Accept, groupe créé sous le nom de nom de Band Xen 1968, commence réellement sa carrière en
1980 avec la sortie de son premier album,
Lady You. très rapidement suivi de
I'm a Rebel en 1981. Alors que le groupe est encore très influencé hard rock, l'année suivante verra débouler
Breaker, avec une volonté de rendre leur musique plus tranchante. Mais c'est en 1983, année charnière de leur carrière, que le combo va réellement prendre son envol, en proposant un nouvel album, totalement forgé dans l'acier le plus dur :
Restless and Wild,
Le 1er titre, Fast as a Shark, lance les hostilités. Une voix féminine, sur fond de musique folklorique se fait entendre ; qu'est-ce qu'il se passe ?
Pas le temps de tergiverser, dans les secondes qui suivent le cri d'Udo se fait entendre, et lance la chanson à un rythme effréné. Souvent considérée comme l'une des premières musiques à utiliser la double grosse caisse, à tort, car
Judas Priest en avait déjà tiré profit avec
Exciter en 1978 et Motörhead sur
Overkill en 1979, mais il est vrai, jamais à une telle vitesse. Pourquoi autant de fureur ? Le batteur Stefan Kaufmann désirait mettre sa force de frappe au service du groupe, pour créer un titre à la fureur inégalée. Suite au second refrain, un break arrive, nous permettant à peine de reprendre notre respiration, que les guitares repartent de plus belle, avec un magnifique solo, mélodique, en contraste total avec le reste. 3min49 plus tard, Fast as a Shark se termine. Un véritable ouragan de décibels vient d'emporter mes oreilles : le speed métal était né.
Vont alors s'enchaîner huit titres (je reviendrai au dernier plus tard) ayant chacun leur propre personnalité. Aucun temps mort durant la première partie de cet album.
Restless and Wild, suivi de Ahead of the Pack et Shake Your
Head donnent le ton, avec des riffs en acier trempé, bons à vous briser quelques cervicales, et une rythmique toujours là pour bétonner les compositions. Le cinquième titre, Neon Nights, vient amener un peu de douceur dans ce monde de brute. Pourtant, passé une mélodieuse introduction, le métal reprend ses droits, et les musiciens balancent un mid-tempo ravageur, avec une basse omniprésente et des guitares affûtées, notamment sur le magnifique solo du père Hoffmann, aux influences classiques évidentes. Quant à son final épique, que de frustration de voir le volume sonore petit à petit diminuer, alors que chaque organe du groupe repartait pour en découdre. Je vous conseille d'ailleurs d'en écouter la version qui figure sur le live
Staying a Life, et qui fait justement honneur à ce final, en le prolongeant de quelques précieuses minutes. La première face se termine (je me base sur la version vinyle). Abasourdi par tant de métal à l'état pur, je m'empresse de passer à la face deux.
Plus hétérogène à mon goût (ce qui ne veut pas dire mauvais pour autant), les influences hard rock d'
Accept sont encore présentes, à travers les deux titres que sont Get Ready et Don't Go Stealing My Soul Away. Le second est très jouissif, notamment grâce à son refrain entraînant et son riff principal. Il ne constitue pas, contrairement à ce que beaucoup disent, le point faible de ce disque. En même temps, y a-t-il vraiment un point faible sur cet album ? En total contraste sur cette face, figure l'ultra-sombre
Demon's Night, au riff lourd et plombant, rappelant par moments un certain
Black Sabbath. Pourtant, le titre s'écoute avec plaisir, et fait autant secoué la tête, notamment grâce à un jeu de batterie très plaisant, alternant le massacre en règle de la caisse claire, les roulements et la double pédale. En neuvième position, déboule Flash Rockin' Man. Pour la petite histoire, beaucoup prétendent qu'Iron Maiden aurait copié le riff d'intro de la chanson, pour son titre 2 Minuts to Midnight l'année suivante. Pourtant, on constate également une ressemblance avec le riff de
Swords and Tequila de
Riot, paru en 1981. Alors, qui imite qui ? En attendant, la chanson, continue sur la ligne de conduite de cet album, métalleuse à souhait, où Udo s'arrache les cordes vocales sur le pré-refrain.
