Dernier album avec Udo
Dirkschneider,
Predator est la conclusion des albums de la reformation de 1993 - laquelle avait vu la naissance du très bon
Objection Overruled. Ensuite,
Accept avait pris la courageuse décision (mais foireuse selon d'autres) de tenter d'explorer d'autres horizons musicaux, ce que tout le monde a pu constater avec
Death Row. Si quelques canards de la presse
Metal se sont montrés élogieux à son sujet (on pensera à
Hard Force et
Dinosaur Rock), une partie des fans n'ont pas montré le même enthousiasme : où était passé le grand
Accept de
Metal Heart et
Balls to the Wall?
Question qui en pose indirectement une autre : un groupe qui a atteint les hauts sommets doit-il se cantonner par la suite à faire des copier/coller de ses plus grandes œuvres, risquant l'auto-parodie? Ça a marché pas trop mal avec certains groupes, mais ça a fini par être franchement gonflant pour d'autres (je vous laisse mettre vos propres groupes dans ces deux catégories, personnellement j'ai mon idée bien précise). C'est toujours une question sensible et épineuse pour le groupe qui a connu un grand règne.
Ça l'a été pour
Accept.
Je l'ai déjà dis dans ma chronique de
Death Row, la nouvelle mouture m'avait plu. Le sujet était maîtrisé, et le groupe avait su rester lui-même en exprimant autre chose. Certes, on n'était loin du niveau des albums majeurs (pour faire vite : de
Breaker à
Russian Roulette), mais est-ce si condamnable de ne pas rester éternellement au top?
Il n'en reste pas moins qu'il est difficile de chroniquer un disque comme celui-ci, même après 15 ans de recul : loin d'être linéaire, les expérimentations de ces messieurs Hoffmann et Baltes font lorgner
Predator dans pas mal de directions à la fois. Et dans ce carrefour, difficile de dénicher un fil conducteur pour vous donner une description générale. Le son varie dans des sphères multiples passant du Rock au Heavy lourd en revenant à du plus traditionnel. On notera que
Accept renoue ici avec une vieille tradition datant de
Breaker : sur certaines chansons, c'est Peter Baltes qui prend le micro (trois au total sur cet album-ci).
Pour débuter, on fera un saut dans le temps avec l'excellent premier titre :
Hard Attack. Ici, on revient à du plus mélodique - avec quelques influences AC/DC sur les bords- pour un titre Heavy Rock à souhait vraiment entraînant. S'ensuit
Crossroads, une chanson chantée en duo avec Peter Baltes (le bassiste). Toujours très mélodique, le titre reste dans la veine d'un
Hard Attack bien rythmé, mais enchaîne très naturellement (et avec brio) sur un très bon refrain au tempo ralenti.
Making me
Scream marque le premier changement de cap : si quelques belles envolées de guitare hispano-oriental accompagne la chanson de temps à autre, le ton général se montre déjà plus dur, l'ambiance plus sombre et oppressante. On alterne entre des passages mid-tempo et des passages atmosphériques qui se font mutuellement relief. La sauce prend bien, et on sent ici la volonté d'expérimenter du nouveau. Mais là où
Predator va nous rappeler les aventures "
Power /
Core" du skeud précédent, c'est en enchaînant brutalement avec le très dur Diggin' in the Dirt : gros riff heavy lourd tendance thrash, un chant éraillé et saccadé sur les couplets avant une montée en puissance pour le refrain. A ce stade de l'album, on a déjà un aperçu de ce que la suite nous réserve.
A l'instar de
Hard Attack et
Crossroads, Don't Give a Damn et Run
Through the
Night renouerons avec le bon Heavy
Metal classique d'
Accept, plus traditionnel et mélodique - alors que Crucified et Take out the Crime sonneront bien plus comme les titres les plus bruts de
Death Row.
Mais cet opus intègre également un autre aspect, c'est celui entrevu dans Making me
Scream ; des titres très atmosphériques. Comme le morceau éponyme
Predator et son ambiance lourde où on se sent parfois prédateur et parfois traqué. On aime ou on n'aime pas, et venant d'
Accept ça déroute c'est sûr ... mais prenez le temps de bien vous plonger dans l'ambiance, et vous verrez à quel point le titre est réussi. Avec sa voix rugueuse, Udo s'y montre très convaincant!
Quant aux trois chansons chantées par le bassiste, là encore, c'est loin d'être monolithique. Les deux titres qui précèdent
Predator sonnent très rock. Peter Baltes s'y défend plutôt bien, tantôt sur le rythmé Lay it
Down, tantôt sur le calme et ...atmosphérique It Ain't Over Yet (la transition sur
Predator est d'ailleurs foutrement bien balancée). Maintenant si on parle de
Primitive (par ailleurs le dernier titre de l'album), c'est heu... original. Avec sa rythmique limite disco, le chant bizarre de Peter et la guitare qui sonne par intermittence, on est ici assez loin de tout ce à quoi on avait entendu d'
Accept. Personnellement ça m'a amusé ; j'ai trouvé ça marrant même s'il n'y a vraiment pas de quoi crier au génie - reste qu'à mon avis, y'en a pas beaucoup qui vont apprécier.
On a appris par la suite que Udo avait refusé de chanter sur ces trois titres composés par Baltes et Hoffmann. Ces derniers ont décidé de les enregistrer malgré tout - à l'insu de
Herr Dirkschneider. Des faits qui créeront des tensions... qui elles-même amèneront les signes d'un malheureux futur split.
Pour finir, par son côté plus mélodique,
Predator se rapproche plus que
Death Row de ce que fut
Accept sur
Objection Overruled. Les nouvelles expérimentations y sont intéressantes et on y retrouve un feeling plus old-school. Si
Death Row me plaisait par son aspect brut, massif, technique et entraînant (sans cesser d'être soigné dans ses côtés "dark"),
Predator joue une carte un tantinet plus "Rock" et se mélange à des ambiances et sonorités très atmosphériques. Un 13/20 me paraît mérité : je le répète, on n'est pas au niveau des grandes œuvres passées, mais le talent est là et le tout est bien construit.
On jurerait qu' AC/DC s'est collé au Heavy-Metal sur "Heart Attack". Un peu comme sur le "Bad Habits" de Death Row
"Don't Give a Damn", "Crossroads" et surtout "Diggin'in the Dirt" envoient carrément le pâté. Par contre "Primitive" et "Lay It Down" là désolé, c'est au dessus de mes forces !
Un album pas mal dans l'ensemble, même si j'aurais vraiment aimé qu'Accept continue dans la lignée d'un "Death Row" vraiment monstrueux... m'enfin
Ta note de 12/20 est mérité
Merci Frankhammer pour la kro.
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