The Book of Souls

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16/20
Nom du groupe Iron Maiden (UK-1)
Nom de l'album The Book of Souls
Type Album
Date de parution 04 Septembre 2015
Enregistré à Studios Guillaume Tell
Style MusicalNWOBHM
Membres possèdant cet album523

Tracklist

DISC 1
1.
 If Eternity Should Fail
 08:28
2.
 Speed of Light
 05:01
3.
 The Great Unknown
 06:37
4.
 The Red and the Black
 13:33
5.
 When the River Runs Deep
 05:52
6.
 The Book of Souls
 10:27

Durée totale : 49:58



DISC 2
1.
 Death or Glory
 05:13
2.
 Shadows of the Valley
 07:32
3.
 Tears of a Clown
 04:59
4.
 The Man of Sorrows
 06:28
5.
 Empire of the Clouds
 18:05

Durée totale : 42:17

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Iron Maiden (UK-1)


Chronique @ dark_omens

04 Septembre 2015

La bête n'est pas encore tout à fait morte même si elle apparait moins agile, dangereuse et vivace qu'autrefois...

Toujours encore enclin à défendre un Heavy Metal aux accents très (trop?) progressifs, Steve Harris et ses sbires reviennent cinq après un Final Frontier très (trop?) controversé pour nous offrir un nouvel opus baptisé The Book of Souls. Autant dire que les appréhensions face à ce nouveau monolithe, œuvre de la plus illustre formation Anglaise, sont nombreuses.

Pourtant, contre toute attente, If Eternity Should Fail, premier titre de cet opus, est plutôt enthousiasmant. Il trouve son équilibre en mêlant adroitement les diverses inspirations actuelles du groupe. Un déroulé plutôt simple, et accessible, pourvu d'un break au changement de rythme convaincant et ponctué par un final acoustique peut-être un peu longuet mais pas inintéressant. Speed of Light, sans doute l'un des titres les moins représentatifs de ce disque, nous ramène quelques années en arrière, du temps où la Vierge de Fer ne se souciait guère de complexité et se contentait d'arpenter la route sans détours alambiqués. Dans son préambule, Bruce Dickinson nous y gratifie même d'un hurlement primal digne des plus grandes heures de la bête. Ce titre nous permet de respirer. Et d'espérer. Mais, bien vite, la réalité nous renvoie l'image du Iron Maiden d'aujourd'hui avec un The Great Unknown plus travaillé et réfléchi. Une chanson somme toute assez attachante. Afin de poursuivre cette revue de détail, citons également un When the River Runs Deep très sympathique ou un The Red and the Black étonnement attachant eu égard à sa durée. Quelques autres morceaux plus immédiats et directs sont, eux aussi, agréables (When the River Runs Deep aux couplets vifs et aux soli superbes ou encore Death or Glory).

Ce livre des âmes se clôt sur un Empire of the Clouds de plus de 18 min. Evidemment sa composante Progressive est manifeste. Démarrant sur un joli moment où pianos (très présent sur l'ensemble de cette piste), violons et voix s'entremêlent, avant d'être rejoints par batteries et guitares, ce titre aux allures de ballade, du moins pour sa plus grande partie, est un exercice plutôt inhabituel pour Dave Murray et ses camarades. Il va sans dire qu'il ne ravira pas tout le monde. Chacun se fera donc sa propre opinion. Toutefois, au-delà de ce que d'aucuns en pensent, cette chanson aura tout de même le pénible inconvénient d'alourdir un disque semblant parfois incapable de s'extraire de cette cadence parfois monotone (l'enchaînement Tears of Clowns/The Man of Sorrows/Empire of the Clouds aux rythmes plus posés, pour ne pas dire pire pour certains d'entre eux, est un bel exemple de cette linéarité).