Un petit point sur les musiciens, qui ont clairement voulu donner un coup de pied dans la fourmilière naissante du métal, dont les têtes de file n'étaient autres que Iron Maiden et
Judas Priest (encore eux). Alors qu'Udo s'était permis quelques envolées criardes sur l'album précédent, il n'avait encore jamais atteint un tel niveau de hargne. Sa voix rauque, mais qui sait se faire plus mélodieuse, est à part dans notre paysage musical, et surtout en cette première partie des années
1980. La section rythmique, assurée par Peter Balls et Stefan Kaufmann est impériale, le premier assurant toujours les arrières, avec des lignes de basse à secouer la tête non stop, tandis que le second ne cesse de nous démontrer la haine qu'il porte envers son propre instrument, n'arrêtant jamais de massacrer sa batterie sous les coups répétés de ses baguettes, malgré quelques accalmies, simples mais efficaces (Neon
Night et Princess of
The Dawn). La guitare rythmique est correctement tenu par Hermann Franck Jr., mais c'est surtout le grand
Wolf Hoffmann qui nous éclabousse de tout son talent et de toute sa grâce. Ses riffs sont forgés dans le métal le plus pur, et ses soli se révèlent de vrais bijoux mélodiques, comme sur Shake Your
Head, où quelques notes suffisent à provoquer le frisson, mais surtout sur Neon Nights, où les émotions se mélangent, de la tristesse à la joie, via la grâce qu'il possède à tenir sa guitare.
Drôle de construction, que cette chronique. Pourquoi abordé le dernier morceau de l'album maintenant ? Tout simplement parce que cet ultime titre, est la symbiose parfaite des différents éléments cités précédemment. 6Min16 qui vont faire rentrer un groupe parmi les plus grands. Un seul titre qui pourrait résumer toute une carrière. Il s'agit évidemment du magistral Princess of the
Dawn. Ce morceau, révélateur de l'état extatique dans lequel se trouvait le groupe, commence par un riff simple, mais ô combien efficace et entêtant. Udo démontre son talent à varier le ton de sa voix, et adopte un style plus sensuel, adapté à des paroles des plus explicites « You can feel the shadow of a princess, she waits for you inside » , avant de s'érailler sur chaque refrain. Après cette première partie, le chanson prend un virage à 90° et s'envole vers des contrées épique. L'intensité grimpe au fil des secondes, grâce à ces guitares et ces chœurs somptueux. Puis, arrive le solo de guitare qui va faire rentrer ce titre dans la légende. Dieu existe-t-il ? On peut légitimement se poser la question. Comment un simple mortel a pu composer un tel passage de guitare, à la fois gracieux et magnifique, mais aussi technique et virtuose ?
Wolf Hoffmann est indéniablement touché par une force divine. Puis les guitares se montrent à nouveau agressives, avant de nous achever dans un dernier acte magistral, mélodieux et rempli de poésie. Cette Princesse restera à tout jamais gravée dans nos cœurs.
43Min52 et dix titres plus tard,
Accept venait d'accomplir un travail titanesque, annonçant avec fracas l'arrivée d'un nouveau métal. Le groupe se hissait désormais aux niveau de ces modèles, en apportant ses propres ingrédients. En 1983, le groupe venait d'inscrire son album
Restless and Wild au panthéon du heavy métal.
Qu'en reste-t-il aujourd'hui, presque 30 ans plus tard ? Une production qui n'a quasiment pas vieilli, et un plaisir d'écoute toujours présent, aussi bien pour l'ancienne que pour la nouvelle génération.
@Samolice : En effet j'ai oublié d'évoquer la polémique autour de Heidi, Haido, Haida. Oui la chanson a été utilisée par la Wehrmacht durant la guerre dans les pays occupés. Mais pour sa défense, le groupe a bien précisé que cette chanson provenait du folklore allemand, et Udo a justement précisé que sa mère la lui chantait étant plus jeune. C'est pour ça que je me suis permis de parler de folklore.
@Yann.77 : Oui le premier album est bien de 1979, et se nomme Accept mais je l'ai souvent vu être nommé "Lady You", sur wikipédia et des sites d'achat, bien que ce soit l'une des chanson de l'album.
Ensuite je tiens à m'excuser des erreurs sur les dates (un comble pour un étudiant en histoire ^^).
Sur mon vinyle figure la date de 1983, alors que l'album date bien de 1982 (sûrement une réédition). Après il vous suffit juste de regarder sur le site pour corriger ces erreurs de dates.
Fast as a Shark, sans doute le titre le plus speed que j'avais jamais entendu à l'époque… avant que Kill'em All ne vienne tout révolutionner quelques mois plus tard! Mon album préféré d'Accept (même si je ne connais pas leur période post-80s, mais d'après ce que j'en ai entendu, tout avait été dit dès 1985).
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