À la sortie de «
Killers » en 1981,
Iron Maiden s'était déjà imposé comme l'un des groupes phares de la NWOBHM grâce à sa première démo, «
The Soundhouse Tapes ». Devenu un héros local, le groupe a ensuite conquis un public mondial avec son premier album éponyme grâce à des titres de
Metal classiques comme "
Phantom of the Opera", "
Prowler" ou encore "
Transylvania". Ce faisant, ce premier opus a parfaitement capturé la puissance brute et l'énergie d'un groupe au bord de la domination mondiale malgré le fait qu’il ait souffert d'une production bâclée et de quelques morceaux qui ont traîné en longueur, comme "Remember Tomorrow".
A l’évidence, si la tournée de promotion de son premier album permit à
Iron Maiden de développer le son et de consolider sa cohésion musicale, il faut souligner qu’après le départ de Dennis Stratton, le maître de la guitare
Adrian Smith fut engagé comme second guitariste. Indéniablement, ce choix s'est avéré judicieux, car le jeu lourd et brut de Smith a parfaitement mis en valeur les riffs et solos précis et complexes de Dave Murray. Du reste,
Paul Di'Anno remplit de nouveau parfaitement son rôle en offrant une performance rauque, gémissante et punk caractéristique car sa voix collait parfaitement au ton des chansons. Dès lors, et bien qu'il s'agisse de son dernier album avec le groupe (avant son remplacement par le légendaire
Bruce Dickinson), la personnalité qu'il confère aux premiers morceaux de Maiden lui vaut un crédit majeur pour leur succès mondial.
En général, les fans d'
Iron Maiden se divisent en deux camps concernant ce deuxième travail. En effet, certains le considèrent comme supérieur et plus abouti que leur premier, tandis que d'autres le voient comme un retour en arrière.
Assurément, votre modeste serviteur se range davantage du côté du premier camp puisque ce disque demeure un classique du monde
Metal malgré le fait qu’il soit devenu avec le temps un « album oublié ». Il faut dire que tout ce qui faisait l'excellence d'
Iron Maiden y est omniprésent puisque les riffs sont amplifiés, le mix est plus clair, les structures des morceaux sont beaucoup plus détaillées et le chant est bien sûr mieux interprété, et même plus enthousiaste. Qui plus est, les influences Punk sont bien plus présentes sur cet album, ce qui est particulièrement évident dès le début, tandis que le son est aussi beaucoup plus Heavy
Metal que sur leur premier-né. Ce faisant, il est aisé de confirmer qu’il s’agit sans conteste du meilleur album d'
Iron Maiden sans
Bruce Dickinson, même si certains ne seront pas d’accord avec cela et je le respecte.
Ce qui amène ce constat, c’est le fait que cet album regorge de riffs excellents et de changements de feeling rapides, créant ainsi une sorte d'album conceptuel. Ainsi, "
Wrathchild" est probablement le morceau le plus connu de cet opus, avec son rythme de guitare entraînant et la performance vocale débordante de
Di'Anno, que Bruce a eu du mal à recréer en concert au début des années 90 ; là où "
Murders in the Rue Morgue" demeure un hommage rythmé et quasi Punk au roman policier classique d'Edgar Allen Poe.
Il ne faudrait pas omettre d’évoquer les chansons qui soulignent l'importance accordée par Maiden à la mélodie, à l’instar de "
Purgatory" ; probablement le morceau le plus accrocheur de cette époque, chargé de deux lignes d'harmonie à la guitare et d'autres accroches ; tout comme "Innocent
Exile" et son thème de guitare mémorable entre les couplets (bien que la ligne de basse de Steve Harris vole la vedette au début). Dans une veine identique concernant la mélodie, on y retrouve la géniale "
Another Life" commençant par une intro à la guitare qui se glisse dans une épopée galopante où le refrain très envoûtant est superbement chanté par
Di'Anno ; le tout emballé dans un excellent solo de guitare et une musique très structurée.
Vous l’aurez compris, bien que ce disque soit souvent décrié, il faut reconnaitre que tout ici est un classique dont la plus grande particularité vient du fait qu’il s’agisse du seul album de Maiden à proposer deux morceaux instrumentaux ; à savoir "The Ides of March" et "Genghis Khan".
La première citée est une excellente introduction à l'album, agrémentée de solos époustouflants où les oreilles les plus attentives auront reconnu que le riff principal est tiré de "Thunderburst" de
Samson ; tandis que la seconde s'inscrit davantage dans la continuité de "
Transylvania" que l’on trouve sur le premier disque éponyme.
Cependant, le morceau le plus incroyable et le plus classique de cet album reste le captivant titre éponyme puisqu’il met en valeur tous les talents de l'époque. En effet,
Paul Di'Anno livre la performance vocale de sa vie en déchaînant les gémissements aigus et en se déchaînant dans les graves, jouant le rôle d'un psychopathe à la perfection ; tandis que
Adrian et Dave échangent lignes harmoniques et leads avec une précision incroyable, là où Harris s'envole sur le manche de sa basse avec aisance et où C
Live fait un boucan d'enfer sur sa batterie.
Du reste, "
Drifter" résume l'album tout entier en cinq minutes et couronne le tout d'un refrain et d'un riff insatiables qui méritait amplement de placer ce titre parmi les incontournables d’une setlist
Live. A l’inverse, la piste bonus "
Twilight Zone" demeure un morceau plus détendu et incroyablement mémorable, avec une excellente performance vocale de Paul et un refrain superbe, quoique légèrement kitsch qui s'intégrerait parfaitement dans un catalogue de groupes Glam
Metal des années 80. Enfin, "Prodigal Son" s'inscrit également dans la même veine car c'est l'une des meilleures ballades de Maiden et elle rivalise parfaitement avec "Remember Tomorrow" entendue une fois de plus sur l'album éponyme.
En définitive, il reste difficile de comprendre pourquoi cet album ne suscite pas autant d'admiration de la part des fans puisqu’il s’agit là d’un incontournable du Heavy
Metal. En effet, «
Killers » reprend là où le premier album s'était arrêté en ouvrant la voie à la NWOBHM et en témoignant d'une progression suffisante pour préserver la formule où chaque avancée est positive, car cet album est un classique sous-estimé qui mériterait encore aujourd’hui plus d'attention.
Assurément, tous les fans de
Metal traditionnel l'adoreront, et même les plus intellectuels (voire les plus fanatiques de
Metal progressif) y trouveront leur compte. Bref, si vous ne le possédez pas, considérez votre collection comme incomplète.
ah moi j'étais trop jeunequand il est sorti, heureusement que j'écoutais pas ça à 6 ans !
Légère préférence pour powerslave et 7th son (le premier que j'ai acheté à sa sortie j'avais 13 ans) pour Dickinson au chant, pour les 2 avec Di'Anno je les mets sur le même pied d'égalité parce que le premier contient que des pépites aussi, Prowler, Phantom of the opéra et que dire de Transylvania (je l'avais apprise par coeur à la guitare quel instrumental de folie!)
Et oui les amis ! Maiden c'était tout ça, et sûrement bien plus encore. Au moins jusqu'à 7th Son. Des souvenirs indélébiles, puissants et incroyablements forts. Rien qu'à la vue de toutes ces pochettes (désormais icôniques), nos esprits vagabondaient. Ces décors de scène, cette mascotte, et avant tout, cette musique, fougeuse, alambiquée et rugissante. Pfff ! Quelle révélation, quel choc auditif pour moi lors de la découverte de "Powerslave". Et ce premier concert de Hard (on disait pas Métôôôl à l'époque ), à Lyon, en 1986, sur le "Somewhere On Tour". Sans conteste l'un de mes plus grands et beau souvenir de concert. J'avais alors, et pour ma part, 17 ou 18 ans. Plus un gamin donc !
Mon Top 3 ?
Sûrement Somewhere in Time, Powerslave et The Number of the Beast. Mon tiercé dans le désordre.
J'attends avec impatience les divers comptes-rendu de la presse spécialisée de ces 2 soirées Parisiennes. Ca devait être quelque chose assurément ! Merci déjà à toi kingeddie de tes premiers retours. Putain d'ambiance j'en suis certain.
Killers a été vénéré dès sa sortie et il est encore aujourd'hui considéré - à juste titre - par bon nombre de ceux qui ont vécu l'époque comme un des albums les plus cultes du Heavy Metal. L'énergie brute, la hargne, le sens des mélodies, la pochette... On est sur un album qui a clairement contribué à la légende d'Iron Maiden. Ainsi, je ne peux qu'être étonné et en désaccord quant à l'utilisation des termes "sous-estimé" ou "oublié". Les générations (dont je fais partie) n'ayant pas connu ce début des années 80 sont souvent biaisées par le culte qui a été voué (à juste titre également) à l'ère Dickinson 83-88 et au fait qu'il est, par sa longévité et ses contributions, LA voix de la vierge de fer. D'où peut-être une impression de "déclassement" des deux premiers albums. Mais il ne faut pas s'y tromper, leur contribution à l'histoire du groupe et du genre est encore bien tangible de nos jours, et les témoignages des jeunes hardos ayant assisté à la déferlante du heavy metal britannique sont édifiants : il s'agit d'un changement d'époque majeur, la fin en France de la désignation générique "Hard Rock" pour caractériser toute la musique à guitare éléctrique saturée et aux riffs acérés.
Si, à titre personnel, j'ai une préférence pour l'album éponyme, beaucoup sont ceux qui placeront ce second effort avec le Sieur Di Anno comme la pierre angulaire de cette première période d'Iron Maiden. Et à l'écoute des géniaux Wrathchild, Killers ou Purgatory, on ne peut que comprendre et respecter ce point de vue.
L'enchainement des 5 premiers morceaux du concert de cet été 2025 à Paris fut une expérience inoubliable : Ides of March, Murders in the Rue Morgue, Wrathchild, Phantom of the Opera, Killers... Ambiance dantesque dans la fosse, où nous étions nombreux à ne pas avoir connue la sortie des premiers efforts de la Vierge de Fer, à vivre un moment d'anthologie, comme si nous avions le privilège de vivre, l'espace de quelques instants, cette époque qui a révolutionné tout un genre.
Cultissime !
@Arthron: très chouette commentaire qui a pour moi autant de valeur que la chronique de Metalsonic99. C'est Killers qui m'a fait basculer dans la hard rock à l'âge de 10 ans. The number of the beast et piece of mind étaient déjà sortis mais c'est un pote de l'école qui avait apporté le vinyle à l'école pour le dessin ... J'ai flashé, il me l'a prêté, j'ai adopté. Je n'ai jamais eu un cercle d'amis métalleux, donc j'ai toujours été à part de certains courants de pensées > Tels album est mieux qu'un autre, ce nouveau chanteur est 10x mieux que l'ancien, ... Si dans tes potes une majorité trouve killers moins bon, tu risques de rallier leur avis ou tout du moins de voir ton avis influencé... Perso je comprends que certains puissent dire que killers est un retour en arrière car l'esprit plus punk qui l'anime peut faire qu'il paraisse plus faible face aux compos de l'album éponyme. En fait sur leurs 7 1ers albums, Maiden n'a eu de cesse de progresser, que cela soit en terme de compositions ou de son. (et après 50 ans ils continuent d'évoluer quand je vois leur show) Mais qu'aurait donné l'album éponyme avec le même mix que Killers? (En sachant que Martin B. était intéressé par le job). Franchement faut arrêter ces embrouilles; respecter l'avis des autres même s'ils sont plus jeunes! Puis le positif c'est que cela nous fait parler d'un groupe légendaire comme il n'y en aura peut-être plus.
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