N’en déplaisent à tous les détracteurs les plus farouches de ce classicisme traditionnel typiquement germanique, duquel les artistes allemands aujourd’hui ne parviennent que trop peu à se défaire, la scène Heavy/Heavy Speed teutonne aura été, en quelque sorte, initiatrice d’une partie non-négligeable de la scène
Power actuel. Accordons nous même à dire qu’
Helloween, avec son diptyque Keeper Of The
Seven Keys, en fut le géniteur immédiat. Or si autrefois ce mouvement Heavy fut reconnu à son juste mérite, il n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir amusant sur lequel les adeptes de révolutions complexes, aux constructions musicales abstruses et ambitieuses, crachent un mépris dédaigneux et diverti. Pourtant avant
Edguy, il y eut
Helloween. Et avant
Helloween, il y eut
Accept.
Jusqu’au milieu des années 80, Udo
Dirkschneider et les siens, auront certainement écrit quelques unes des plus belles pages de l’histoire de la mouvance Heavy. Avec les albums
Balls to the Wall et
Metal Heart, dont les qualités sont indéniables, ils assoient même une renommée grandissante et se prennent alors à rêver à des horizons plus vastes et plus lointains. Ils veulent conquérir le monde. Et pour ce faire ils vont décider de s’attaquer au marché américain, lequel aura toujours farouchement résisté aux assauts culturels du vieux continent. Si des territoires comme l’Asie ou l’Europe se seront, en effet, toujours merveilleusement accommodé de cette âpreté musicale propre à certaines terres, le continent américains aura, quant à lui, toujours affiché sa préférence pour des musiques aux sonorités plus douces et plus chaleureuses. De nombreux groupes, contraint à s’acclimater à cette aseptisation, y dénatureront leur identité. Concernant
Accept, cette infidélité prendra d’abord la forme d’un relativement mélodique
Russian Roulette. Un album qui, bien que séduisant, sera quelque peu déroutant pour les disciples de la musique direct originel du groupe. Cette débâcle conduira à un échec provoquant le départ du chanteur emblématique du groupe, Udo
Dirkschneider. Pourtant le véritable revers artistique est encore à venir. En effet,
Eat the Heat sort en 1989. Et ce manifeste, offrande tout entière dévouée au marché des Etats-Unis, est une déception. De sa musicalité accrue, souligné par le timbre policé d’un David
Reece nouveau venu, de ses titres plus accessibles et de l’identité propre à ce groupe profondément absente de ce disque, naitra une immense consternation auprès des farouches partisans, jusqu’alors, acquis à la cause d’
Accept. S’en suivra alors une inévitable séparation.
Durant les années 90, bousculé par la formidable mutation d’un paysage culturel en pleine éclosion (Grunge, Neo…),
Accept tentera vainement, à plusieurs reprises, de revenir sur la scène dans sa formation originel avec des albums dont les expérimentations musicales maladroites ne seront pas des plus heureuses.
L’oubli, bercé subrepticement par la douce nostalgie de ceux qui se souviennent et qui daignent encore aller chercher sous une vieille couche de poussière certaines œuvres délaissées, semblaient donc le dernier voyage promis à
Accept.
Pourtant les légendes ne meurt jamais véritablement et c’est ainsi que le groupe renait de ces cendres dans une formation dans laquelle apparait certain des noms les plus notoires de la scène saxonne et ou, seul, celui du mythique Udo
Dirkschneider manque. Pour le remplacer
Accept aura choisis un vétéran, Mark Tornillo Le musicien œuvre depuis longtemps déjà au sein de
TT Quick. Si son timbre éraillé semble parfois se confondre avec celui de son illustres prédécesseur, ces similitudes ne sont que succinctes et l’artistes aura su ici admirablement nuancé sa voix et ce afin de rendre ce disque bien plus diversifié que ne le fussent ceux du groupe autrefois. Parfois bien plus aigus, comme sur certains passages, par exemple, de l’excellent Shades Of Death et parfois bien plus claire et naturelle, comme sur la ballade
Kill The
Pain, le chant de Mark Tornillo, tout en évoluant en un registre analogue à celui de son prédécesseur, en offre donc une interprétation bien plus attrayante.
Si d’emblée le disque se veut un plaidoyer à la gloire d’un Heavy relativement traditionnel, et relativement agressif, il n’omet pas, aussi, de se positionner dans une mouvance un peu plus large. En effet, laissant enfuis dans un passé disparu les expérimentations transgenres,
Accept parvient, tout de même ici, à s’exprimer aujourd’hui de manière suffisamment variée, et suffisamment actuel, pour ne pas lasser un auditoire versatile. Ainsi si des titres tels que les très bons
Teutonic Terror, ou, par exemple,
The Abyss ne se démarquent pas totalement de l’esprit originel de ce que fut le Heavy d’
Accept autrefois, ils en offrent un aperçu très contemporain. Legs incontestable de ce passé, ils en présentent, en effet, véritablement, une version plus torturés, plus pesante et, donc, plus appréciable.
Bien évidemment demeure, aussi, ici, un aspect entrainant et communicatif. Ainsi en est-il du véloce et superbes, Locked and
Loaded. Mais aussi du vif et très bons No
Shelter. Ou encore des plus classiques, et moins indispensables,
Pandemic, ou, par exemple, New World Comin’.
Un album donc fort plaisant dans lequel
Accept aura su, enfin, réconcilier, sans heurt ni révolution, l’aspect le plus traditionnellement Heavy de sa musique à une modernité plus nuancée assez attirante.
Sinon, je te conseille "Breaker", "Restless and Wild", "Balls to the Wall", "Metal Heart" et "Russian Roulette".
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