En faisant abstraction de ces velléités plus ou moins progressives, qu'il appartiendra à chacun de juger à l'aune de ses propres gouts, reconnaissons tout de même, qu'elles sont ici davantage maîtrisés et nettement plus lisibles qu'auparavant (une évidence qu'une absence d'intro insupportablement interminables vient, par exemple, souligner). Pourtant cet opus n'est pas exempt de défauts, loin s'en faut, et contient encore, par exemple, quelques longueurs inutiles qui, tout comme ce fut le cas avec The Final Frontier, égrènent un disque qui gagnerait parfois à être un peu plus concis (le gigantesque passage central d'Empire of the Clouds). Et puisque nous en sommes aux saines comparaisons, un autre point commun que ce nouvel effort partage avec celui sorti il y cinq ans déjà concerne une certaine propension de la plus célèbre formation anglaise à s'adonner à quelques répétitions le poussant à se plagier lui-même (The Red and The Black et ses chœurs que l'on jurerait avoir entendu sur l'album Brave New World ou Shadows of the Valley dont certaines séquence ressemblent à s'y méprendre à The Wasted Years et dont d'autres apparaissent comme une sorte de medley). Toutefois, là encore, cette tare est moins présente qu'elle ne le fut jadis. A dire vrai, le seul vrai gros souci de ce disque est qu'il lui manquera surtout une ou deux chansons plus rythmées, ou plus ardentes. Ou peut-être un ou deux titres marquants, faisant figure d'hymnes susceptibles de se hisser aux côtés des Aces High, Number of the Beast ou Two Minutes to Midnight, ou du moins capable d'entretenir l'illusion. Mais la vraie question est de savoir si un Iron Maiden aussi vieillissant est encore capable d'un tel exploit. Et si oui, en a-t-il envie? Rien n'est moins sûr.

Au-delà de ces quelques problèmes, The Book of Souls se laissera apprivoiser plus facilement qu'un Final Frontier relativement hermétique. Il finira même, après quelques écoutes, par procurer quelques satisfactions non négligeable, et ce même aux vieux aigris nostalgiques tel votre humble serviteur.

The Book of Souls est donc, en définitive, une œuvre bien plus convaincante que ne le fut un décevant The Final Frontier. Bien évidemment elle ne parviendra pas à satisfaire tous ces adeptes hantés par l'image de ce Iron Maiden d'autrefois qu'ils n'arrivent pas à oublier (et comment pourrait-on leurs en vouloir?). Pourtant ce livre des âmes, pour peu que vous consentiez à lui accorder du temps, vous donnera quelques belles satisfactions. D'aucuns pourraient se dire que "quelques belles satisfactions" sont bien peu de choses pour un groupe qui aura tutoyé les sommets durant des décennies. Bien peu de chose pour une telle institution. Peut-être. Sans doute. Là encore difficile de leur en tenir rigueur, admettre que le temps passe et que ce groupe mythique, avec qui ils ont vécu cette formidable ascension, est sur la pente descendante est un déchirement auquel ils ne peuvent se résoudre.

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David_Bordg - 20 Novembre 2015: Le temps avançant l opus s avère toujours aussi captivant!
Volesprit - 05 Juin 2016: Et bien je connais l'album depuis quelques heures, mais je dois dire que c'est ce que j'ai entendu de mieux du groupe depuis.... The X-Factor en fait... Brave New World c'était sympa, mais trop chiadé pour moi.
The Final Frontier n'avait lui pas réussi à me captiver jusqu'au bout, contrairement aux riffs simples et accrocheurs de ce Book of Souls. Très belles compos, et ambiance captivante. Loin du Maiden flamboyant des 80's on n'en a toutefois pour son argent dans ce disque, c'est du Maiden et on le reconnaît tout de suite.
David_Bordg - 20 Juin 2016: cet album se revele toujours aussi excellent avec le temps. Avec le recul c'est du grand MAIDEN tout simplement.
Venenum - 02 Septembre 2016: Fan de Maiden d'Iron Maiden à The X-factor, j'avoue subir tout les autres opus. Mais ma fidélité envers mes jeunes années m'oblige à acquérir à chaque fois la nouvelle galette de Maiden. Ce coup -ci : 2 pour le prix d'un. Je me suis passé en boucle le cd en espérant sentir mon coeur tressaillir. Résultat : Electrocardiogramme plat. Jusqu'à ce que je me rappelle qu'il y avait un second cd.
Et là, j'avoue que j'ai adhéré positivement à la dimension progressive de la 2° partie. Alors, oui ce n'est pas du Maiden, mais j'ai enfin apprécié leurs compos prog qui me laissaient de marbre jusqu'alors.
Ceci dit celà reste bien en deça de ce qu'on peut espérer d'un tel line-up.
D'ailleurs à quoi servent les trois guitares, plus de twins, plus de battle, la section rythmique en pré-retraite, le chant désormais chiant de Bruce ( sauf sur Tears of the Clown dont j'ai apprécié le chant).
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Chronique @ Darklau

15 Octobre 2015

The Book of Souls sonne déjà comme un classique

Imaginez le monde sans Iron Maiden ( non, ne souriez pas ).
Votre discothèque est tout à coup amputée d'une bonne ligne de cinquante centimètres. Steve Harris a suivi les traces de son père et conduit des poids lourds à travers l'Europe. Bruce Dickinson est un ex champion d'escrime, pilote de ligne de British Airways, ... Nous sommes donc en 2015 et le paysage musical est bien différent. Du fait du manque de cette influence majeure, beaucoup de groupes n'ont pas suivi le chemin que l'on connaît, d'autres n'ont même pas vu le jour. Comprendre ceci, c'est reconnaître la dimension mythique du groupe londonien. L'empreinte qu'il a laissée fait partie de notre petite histoire. Le Heavy Metal n'aurait pas connu la même fortune sans l'incroyable coiffure d'Eddie, 666 et la prière la plus connue de la musique Rock ( Woe to you, on Earth and Sea,... ), la cavalcade effrénée de Piece of Mind, le péplum titanesque de Powerslave, le son spatial de Somewhere in Time ... Ce sont les gens qui fabriquent les mythes.

