Disons-le tout net, les années 90 s'apparentent à une traversée du désert pour bon nombre de groupes établis lors des eighties.
Iron Maiden n'a pas échappé à ce phénomène. On a beau faire partie des musiciens les plus influents du style "heavy metal", foirer à ce point une décennie ne laisse pas indemne.
En effet, 4 opus studio allant de la pure régression musicale ("
No Prayer for the Dying") à l'auto-parodie jenfoutiste ("
Virtual XI") En passant par des expérimentations soporifiques ("X Factor"), le tout allié à un recrutement à faire pâlir le cirque des horreurs (une danseuse à barbe et à moignons, puis un orang-outang porté sur la bibine) ont fait entrer
Iron Maiden dans le musée des gloires d'antan. La Vierge était devenue un des exemples-types que l'on cite pour persuader un groupe de raccrocher en pleine bourre avant qu'il ne se ratatine et ne perde la majeure partie de son aura.
Mais en 1999, l'éviction du bonobo ténor et le retour au bercail de la paire Dickinson / Smith, associés à la sortie, l'année suivante, d'un fort honorable et relativement original "
Brave New World" firent douter les mauvaises langues. Maiden semblait alors sur une pente ascendante, avec le jackpot financier attendu (et calculé, faut pas se leurrer). C'était sans compter sur l'apparition de ce nouvel étron : "
Dance of Death".
Fiez-vous à votre flair! La simple vue de cet album, agrémenté d'une illustration à rendre jaloux un môme de 6 ans après sa première activité sur Paint, doit déclencher chez vous un instinct de survie. Malheureusement, les nostalgiques que sont les fans de Maiden, véritables portes-monnaies sur pattes selon le management du groupe, ne résisteront pas à l'idée de ramasser une fois de plus la savonnette sous la douche. Une fois de trop.
L'album se divise clairement en trois : une première partie constituée de 3 morceaux ultra-prévisibles, une seconde de 4 morceaux catastrophiques et une troisième de 4 autres titres dont l'ensemble ressemble déjà plus à ce que l'on était en droit d'espérer du groupe.
Passons rapidement sur
Wildest Dreams,
Rainmaker et
No More Lies, qui alignent clichés heavy à qui mieux-mieux, refrains répétitifs à souhait, martelés sans cesse comme autant d'hymnes à la médiocrité (mention spéciale à
No More Lies, à la limite de l'autisme), soli en mode pilotage automatique et twin guitars n'existant plus par convention que par intérêt. Ne soyons pas de mauvaise foi, il y a quelques passages à retenir de ces 3 morceaux, à savoir la transition de
Wildest Dreams (de 2'13" à 2'16") et la première section de twin guitars de
No More Lies (de 3'49" à 4'10"), ce qui donne à peine une demi-minute intéressante sur le premier quart d'heure. Les plus optimistes d'entre nous pensent alors avoir entendu le pire ; désolé, il ne s'agissait que d'un hors d'œuvre.
Le titre suivant, Montségur, est inspiré par la répression sanglante des Cathares au
XIIIème siècle.
Iron Maiden ne fait pas les choses à moitié puisque musicalement, c'est un vrai massacre. Intro décalquée sur le riff de Losfer Words, lignes de chant insipides où Dickinson peine à monter et manque de s'étouffer pendant un refrain casse-bonbons (un peu comme quand le coca cola remonte la tuyauterie et ressort par les naseaux), mélodies guillerettes et naïves, parfaiteenmt en accord avec le thème abordé (sic) et soli transparents. Un vrai festival de nullité.
Pour continuer, on découvre le premier morceau dépassant les 8 minutes ; serait-il présage d'un travail structurel plus poussé et, qui sait, d'un rachat partiel des déconvenues passées? Que nenni! On avait touché le fond sur la plage 4, mais qu'à cela ne tienne, on creuse encore. Le title-track est l'une des compos les plus infâmes de groupe, toutes époques confondues.
Après une longue intro chiante comme la mort, pendant laquelle Dickie nous raconte une histoire sensée nous glacer les os, notre attente est récompensée, s'il on peut dire, par une bonne vieille bourrée où l'on se tient par les coudes, en quinconce, avec un bon coup dans le nez et une galette-saucisse entre les dents, tout en reluquant les jupons de la Marion qui présente sa croupe telle une jument en chaleur. La mélodie de violon a beau être doublée à la guitare électrique, rien n'y fait, le tout n'est qu'une pitrerie consternante. Soli sans intérêt et twin guitars laborieuses n'y changent évidemment rien.
S'ensuivent 2 compos qui resteront dans les annales du remplissage d'albums. Du rien, du rien et encore du rien. Même les bondieuseries de McBrain, auteur de sa première participation musicale au sein du groupe, passent inaperçues dans cette mer d'anecdotique.
Ces 7 premiers titres laissent l'auditeur groggy par une accumulation aussi concentrée d'excréments sonores. Mais soudain, alors que l'on dérive dans cet océan de merde, tel un oiseau mazouté pris au piège, on débarque inexplicablemennt dans un lagon paradisiaque. L'odeur pestilentielle a disparu, les renvois de galette-saucisse sont aux oubliettes, place à un vrai morceau de musique, place à Paschendale.
Dès les premières notes, la différence se fait sentir.
Pas d'intro à la mord-moi-le-nœud basse + guitare claire, pas de refrain migraineux, juste une mélodie envoûtante mise en valeur par un côté faussement asymétrique suivi d'explosions de guitares surpuissantes. Dickinson est impérial, se jouant des contretemps imposés par une rythmique imaginative, riche en cassures, et servant à merveille des airs entêtants et travaillés. Maiden développe ici un côté progressif d'excellente qualité qui n'est pas sans rappeler les expérimentations miraculeuses de la seconde moitié des années 80. Bref, une vraie compo qui rend le reste de l'album plus frustrant encore.
Les 3 derniers morceaux font pâle figure face à Paschendale, cependant ils se distinguent assez largement des bronzes fumants précités, étant honnêtes et comportant de bons moments, à défaut d'être transcendants. Seconde partie d'intro réussie pour Face In The
Sand, refrain abouti pour Age Of Innocence et essai acoustique sur Journeyman, pleine de bonnes intentions mais accusant un chorus au moins aussi pète-couilles que ceux du début de l'album. La boucle est bouclée, en quelque sorte.
L'avis global de
Dance of Death ne peut être positif, contrairement à celui de tous les canards qui sont restés dans un état d'esprit contemplatif, complaisant et consensuel. Un seul morceau digne de ce nom et quelques bribes de riffs chopés par-ci par-là ne peuvent sauver cet opus du naufrage. Paschendale, oasis perdu dans un vaste désert d'inspiration, sonne comme le chant du cygne d'un groupe plus occupé à peaufiner la face mercantile d'Eddie et pomper les innombrables fans de leurs derniers deniers. Un CD
Iron Maiden et un triple DVD "
Death on the Road" sont désormais au menu, accréditant la thèse de l'enchaînement des best-of et des
Iron Maidens comme derniers souffles d'un combo à l'hospice.
Iron Maiden est mort, vive
Iron Maiden!
Putain cette chro a mal vieilli..
Oh que oui! Mais ce superbe album a largement bien vielli (l'album que j'ai le plus écouté de cette année 2020).
Doit etre sourd le mec qu'a pondu une telle chro .......ou bourré , ce qui serait moins grave.
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