Ils nous avaient pourtant fait la promesse solennelle de ne plus se laisser emprisonner dans les affres conceptuelles de fresques historico-artistico-fantasmatiqu. Ils nous avaient jurés, grisés par cette liberté nouvelle qui fut la leur sur un
The Grave Digger (2001) aux parfums légèrement plus nuancés que ces prédécesseurs, que, jamais ô grand jamais, ils ne se laisseraient plus charmer par les sirènes tentatrices de l'élaboration de tableaux épiques et ancestraux. Et ce même si, la trilogie médiévale dont ils furent les auteurs (The Middle
Ages Trilogy regroupant
Tunes of War (1996),
Knights of the Cross (1998) et
Excalibur (1999)) dans laquelle il dépeignirent certains conflits moyenâgeux (tels que notamment les épisodes britanniques dans lesquels s'illustrèrent William Wallace, Robert Bruce et Andrew Morray, mais aussi ceux où prirent place les Templiers ou encore les chevaliers de la table ronde) marqua la quintessence de la créativité des saxons de
Grave Digger.
C'est donc non sans un certain étonnement que nous découvrons, en cette année 2003, le nouvel effort de Chris Boltendahl et de ses acolytes, intitulé
Rheingold. Ce nouvel opus est une libre interprétation d'un opéra, Der Ring des Nibelungen, dont Das
Rheingold est un des préludes, que Richard Wagner écrivit inspiré par la mythologie germanique et nordique, et notamment par un poème moyenâgeux allemand, Nibelungenlied.
Si l'univers artistique des germains semble se réorienter vers une vision plus passéiste de sa créativité, sa musique est, elle aussi, moins inspiré par ces récentes tentatives (
The Grave Digger (2001)) et prends davantage en exemple le temps bénie de la trilogie déjà évoquée. Le résultat, malheureusement, ne parviendra pas à nous séduire autant que le triptyque originel. Ce
Rheingold, malgré des qualités indéniables, manque, en effet, de nuances, d'un ou deux titres forts et sans doute, un peu, de convictions pour véritablement atteindre son but.
Néanmoins, soyons honnêtes aussi, ce nouvel opus, fort de ce Heavy Speed
Metal typiquement germanique et âpre, aux voix délicieusement rugueuses, recèle de suffisamment de bons moments pour en faire un disque tout à fait acceptable, à défaut d'être remarquable. Et ce n'est certainement pas des titres tels que les bons et vifs
Rheingold et Maidens of
War (dont certaines respirations nous rappellent subrepticement Monks of
War de l'album
Knights of the Cross (1998)), aux refrains et aux breaks intéressants, ou encore tels que, par exemple,
Liar qui viendront ternir cette relative bonne impression.
Pas plus d'ailleurs que les attachants Murderer ou
Twilight of the Gods.
Mais il manque indéniablement un supplément d'âme à ce disque. Un peu de cette magie supplémentaire qui aurait, sans aucun doute, permis de séduire davantage.
Au-delà de ces infimes carences, il y a aussi ces excès minimes. On aurait, en effet, voulut, parfois, au cœur de ce
Rheingold, un peu moins de systématisme (notamment dans certaines parties batterie qui mériteraient aux doubles grosses-caisses méthodiques).
La réussite d'une œuvre tient, parfois, à peu de chose et le moindre détail peut rompre un équilibre qui s'annonçait pourtant prometteur.
Quoi qu'il en soit,
Rheingold n'est donc pas l'œuvre la plus aboutis de
Grave Digger. Elle nous propose, cependant, suffisamment d'atouts pour faire naître un plaisir tout à fait légitime à son écoute.
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