectif.
The End clôt l'album sur un instrumental au climat horrifique délicieux mais pas nécessairement en adéquation avec l'atmosphère instaurée jusqu'alors par cette œuvre.
Il y a aussi, ici, une tendance moins affirmée dans l'exécution de morceaux invariablement rapides. Il règne, en effet, en ce
War Games, une certaine nuance qui ne bouleversera pas les habitudes profondes de
Grave Digger mais qui est suffisamment salutaire et notoire pour être signalée.
Une fois encore,
Grave Digger nous offre donc un album où le bon côtoie le convenu, où la curiosité laisse souvent place à un enthousiasme minimum de rigueur et où l'exaltation ne nous étreint qu'en de trop rares occasions.
Un album déja supérieur aux deux premiers, sans crier au génie.
J'aime bien les riffs de "Let your heads roll" et de "Paradise"
16/20
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