Mais revenons à la réalité. Iron Maiden nous propose, en cette rentrée 2015, son seizième album studio. Au delà du mythe, ils ont simplement décidé de remettre l'église au milieu du village. Il est vrai que nous étions nombreux parmi les fans à attendre un sursaut de la bête, la pilule amère de Final Frontier en travers de la gorge. Personnellement, je ne m'attendais à rien, sauf à une nouvelle déception.
Mais Maiden, tel un phœnix renaissant, « ardet nec consumitur », semble vouloir rallumer la flamme dès les premières notes ( et l'intro étonnante ) de If Eternity Should Fail. Petit détail au passage : ils ont enfin remis ses pointes aux "N" et "M" du logo sur la couverture du livret ( ce n'était plus arrivé depuis X Factor ),... un signe ?
Clairement, le but de cet album n'est pas d'innover, vous l'aurez compris. L'intention est de faire ce que Maiden fait le mieux : du Maiden !

Première constatation : le groupe aurait donc retrouvé son âme. Cette fabuleuse machine à rêve qui a engendré le mythe serait de nouveau sur les rails. Avant de parler du contenu musical, voici en tous les cas un album qui raconte quelque chose sans que cela paraisse forcé. La trame littéraire est très pessimiste mais beaucoup plus "habitée" qu'elle ne l'était sur les trois albums précédents. Tout au long de l'album, un message nous est délivré, une vision apocalyptique de la civilisation, un appel au changement, un plaidoyer pour un retour aux choses essentielles de la vie sur fond de mythologie Maya. L'écriture est forte et claire.

Prophecy of sky gods, the sun and moon
Passing of old ways will come true soon

Falling of ages, forest of kings
The search for the truth, The Book of Souls

A l'image de cette rime, Maiden semble animé de la volonté du retour aux sources. Sur The Book of Souls, exit les refrains ad nauseam, les rythmiques de machines à sous, les intros laxatives et les plans de twin guitars en cacophonie mineure. Les nombreux déçus du virage adopté après BNW, dont je fais partie, peuvent se réjouir. L'exemple de Empire of the Clouds, cette pièce magistrale qui frôle les 18 minutes, s'impose comme un condensé de ce que Maiden a de meilleur, une œuvre ambitieuse et entière à laquelle il serait difficile d'enlever quelque chose. La dimension progressive du morceau est évidente, comme cette évidence déjà présente sur Seventh Son of a Seventh Son ( mais pas sur The Final Frontier, n'en déplaise à certains fans ; remettez-vous les Marillion, Genesis, Yes et Supertramp dans les oreilles pour comprendre ). L'histoire de cette tragédie aérienne du R101, super dirigeable britannique, qui s'écrasa près d'Allonne en France le 5 octobre 1930 est ici contée avec brio par un Bruce Dickinson revenu au sommet de son inspiration et justifie à elle seule l'acquisition de l'album ( si, si ). Ce n'est jamais ennuyeux, ni soporifique. Dickinson prouve une fois de plus qu'il est bel et bien un chanteur exceptionnel dans la maîtrise des différents passages émotionnels du morceau. De mémoire, jamais Maiden n'avait sorti un tel lapin de son chapeau.

