- « Bonjour Monsieur Samolice. Votre mission, si vous l'
Accept-ez, sera de chroniquer un album qui divise souvent les metalheads, «
Russian Roulette ». Si vous ou votre texte étiez reçu à coups de cailloux, tomates ou insultes, le Département d'État de SOM nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Ce document s'autodétruira dans les cinq secondes. Bonne chance Samolice ! »
- 5 - 4 - 3 - 2 - 1
- « ??? Ben y s’ passe rien ? »
Ben non il ne se passe rien, vous vous attendiez à quoi ?
Récemment sur SOM, j'ai vanté les mérites (relatifs) du premier album de
Powergod, « Evilution ». A tort ou à raison, peu importe, j’y entendais parfois l’influence d’
Accept. Et je vous le donne en mille ? Ca m’a filé une irrésistible envie de faire tourner du petit-teuton-en-treillis (et en boucle) sur la platine. Tant qu'à faire, je me suis décidé pour cet album qui prête souvent à discussion entre les fans du combo. Et là, premier constat : désolé
Powergod, mais y'a pas photo !
En cette fin d’année 1985, les Allemands sont désormais bien plus qu’
Accept-és en Europe, ils sont au sommet, et ce grâce à une triplette imparable : «
Restless &
Wild », «
Balls to the Wall », «
Metal Heart ». Pour débouler à fond les ballons, armé d'un nouvel album, sur une importante tournée américaine,
Accept s’y remet au plus vite, entre octobre 85 et janvier 86. Ce qui ne va pas aller sans poser quelques problèmes. Le groupe aurait-il oublié de faire la vidange du panzer ?
Sur une idée de Deaffy (alias Gaby Hauke), manager, parolière du groupe, épouse de
Wolf Hoffmann et accessoirement, semble-t-il, casse-burnes attitrée d'Udo, la pochette présente nos amis germaniques posant en costumes militaires d'époque. On y voit Kaufmann tendre une arme à Udo. Prémonitoire quand on sait qu'Udo quittera le groupe peu de temps après la sortie du disque. Et ironique quand on sait que ce même Kaufmann sera le seul à rejoindre
UDO dans son aventure solo, certes dix ans plus tard mais il le rejoindra quand même.
Ce qui a fait d'
Accept un combo emblématique du heavy allemand, et du heavy tout court, est bien présent : tempi variés, chœurs surpuissants soutenant des refrains entrainants - ça fait beaucoup de "ant" - et soli somptueux de Hoffmann. Arch sooo, Hoffmann ! Ce disque présente ce que je considère être la meilleure performance de la carrière du loup. L'intro de "
Heaven Is Hell" qu’il déchire d’un lick magnifique me hisse les poils, les soli de "TV war", "
Russian Roulette", "Another second to be", ou encore celui, juste divin, de "Stand tight", sont d'une mélodicité rare dans notre bon vieux heavy métal. Un tueur. A la sortie du disque, Mad Scott écrit dans Enfer Mag : «
Wolf Hoffmann a fait des progrès assez extraordinaires. S'il n'est pas encore un génie du manche, il sait quand même lui transmettre les mouvements de son âme et c'est parfois beau à en pleurer ». Un peu abusé lorsque l’on écoute les albums précédents, le solo de "Fast as a shark" par exemple, mais pas totalement dénué de sens.
D’emblée, "TV war", speedé (presque) comme aux plus beaux jours du morceau cité ci-dessus, "Monsterman" et "
Russian Roulette" nous laissent espérer le meilleur album jamais pondu par le groupe.
Accept-ons en l’augure avec délectation … pour déchanter rapidement. Quand même, quel pu-ain de refrain sur "
Russian Roulette" ! Le "war games" scandé à de nombreuses reprises devait d'ailleurs donner son nom à l'album mais la maison de disques trouvait cela trop agressif. Etonnant quand on pense que, trois ans auparavant, un film du même nom avait cartonné au box office américain sans que son titre n’ait semblé poser le moindre problème. Passons.
Après ce départ en boulet de canon, m’est avis que la roulette russe a rendu son verdict, place aux montagnes russes, avec des titres néanmoins toujours d’un niveau
Accept-able. Le haut avec les maousse-costauds "Aiming high" – un Top
Ten de la carrière du groupe à mon sens - et "Another second to be", aux riffs galopants et aux refrains que nous avons tous déjà hurlé à pleins poumons (“Aiming high, Aiming high/ What a fight to get it right/ For a minute of delight), ou encore le plus nuancé "Stand tight", dont l’intro à l’ambiance proche d’un défilé militaire, le chant d’Udo qui module parfaitement voix susurrée et hurlements éraillés, et un solo déjà évoqué, suavent, pardon sauvent - c’est moche la dyslexie -, un refrain un peu pataud.
Le bas (relatif) avec "It's hard to find a way", pseudo ballade pas désagréable mais plutôt convenue, loin du niveau atteint précédemment sur "
Winter dream", "Neon nights" (certes plus mid-tempo) ou "The king", un "
Heaven Is Hell", réquisitoire anti-religion, intéressant mais un peu longuet, et d’une manière générale les mid-tempi.
Mon principal reproche pour ces derniers ? Le chant d’Udo, bien moins rageur que sur les opus antérieurs, même sur le "dit-commercial" «
Metal Heart ». Si vous écoutez à la suite les versions vinyles de ces deux albums, le contraste est saisissant. Il nous l’ont perfusé à la tisane le
UDO ? Il a mangé trop de gâteaux de chez Ikéa ? Quoi qu’il en soit, le résultat est là, il (me) manque ce supplément d’agressivité sur des compos telles que "Man enough to cry", "Walk in the shadows", ou "
Heaven Is Hell" (je n’ai pas dit que ces titres sont mauvais pour autant).
