Si évoquer le nom de
Iron Maiden aujourd'hui peut partager l'ensemble de la communauté des metalheads, avec d'un côté les fans de la première heure, s'accrochant contre vents et marées à leurs souvenirs et d'un autre côté, les déçus et autres sceptiques, voyant le groupe britannique comme définitivemEnt hasbeen, avec ses sorties de best-of à répétition, il convient néanmoins de souligner qu'il s'est taillé sa réputation à l'aube des eighties à la force du poignet. Et c'est peu dire au vu de la détermination dont fit preuve Steve Harris pour hisser le groupe hors des quartiers mal famés du East
End londonien.
Formé dans la banlieue londonienne fin 1975,
Iron Maiden vit défiler dans ses premières heures un nombre incalculable de musiciens (liste non exhaustive); de Paul Day (tout 1er chanteur, de 1975 à 1976) à Doug Sampson En passant par Terry Wapram, et même Dave Murray qui fut dans un premier temps écarté du groupe à cause d'une prise de tête avec Dennis Wilcox (alors qu'il avait lui même recommandé Murray), prédécesseur du très punky et charismatique
Paul Di'Anno. Murray ira alors rejoindre son pote et futur membre de
Iron Maiden,
Adrian Smith, chez
Urchin, avant de revenir quelques temps après chez Maiden. Même un clavieriste, Tony Moore, fut Engagé, avant d'être assez vite congédié, collant assez peu avec l'image scénique du groupe. D'ailleurs il est intéressant de constater que certains membres se retrouvèrent dans les mêmes groupes après ou avant leur passage chez
Iron Maiden, comme
Gogmagog où officièrent C
Live Burr,
Paul Di'Anno et Janick Gers.
Le groupe va ainsi jouer dans les pubs londoniens, à l'image du Cart
And Horses où il obtient une résidence dès 1976, asseyant chaque jour un peu plus sa réputation sur la capitale anglaise, avant d'enregistrer sa première démo,
The Soundhouse Tapes, le 30 décembre 1978 aux Spaceward Studios de Cambridge, un jour avant la première apparition
Live du groupe au mythique
Ruskin Arms. Sortis le 9
Novembre 1979, les 5000 exemplaires furent vendus En une semaine, montrant la popularité du jeune quintette dans les strates underground londoniennes. Les disquaires demandèrent même l'impression de 20 000 autres exemplaires, mais le groupe refusa. A noter que Strange World devait aussi apparaitre sur la démo avec
Iron Maiden,
Invasion et
Prowler, mais la qualité d'enregistrement était si médiocre, qu'elle fut mise à l'écart. Ce fut le seul enregistrement de la vierge de fer En tant que quatuor, avec Steve Harris,
Paul Di'Anno, Dave Murray En tant que seul guitariste et Doug Sampson à la batterie. C'est aussi à cette époque que le groupe va rencontrer son "sixième membre" et manager, Rod Smallwood.
Fort de sa notoriété grandissante, le groupe va ainsi apparaitre pour deux titres (
Sanctuary et
Wrathchild) sur la compilation
Metal for Muthas début
1980 (EMI) aux côtés d'autres pointures de la NWOBHM,
Angel Witch,
Praying Mantis, ou Encore
Praying Mantis. On remarquera Encore au passage l'interpénétration des groupes ;
Bruce Dickinson, alors futur chanteur de MaidEn, était chez
Praying Mantis et Dennis Stratton qui connaîtra une courte aventure au sein de la vierge de fer, ira un (long) temps chez
Praying Mantis.
Le groupe signe entre temps en décembre 1979 un deal avec EMI avec un line-up temporairement stabilisé composé alors de Steve Harris,
Paul Di'Anno (Paul Andrews de son vrai nom), Dave Murray, Dennis Stratton et C
Live Burr afin de sortir un premier album, éponyme.
A l'écoute de cet album, on est d'emblée surpris par l’impressionnante maturité musicale des Anglais et plus particulièrement de Harris, qui signe la quasi totalité des morceaux, dans la besace du père Steve depuis quelques temps déjà. Immédiatement,
Prowler (qui pour la légende, fut à l'époque le morceau du groupe le plus populaire au Soundhouse Club) marque la frontière Entre les seventies et les eighties de par une agressivité alors Encore peu coutumière, comme En témoignent ses riffs et solis, à la fois tranchants et mélodiques.
Le sens prononcé de la mélodie étant d'ailleurs une des marques de fabrique du groupe, telles les somptueuses Remember Tomorrow et
Phantom of the Opera, ou Encore
Transylvania, morceau instrumental à l'ambiance moyenâgeuse, divisée En 2 parties avec cette cascade de plans. Selon Steve Harris, le morceau avait été aménagé à l'origine pour y recevoir des lignes de chant mais l'idée fut finalement abandonnée.
Mais le charme de ce disque se situe aussi dans le chant de
Paul Di'Anno, qui presque à lui seul, incarne cette volonté de changement des anglais, dans ce chant puissant de gargouille couplé à un heavy metal résolument agressif. Cependant
Di'Anno sait aussi faire preuve d'une maîtrise certaine de son organe, à l'image de son timbre mélancolique et de ses Envolées vocales sur Remember Tomorrow, se donnant à 200% (dixit Harris), croisant le fer avec des parties instrumentales de toute beauté, tantôt acoustiques, tantôt électriques. Les paroles de Remember Tomorrow ont d'ailleurs donné lieu à bien des interprétations. Certains y voyant même des allusions à la
Royal Air Force britannique ("Scan the horizon, the clouds take me higher, I shall return from out of the fire").
De même on remarquera un indéniable talent de songwriting comme le prouve
Phantom of the Opera, inspiré du classique de Gaston Leroux, le Fantôme de l'Opera. Harris étant En effet friand de littérature fantastique. Mais la qualité de ce morceau, le plus complet de l'album à mon sens et contenant déjà les graines du futur Maiden, dans cette succession de plans, n'est pas seulement d'ordre purement littéraire. Il suffit d'écouter cette suite de soli magistraux Entre Murray et Stratton (certainement le plus bel apport de Stratton, pourtant remercié peu de temps après la sortie de l'album au profit d'
Adrian Smith) et cet enchevêtrement de structures tortueuses, pour comprendre qu'ici
Iron Maiden fait déjà partie des plus grands. Construit sur plusieurs plans complexes et joué sur plusieurs tempo, il explose carrément sur les parties instrumentales, ou se suivent duels épiques de guitares, si chers au groupe, riffs plombés et jeu de batterie inspiré.
Di'Anno exploitant quant à lui à fond ses capacités vocales sur ces longues lignes de chant.
L'album a cette capacité de présenter diverses facettes; des riffs entraînants de
Prowler aux parties violentes de
Iron Maiden En passant par les structures bondissantes de
Running Free, avec sa rythmique groovy, ses cris suraigus, et son refrain facilement mémorisable, même si relativement simpliste dans sa construction, bâti principalement autour de sa ligne de basse. D'ailleurs les paroles délirantes d'un gamin à la recherche de sensations fortes s'y insèrent parfaitement. Ce gamin n'étant personne d'autre que
Paul Di'Anno, l'éternelle tête brulée, s'inspirant d’expériences personnelles pour l'écriture de ce morceau. Véritablement le premier hit du groupe et aussi premier single (8 Février
1980). En fait, Steve éprouvera bien des difficultés avec
Di'Anno, à l'image de ce concert où il dut assurer le chant alors que Paul se faisait embarquer par la police pour une histoire de couteau, comme En témoignera Rod Smallwood plus tard alors qu'il les voyait jouer pour la première fois.
Mais s'il y a quelqu'un qu'il faut saluer, c'est biEn Steve Harris, car au delà de sa légendaire ténacité, il a su ramener la basse au premier plan, lui accordant un rôle déterminant dans l'élaboration des morceaux, avec un jeu riche et complexe (trop d'après certains membres des toutes premières heures du groupe) portant à lui seul autant les compositions que le groupe dans ses moments les plus difficiles. Moments illustrés d'une belle manière par Strange World, ballade flottante à l'étrange feeling triste où Dave Murray y fait une fois de plus preuve d'une belle virtuosité sur ce magnifique soli au cachet si désespéré. Un morceau assez atypique dans la disco de MaidEn, avec cette douce sensation de l'illusion d'un monde meilleur, bien qu'éphémère. Aussi éphémère d'ailleurs qu'une passe chez
Charlotte The
Phantom of the Opera, avec sa basse cavalière et ses rythmiques rentre-dedans, Entrecoupés par un passage empreint de la nostalgie d'une nuit d'amour. Qui marque au passage les débuts de composition de Murray. Première partie d'une histoire qui aura sa suite avec le morceau 22
Acacia AvEnue deux ans plus tard sur
The Number of the Beast. Information non validée par Harris, mais selon une interview de
Di'Anno,
Charlotte aurait bien existé et n'habitait pas au 22
Acacia Avenue...
A tout seigneur, tout honneur, la place de choix pour clore l'album revient à la bien nommée
Iron Maiden et son rythme Enfiévré. Brutale dans son approche, virulente dans ses paroles (bien qu'assez basiques une fois décryptées), reprise religieusement à tous les concerts depuis des décennies. Certains verront dans le titre une analogie évidente avec l’instrument de torture, origine du nom du groupe pensé par Steve Harris. Personnellement je préfère y voir un clin d’œil ironique Envers la Iron
Lady, Margaret Thatcher. Chose qui se vérifie par l'artwork du mystérieux Derek Riggs sur le single de
Sanctuary où Eddie fait la peau à Maggie. On sent assez l'ambiance punk irrévérencieuse qui planait Encore à cette époque de l'autre côté de la Manche. Riggs autorisera quand même Thatcher à se venger sur la pochette de
Women in Uniform.
Derek Riggs, l'infatigable dessinateur attitré du groupe et sa drôle de signature que chaque fan a recherché dans ses œuvres, "popularisateur" de leur célèbre mascotte, Eddie. Même si le groupe, avant la venue de Riggs, utilisait déjà pendant ses concerts un masque suspendu, Eddie The 'Ead (nom tiré d'une vieille légEnde du East
End) qui crachait du faux sang pendant le morceau
Iron Maiden et qui embêtait bien Doug Sampson, alors encore batteur du groupe.
Malheureusement, malgré la qualité évidEnte de l'album, les anglais furEnt desservis par une production assez limite, notamment ce son de guitares mal mis En relief et sale, et un producteur (
Will Malone, qui avait bossé pour
Black Sabbath) peu intéressé par une bande de cinq jeunes metalheads prêts à percer les brumes du East
End londoniEn à n'importe quel prix, les laissant se débrouiller comme ils le pouvaient avec l'ingé-son. Ce qui donne à ce disque un côté très rugueux et poussiéreux. Un défaut facilement gommé néanmoins par la force des compositions.
Enregistré de novembre 1979 à janvier
1980 aux Kingsway Studios de Londres,
Iron Maiden se plaça 4 ème des charts UK dès la première semaine de sa sortie En Avril de la même année, et le groupe acquit dès lors le respect tant escompté par Steve Harris.
Une belle leçon de persévérance.
"
Iron Maiden's
Gonna Get You, no matter how far".
Ce premier disque de Maiden et vraiment bon et surtout très diversifiè musicalement parlant.
Ce que j'aime avant tout dans ce disque, c'est le mélange de tout les styles qu'il propose, on y retrouve du bon vieux Hard-Rock avec "Running Free" et "Charlotte The Harlot" et bien entendu du Heavy-Metal avec le morceau d'ouverture "Prowler" et le très progressif "Phantom Of The Opera", deux excellents titres qui représentent tout le futur potentiel de ce groupe légendaire.
Le morceau qui se démarque le plus de cette galette et sans aucun doute l'incroyable "Remember Tomorrow", un titre qui pousse véritablement l'album vers le haut grâce à un un Paul Di'anno qui nous livre une performance vocale remplie d'émotions soutenu par une montée en puissance instrumentale de premier choix...
Le seul petit regret concerne la fin de l'album avec le titre éponyme "Iron Maiden".
Je trouve ce morceau ultra répétitif et vraiment très mal choisi pour terminer un album de ce calibre.
On regrettera aussi la durée un peu juste du disque, un ou deux titre supplémentaires auraient été les bienvenus.
Note: 16/20
Un album que je connais très peu mais sur lequel j'ai envie de me pencher très sérieusement. Merci.
Un excellent 1er album pour Maiden avec des tubes en devenir, encore joués aujourd'hui.
Certainement un de mes préférés.
18/20
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