Deuxième constatation : Comme déjà dit plus haut à demi-mot : Maiden joue mieux. Beaucoup mieux. Le plaisir de jouer ensemble est de nouveau perceptible. Les mélodies sont accrocheuses, les changements de rythmes judicieux, les solos de guitares bien torchés et les parties en twin guitars somptueuses. Le résultat est certes assez dense. A vrai dire, on ne sait plus où donner de l'oreille. Mais la production de Shirley est impeccable. Elle ne dénature pas l'ensemble, elle n'est ni trop lisse, ni trop brouillonne, et le mixage est pertinent. Chaque instrument est rendu de façon claire. Même Bruce a retrouvé sa voix, il n'est plus à l'agonie sur les notes hautes, il ne force plus ses limites. Une attention particulière a aussi été portée aux refrains, ils sont plus travaillés, en harmonie avec l'ensemble des morceaux. Les parties instrumentales sont parfois très complexes ; composées d'innombrables portes mélodiques qui s'ouvrent et se referment sans pourtant créer le moindre courant d'air ( les fabuleux The Red and the Black et Empire of the Clouds ), les guitares sont incisives et tourbillonnantes comme des essaims de frelons en plein vol ( The Great Unknown, When the River Runs Deep, Death or Glory, Shadows of the Valley ) et les roulements de tonnerre du père Mc Brain sont toujours bien placés ( écoutez l'accompagnement de la partie instrumentale sur Empire of the Clouds ). Même le ( désormais habituel ) thème orientalisant du titre The Book of Souls est ici superbement exécuté, un hymne maidenien en puissance, avec un riff lourd comme un camion citerne, un refrain haut perché et, en fin de plage, un déluge d'agressivité comme on en attendait plus. Que demander de plus de la part d'un groupe qui a déjà 40 piges au compteur et qui n'a absolument plus rien à prouver ?

C'est sûr, Maiden ne joue plus tout à fait sa musique des années 80, pourquoi le feraient-ils encore ? Et même si l'album n'est pas en soi une révolution mais plutôt la consécration d'un style, il marque de façon convaincante l'aboutissement de plusieurs années de travail... et de doute. Il représente un édifice important dans la carrière d'Iron Maiden, l'ultime coup d'éclat que l'on attendait plus. Au fond, quel est le groupe de cette génération qui peut encore se targuer de sortir aujourd'hui un album qui sonne d'emblée comme un classique ? The Book of Souls marquera bien davantage les esprits que ne le fit The Final Frontier, et il passera avec succès l'épreuve du temps ( je le sais, je le sens ). Car il y a dans cette œuvre à peu près tout ce qui a fait le mythe d'Iron Maiden : des rythmiques sulfureuses, des mélodies géniales, des parties de twin guitars fantastiques, une vraie voix qui sait où elle va, des refrains qui font chanter et une histoire racontée avec panache. Même l'émotion est au rendez-vous avec le très beau Tears of a Clown, hommage à l'acteur américain Robin Williams. En bref, un regain d'inspiration qui, à l'image de Brave New World, avait officialisé le renouveau en son temps.
A une différence près pourtant : The Book of Souls pourrait bien devenir un nouveau monolithe dans l'histoire du Heavy Metal...

...And in a country churchyard
Laid head to the mast
Eight and forty souls
Who came to die in France

Sur ces mots, le livre se referme, comme une sorte de testament. Car nous ne pouvons pas écarter l'idée que ceci est peut-être le dernier fait d'arme d'Iron Maiden. J'en vois déjà certains secrètement s'en réjouir. Mais, si telle est la destinée du groupe, n'en déplaise à ces détracteurs, Iron Maiden est ( et restera ) le plus grand groupe de Heavy Metal au monde. Et The Book of Souls, de tous les albums depuis Seventh Son of a Seventh Son, un très grand cru.

Pour terminer, une réflexion me vient : et si effectivement Iron Maiden n'existait pas, et si The Book of Souls était le premier album d'un autre groupe,... il serait sans aucun doute considéré comme un authentique chef-d’œuvre.

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Darklau - 28 Octobre 2015: @ MattMaiden : Merci pour le com ; plus j'écoute cet album et plus j'en suis convaincu. Je n'avais plus apprécié un album complet de Maiden depuis fort longtemps. TBOS a ce pouvoir secret qui faisait la force des grands albums de Maiden et qui faisait défaut aux œuvres des années 2000.
David_Bordg - 20 Novembre 2015: Sauf amolad, qui reste énorme et hypnotique avec ses intros aux influences tres tooliennes et meme a un instant d' anathema!! The book of soul est aussi superbe, peut être un peu moins prenant par instant, mais en outre plus personnel!
David_Bordg - 20 Juin 2016: voila le temps parle et ta conclusion est parfaite.Du grand maiden.
David_Bordg - 20 Juin 2016: pourrais-tu le noter?
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Chronique @ AGrangeret

13 Septembre 2015

Maiden ne galope plus depuis longtemps, il se contente désormais de marcher à son rythme…

5 ans après un "Final Frontier" paresseux et franchement décevant, Maiden revient aux affaires avec "The Book of Souls". Enregistré à Paris, sous la houlette du producteur Kevin "Caveman" Shirley, c’est donc le premier double album studio d’Iron Maiden. Sa sortie a même été retardée pour soigner le cancer de la langue de ce cher Bruce Dickinson, que l’on pensait pourtant indestructible.
Et bien...il l’est ! Notre frontman adoré, déjà escrimeur émérite, pilote d’avion de ligne, écrivain SF, animateur radio et mannequin pour futal pré-déchiré, a aussi fini par dynamiter son sale crabe. Up the Irons, Air Siren !