Dierks occupé avec
Twisted Sister,
Accept s’enferme aux Pulheim studio … de Dierks, avec Frau … Dierks, maman de l’autre et machine-à-café-sur-pattes officielle du groupe pendant l’enregistrement, et les co-producteurs Wagener et Dodson. Wagener, celui là même qui avait fondé Band X avec Udo à la fin des années 60, avant de finalement devenir le producteur à succès que nous connaissons tous. Pourtant, tout ne s’est apparemment pas bien passé en studio. Il est à noter par exemple que seul Dodson est chaleureusement remercié dans les crédits de l’album. Malgré les dépenses déjà engagées, le groupe - ou
Wolf uniquement ? - décide de mixer l’album une seconde fois.
Le premier mix était-il trop agressif pour le marché US ? Non si l’on en croit Hoffmann : « Nous avons voulu faire un disque moins direct, avec
Metal Heart. Pour être tout-à-fait honnête, je crois que nous pensions que les Américains recevraient mieux un album plus doux que Balls. Nous avons donc essayé, mais le résultat ne nous a pas comblés. Alors, nous sommes revenus à ce que nous ressentons réellement. [...] » (Enfer Magazine, 35). A contrario, mon opinion, et je la partage, pencherait plutôt vers le « oui ». Si vous avez suivi, j’ai expliqué pourquoi il y a quelques lignes (pour les dissipés, cf. chapitre 2, paragraphe 4, alinéa 6, ligne 12). Bref, je préfère nettement la production, ou tout au moins les choix faits pour le mix des vocaux, des trois opus précédents.
A la même époque,
Saxon, de «
Crusader » à «
Destiny », ou
Judas Priest («
Turbo ») iront également, avec des fortunes diverses, chercher le succès outre-Atlantique. Cette volonté affirmée de séduire les states ne fonctionnera pas vraiment pour
Accept (114ème place au Billboard, caca). L'Angleterre restera également plutôt hermétique (80ème au UK Albums Chart, re-caca). En revanche, le reste de l’Europe sera séduit. Le départ d’Udo marque ce qui se révèlera avec le temps comme un terrible coup d’arrêt. Il n’y a que récemment que le groupe lui a trouvé un digne successeur en la personne de Mark "la tornade" Tornillo.
Il est tout de même un domaine où ce disque restera à jamais dans mon cœur. «
Russian Roulette » a en effet eu le privilège d’être l’un des premiers albums aux US à se voir accoler un sticker d’avertissement par ces pimbêches du PMRC (Parents Music Resource Center), menées par Tipper
Gore - avec un nom pareil, elle me fout déjà la trouille -. Etre, dés l’origine, dans le viseur de cette bande de saintes-nitouches, la classe non ?
La première compo de mon ancien groupe était d'ailleurs honteusement pompé sur le riff d'Aiming High, la même attaque (pas facile à tenir) avec des légers changements d'accords. Du très grand Accept avant la chute.
Swit, je te conseille également les nouveaux Accept, excellents, et surtout "Objection Overruled" qui est terrible !
J'ignore encore pourquoi je ne possédais pas encore en CD ce formidable album, qui pour moi se classe sur le même pied déstalle que Metal Heart.
Merci encore Sam pour cette excellente chronique qui m'a permis de redécouvrir et acheter cet incontournable de la disco d'Accept.
« Nous avons voulu faire un disque moins direct, avec Metal Heart. Pour être tout-à-fait honnête, je crois que nous pensions que les Américains recevraient mieux un album plus doux que Balls. Nous avons donc essayé, mais le résultat ne nous a pas comblés. Alors, nous sommes revenus à ce que nous ressentons réellement. [...] Jamais compris ce que voulait dire Hoffmann... En quoi Metal Heart serait-il plus doux que balls ou Russian ? Peut-être à cause des deux excellentes chansons heavy FM que sont Midnight Mover & Sreaming for a love bite, mais rythmées et efficaces, bien plus en tous cas que la mièvre It's hard to find away ou l'insupportable Man enough to cry ! Je rejoins l'auteur sur ses remarques, si on enlèves ces deux titres ratés, ainsi que Heaven is Hell & Walking in the shadow, basées toutes deux sur le même mid tempo que Russian Roulette (renversante) ou Balls to the wall, donc déjà fait et magistralement avec ça, qu'on remplacera par un "Go back to Hell" "They want war" "Animal house" et "in the darkness" (mon dieu que le solo hoffmanien de cette dernière est déchirant) du "Animal House" d'UDO et nous tenions le joyaux ultime d'ACCEPT ! J'en pleure encore... Je suis en colère contre ce disque, qui commence sur les chapeaux de roue avec l'excellente TV War, le single hyper efficace "Monsterman" même si ils ont piqué une partie de la ryhtmique de "You've got another thing coming" du Priest. Russian Roulette (monstrueuse !), "Aiming High TROIS FOIS OUI dans le top ten du groupe, et enfin "Another second to be" une sorte de "Restless and wild" plus radiophonique et "Stand Tight" tout aussi belle, ces 6 là font partie du meilleur répertoire d'Accept. Regrets eternels...
L'album débute en fanfare avec la triplette: "TV War", "Monsterman" et "Russian Roulette" pour retomber par après en qualité. Une nouvelle pépite, "Heaven is Hell" en milieu d'album, font que c'est un bon album, mais de qualité inférieur à "Metal Heart".
17/20
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