Faisons un bond dans le temps.
Nous sommes En 1989. Le « mur de la honte » à Berlin est tombé. Nicolae Ceaucescu, leader incontesté et dictateur de la Roumanie est assassiné avec sa femme. Georges
Bush (le papa de l'autre) est élu présidEnt des États-Unis et s’apprête à attaquer Saddam Hussein au Koweit. Une vague d'ovnis Envahit le ciel de la Belgique ( mon frère prétEnd En avoir vu un ). On joue à « Space Quest » sur PC à partir d'une disquette 2 mégas qui met cinq minutes à démarrer. Les écrans d'ordi ressemblEnt à des gros caissons vides à vitres convexes. Le death metal s'installe définitivemEnt comme nouveau gEnre avec des groupes comme Death,
Obituary, PestilEnce,
Morbid Angel.
Metallica n'a pas Encore sorti son (horrible) « Black album ». Dave Mustaine cogite sur son «
Rust in Peace ». Le premier album de
Nirvana « Bleach » passe pratiquemEnt inaperçu. Mais les amateurs de metal ont Encore dans les oreilles les accords sublimes de «
Seventh Son of a Seventh Son ».
Cette année-là, c'est avec stupeur et incompréhEnsion que les fans de MaidEn apprEnaiEnt la nouvelle :
Adrian Smith quittait le groupe. Sa décision était sans appel. Dans la foulée, il s'En allait fonder son propre groupe,
ASAP, dans lequel on retrouvait Zak Starkey qui n'était autre que le fils de Ringo Starr.
La problématique du départ de Smith trouve son origine dans une brouille opposant celui-ci à Steve Harris et au reste du groupe. Smith avait dans l'idée de continuer sur la lancée progressive de «
Seventh Son of a Seventh Son » tandis que Steve Harris préconisait un retour à des structures et un son plus directs. La sauce ne prEnait plus. La cohésion du groupe était mEnacée. La rupture était imminEnte !
Smith n'aura pas la même fortune avec
ASAP que celle qu'il a eue avec le monstre Eddie. Son groupe produisait un hard rock simple branché US mais sans réelle portée. Smith disait souffrir des tempos rapides chez
Iron Maiden et voulait produire un disque plus proche de ce qu'il écoutait à l'époque, c'est-à-dire du
Hard Rock FM américain. Mais le succès n'était pas au rEndez-vous.
MaidEn, quant à lui, opérait son virage annoncé. L'album «
No Prayer for the Dying » qui sortait l'année suivante était biEn plus direct, biEn plus brut (mais pas brutal) que son illustre prédécesseur. Mais les fans étaiEnt dubitatifs. D'abord à cause du remplaçant de Smith, Janick Gers, déjà à la six cordes sur le premier album (très moyEn) de
Bruce Dickinson « Tattooed Millionaire ». Ce nouveau vEnu se révélait biEn moins doué que Smith, notammEnt dans l'exécution des soli et des structures En twin guitars. La déception était énorme. MaidEn avait perdu beaucoup dans le change. Les harmonies semblaiEnt bâclées, gâchées par le jeu plus rude et brouillon de Gers. Et Dave Murray ne parvEnait pas à redresser la barre. D'ailleurs, l'alchimie qui s'opérait Entre lui et Smith avait ici complètemEnt disparu.
Ensuite, la déception se marquait aussi à l'écoute des titres de l'album qui semblaiEnt moins inspirés qu'avant, plus carrés, plus simples. C'est justemEnt la direction que voulait prEndre Harris (pour ça, on peut dire que c'était réussi). La production se révélait égalemEnt moins fouillée qu’auparavant. Sur No Prayer, le travail de Martin Birch se concEntre davantage sur l'aspect «
Live » des morceaux, leur donnant une sorte de résonance plus directe mais beaucoup moins profonde que sur «
Seventh Son of a Seventh Son ». Steve Harris voulait retrouver toute l'énergie des concerts et la transposer En studio. Mais la plupart des fans, dont je faisais partie, ne s'y retrouvaiEnt pas.
Le virage était trop serré et le bolide MaidEn dérapait. Pourtant, No Prayer n'est pas vraimEnt mauvais.
Cet album parviEnt de temps En temps à glisser ça et là un petit riff qui tue (Mother Russia) ou un refrain épique (Run SilEnt Run Deep), un tube En puissance (Bring your Daughter To The
Slaughter) ou une atmosphère dramatique typiquemEnt maidEniEnne (
No Prayer for the Dying). Ces titres relèvEnt le niveau général des compositions et font de cet album, à défaut d'être un classique, un bon ouvrage de série B.
Mais
Iron Maiden n'avait pas habitué ses fans à de tels ouvrages. Enchaînant les perles Entre 1982 et 1988, réussissant à faire mieux à chaque fois, les voilà maINTEnant à l'aube des nineties En train de régresser sérieusemEnt. A tel poINT que
No Prayer for the Dying est l'album de MaidEn qui s'est le moins biEn vEndu depuis Number of
The Beast. Et cela malgré une retEntissante première place dans les charts des singles britanniques avec Bring Your Daughter...
Même la pochette, pourtant signée par Derek Riggs, paraît plus convEnue que les précédEntes. Eddie ressort du tombeau pour la deuxième fois depuis
Live After Death et étrangle le fossoyeur au passage. Cette pochette n'est pas mauvaise mais un peu moins inspirée que les autres. Elle est pourtant largemEnt supérieure à n'importe laquelle dessinée par Melvyn Grant,
Fear of the Dark compris. Dommage que l'artwork de Riggs pour No prayer ait été corrigé par la suite, sur la version remastérisée. On y voit un Eddie seul au milieu de la pochette, exit le fossoyeur qui pourtant apportait énormémEnt de présEnce à cette peinture.
C'est un peu le même constat sur la musique: le tout n'est pas nul, au contraire, mais les ritournelles de MaidEn ne donnEnt plus autant de frissons qu'avant. En somme, ce No Prayer est un bon album de heavy carré et graisseux avec quelques momEnts de gloire mais qui ne dépasse jamais la barre du satisfaisant. Une sorte d’essoufflemEnt dans la carrière jusque là exemplaire du grand leader du heavy metal des années 80.
MalheureusemEnt, MaidEn ne retrouva jamais son inspiration INTégrale. Les années 90 furEnt moins glorieuses que les eighties, malgré un
Fear of the Dark un peu plus méchant et aussi plus décousu. Le départ de Smith avait ébranlé le groupe plus sérieusemEnt que ce que l'on pEnsait à l'époque. Même le retour de Smith En 2000 ne permit pas à la vierge de fer de remonter complètemEnt la pEnte malgré un «
Brave New World » biEn INTEntionné. Les choses avaiEnt changé.
Pour moi, comme pour bon nombre de metalleux, «
No Prayer for the Dying » restera à jamais l'album du commEncemEnt de la lEnte chute du géant MaidEn.
Pochette plus réussie que celle de "fear of the dark" !!! J'ai relu plusieurs fois le passage où c'est noté pour être sûr de ne pas rêver.
Sincèrement noter cet album 12 sur 20 c'est totalement déplacé (lorsque je donne cette note à un disque c'est que celui-ci, sans être mauvais, possède de nombreux défauts qui nuisent à son écoute).Car non "No Prayer For The Dying" n'est ni décevant ni mauvais, on a juste droit à un retour aux sources d'Iron Maiden qui délaisse les longs morceaux progressifs pour revenir à un Heavy Metal plus épuré dans la lignée de "The Number Of The Beast" (1982) et "Piece Of Mind" (1983).Certes au premier abord ce retour en arrière peut déconcerter (surtout que le jeu de guitare de Janick Gers s'avère plus tranchant que celui d'Adrian Smith), mais une fois la stupéfaction passée on se retrouve en présence d'un album riche et inspiré qui, sans être un classique, permet à Steve Harris et sa bande d'entrer de plain-pied dans les années 90 alors qu'une grande partie de la scène Speed /Thrash Metal (très populaire à la fin des années 80) a (déjà) été décimée.
Seul maiden qui me manquait...ceci est dû a ces campagnes de denigrement et deception menées depuis des années. Pour autant comme le stipule ci bien la chronique NO PRAYER....n'est pas mauvais, il souffre de la comparaison avec ses illustres predecesseurs. Certains morceaux sont moins complexes et moins inspirés et desequilibrent l'ensemble de l album.
Pour autant mes qlq ecoutes de ces derniers jours me font dire que cet album est honnete....il n'est juste pas sorti au bon moment....
Merci pour la chro
Nous sommes en 2023 et Maiden est toujours vivant, certes le poids des années se fait sentir mais leur popularité est au plus haut depuis le retour d Adrian et Bruce en 2000. Ne sortir que des classiques intemporels est impossible, mais ils ont quand même réussi à sortir quelques tubes sur chacun de leurs albums post 7th son ce qui est la marque des géants. Ce no prayer bien que plus rude et simple m avais plu à l époque, ré-écouté hier et c'est toujours un plaisir. Certes Gers n a ni la finesse ni la dextérité de Smith mais cela convenait parfaitement au virage amorcé. Au final, la chute de Maiden a t elle vraiment eu lieu ??
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