Un double album, donc ? Aie...Sachant que Maiden a déjà du mal à nous pondre 3 bons morceaux par album depuis 15 ans, et apprenant que Steve Harris ne compose même pas la moitié des compos, j’avoue avoir été très dubitatif avant la première écoute.

Bon, je prends quand même le skeud entre mes mains (fébriles) et...tiens donc, que vois-je sur la pochette ? Eddie grimé en guerrier Maya. Le groupe se serait même attaché les services d’un spécialiste pour traduire les titres des morceaux en hiéroglyphes mayas traditionnels. Un petit clin d’œil au "Powerslave" égyptien de 1984 ? Moi, qui suis un vieux (con) nostalgique de la période d’or, j’y entrevois presque un signe positif. Bon, je me lance, je glisse doucement le disque dans la petite fente...Et 3 jours plus tard, après 7 écoutes complètes de l’album, j’avoue être un peu déboussolé. Me voilà traversé par un doute abyssal: Ai-je vraiment aimé ce disque ? Cet album est assez difficile à chroniquer, car s’il cultive souvent l’ennui et la redondance, il recèle aussi de nombreuses petites perles qui donnent au compos regain de créativité.
Mais il ne faut pas s'enflammer, l'ensemble reste assez poussif et molasson. L'album suivant, Senjutsu, moins fourre-tout et plus maîtrisé, est beaucoup plus interessant (hormis les 3 premiers morceaux du début).

Pour résumer ma pensée :

Cet album est plus bien enthousiasmant qu’un "Final Frontier" ou qu’un "Dance of Death" et beaucoup plus chatoyant qu’AMOLAD (trop glacial et un peu hermétique). Pourtant, "The Book of Souls" cumule quelques défauts récurrents et tombe quelquefois dans des pièges grossiers. Un album avec des faiblesses (les aigus de Dickinson, les sempiternels "ohoho", un certain manque de punch) certes, mais qui possède un vrai charme et une certaine fraîcheur. C’est souvent bancal, trop long ou trop facile, mais c’est aussi assez surprenant, quelquefois inventif et beaucoup moins linéaire que l’album précédent.

Le titre emblématique du disque est sans doute "The red and the Black". Après une intro de basse assez similaire à "Blood on the World’s Hands" (X-Factor), cet hymne de 13 minutes démarre pied au plancher. Plus qu’une référence à Stendhal, "The red and the Black" s’apparente plutôt à un hommage appuyé à la Guinness. En effet, Maiden colore le morceau de ses incontournables influences celtiques appuyées par une pelletée de "ohoho" qui frise un peu l’auto-parodie. Mais l’énergie est bien au rendez-vous avec ce titre qui prend vraiment son envol dans les 5 dernières minutes. Ce qui est certain, c’est que "The red and the Black" va enflammer les stades. Il a été pensé pour ça, et personne ne doutera de son efficacité.
Autre curiosité, "Empire of Clouds" composé par Dickinson himself est un (trop) long voyage musical, qui nous conte le crash d’un dirigeable britannique en 1930. Après une entrée en matière piano-violon (exercice assez casse-gueule avec un thème pianistique qui fait vraiment penser aux musiques des grands films d'animation nippon ...si, si ! réécoutez le bien...), le morceau se décante un peu sur le final, avec un beau pont tout en rupture pour prendre toute son ampleur jusqu’à l’explosion du Zeppelin. Hélas, gros hic...Dickinson pousse trop dans les aigus (depuis "Dance of Death" , c’est hélas un problème récurrent) et gâche un peu la fête.

Tout l’album est un peu à l’image de cet ultime titre. De bonnes intentions et quelques innovations gâchées quelquefois par de petites maladresses ou de la facilité. C’est largement plus frais, plus osé que l’album précédent, mais une bonne moitié de ces nouveaux morceaux tient difficilement la route sur la longueur ("The Great Unknown" )

Concernant les ponts positifs, "When The River Runs Deep", diablement efficace, s'en sort bien, et "If Eternity Should Fail", est un bon morceau (pas très Maidenien) de Bruce Dickinson, mais qui aurait plus logiquement sa place sur un album du même Bruce (genre "Tyranny of souls" plus que "Book of Souls").Son introduction "à la Morricone" et son break décapant compense allègrement le martelage d'un refrain un peu répétitif. Le ténébreux titre éponyme est un des sommets du disque. