Lorsqu'une insatiable avidité volontairement mû par le désir de conquérir un auditoire toujours plus grand se mêlent à ce que l'art à de plus pur, les décisions prises par les créatifs, et notamment par les musiciens, perdent alors, parfois, de ce discernement nécessaire à l'intégrité. Sacrifiant souvent ces idéaux les plus sains au profit d'une efficacité plus amène, l'artiste abandonne alors sa pensé originelle ainsi dévoyé en des œuvres desquelles les adeptes initiaux se détournent légitimement. Les exemples illustrant l'échec de ces changements nés de cette volonté de séduire plus largement, que beaucoup considèrent au mieux comme un pervertissement de l'esprit fondateur d'un groupe et au pire comme une trahison, sont nombreux. Le plus notoire demeure celui des allemands d'
Accept auxquelles il ne fallut que deux albums pour faire taire une légende mythique qui forgea pourtant le socle de toute la musique Heavy, et par extension
Power, saxonne. En effet sans
Accept pas de
Helloween. Sans
Helloween pas de
Edguy.
Mais revenons donc sur ce passé honteux en évoquant, une fois encore, le sujet du délit. Parlons donc, succinctement, d'un Russian Roullette (1986) bien trop mélodique qui fut celui qui scella la scission entre
Accept et son chanteur emblématique à la voix si délicieusement particulière, Udo
Dirkschneider. Parlons ensuite de son remplacement par David
Reece et de ce
Eat the Heat (1989) aux relents
Hard Rock qui, s'il demeure un album aux vertus évidentes, est bien trop éloigné de ce caractère âpre, rugueux et viril que les allemands se bâtirent fort de quelques albums remarquables (
Restless and Wild (1982),
Balls to the Walls (1984),
Metal Heart (1985)...).
Le choix de sortir, à ce moment là, un album live (
Staying a Life (1990)), dans lequel on peut entendre Udo chanter, désavouant ainsi David
Reece, fut dévastateur. Il sonna le glas d'une formation mythique qui dans l'embarras né de l'opprobre jeté sur lui, finis par se taire.
Mais les légendes ne meurent jamais tout à fait vraiment et l'excellence de cet enregistrement live, témoignages vibrant de l'amour du public japonais pour ces teutons, fit renaitre plus largement la nostalgie d'un auditoire insatiable de ces moments révolus. Il n'en fallut pas davantage pour convaincre Stefan Kaufmann,
Wolf Hoffmann, Peter Baltes et surtout Udo
Dirkschneider de redonner vie à
Accept. Et en cette année 1993,
Objection Overruled va venir concrétiser tout les espoirs né de cette renaissance.
Concernant ce nouvel effort, ce qu'il convient d'évoquer en premier lieu est qu'il défend une expression artistique plus agressive qu'elle ne fut sur les dernières sorties récentes de la formation. Sans pour autant désavoué ce passé mélodique proche, dont il garde encore quelques traces en incluant à son Heavy
Metal belliqueux quelques tournures
Hard Rock, il nous propose de découvrir une œuvre plus en accord avec son passé.
Malheureusement le résultat est loin d'être pleinement convaincant. Alors que certains titres sont plaisants (
Objection Overruled,
I Don't Wanna Be Like You, Protection of Terror,
Slaves to the
Metal, Bulletproof...), l'ensemble nous présente un groupe se complaisant bien trop souvent dans l'exercice facile consistant à s'exprimer précisément sur ces caractéristiques les plus connus. Sur ce
Objection Overruled,
Accept reproduit donc le plus fidèlement possible
Accept sans prise de risque artistique, ou si peu.
Et lorsque le groupe ose enfin s'éloigner de sa personnalité la plus conformiste, il nous offre le triste spectacle de morceau
Hard Rock assez décevant (
All or Nothing, Donation). Amamos la Vida constitue même le summum de ce consternant constat. Cette ballade fade est, en effet, assez dispensable.
Il est regrettable de noter que lorsque le groupe s'essaie à un travail mélodique plus raffiné, il s'égare. De plus si l'aspect harmonieux des titres moins rugueux est peu convaincant, il ne l'est guères davantage sur les morceaux plus virulents. En effet, le groupe s'évertue, sur ces chansons les plus emportés, à produire des refrains d'une simplicité pénible dans lesquelles les chœurs se contentent de scander avec vigueur. Le procédé est connu et n'est pas condamnable pour peu que le groupe qui en use n'en abuse pas. Ce que
Accept ne parviendra pas à faire ici.
Objection Overruled est donc un album quittant bien trop peu les sentiers battus par
Accept lui même, pour réellement nous séduire. Et qui, de surcroit, lorsqu'il s'y emploie, le fait de manière si maladroite qu'il finis même par nous décevoir.
Udo est de retour, ça s'entend, mais surtout, ça fait du bien. En effet, on retrouve avec cet album l'Accept que l'on aime. Cette galette est un excellent mélange de morceaux plutot hard, avec d'autres plus heavy. Le tout coupé par une belle ballade. Cet album comporte quelques uns de mes morceaux préférés de toute leur discographie: "I don't wanna be like you", " Protectors of terror", "Bulletproof" et "Donation". Il rentre sans discussions dans le Top 5 de la discographie.
19/20
J'ai souvent critiqué cet album dont, en tant que fan d'Accept depuis 1982, j'attendais beaucoup à l'époque et qui m'avait assez déçu quand je l'avais découvert après achat quelques jours après sa sortie. Face à l'enthousiasme de mon ami Zaz pour cette oeuvre, je l'ai réécoutée en ce début novembre 2024 avec plus de 30 ans de recul. Alors oui, il y a des morceaux que je trouve bons comme "Protectors of Terror", "Slaves to Metal", "Bulletproof", "Seek, Dirty and Mean" et à la rigueur "This One's for You". Le reste n'est pas forcément inécoutable d'ailleurs, mais ce qui me dérange toujours par rapport aux classiques sortis quelques années auparavant, c'est le manque de fièvre de cet "Objection Overruled". On sent que le groupe a voulu ne pas dépayser ses fans, chose tout à fait louable, , il y a réussi niveau style mais cela manque d'énergie, de rage et de spontanéité, c'est mon ressenti en tout cas.
"Objection Overruled" n'est en aucun cas un mauvais disque, il ne fait pas mauvaise figure dans la discographie d'Accept mais contrairement à angus107 (et Zaz je suppose), il n'entre pas dans mon top 5 du groupe.
L'album d'Accept que je trouve sous-estimé, c'est "Death Row", mais là c'est un autre débat ...
Et bien moi, à part quelques morceaux, je n'aime pas "Death Row". Comme quoi les gouts et les couleurs... Mais comme tu dis, c'est un autre débat.Bien à toi
Comme je l'ai expliqué à Christian il y a qq temps sur le mur, "Objection Overruled" fut un de mes premiers Accept, j'avais 17 ans en '93; je ne suis donc pas forcément objectif; mais malgré tout, trente ans plus tard, je l'écoute encore avec le même bonheur. Top 5 ? Bah non, car difficile de surpasser 1- Balls 2- Restless 3- Breaker 4- Metal Heart (choix difficile entre ces deux-là) et 5- Russian Roulette. Mais clairement, il arrive pour moi juste derrière, devant la période Tornillo - fidélité au nain hurlant aha. Quant à "Death Row" et "Predator", je ne les ai toujours pas régularisés car je les trouve comme angus107 très inégaux et bien trop longs (15 titres sur "Death Row", la purge, même si les deux instrumentaux sont super, qu'est-ce qu'ils foutent ici ?) Je suis bien rentré dans l'autre débat aha !
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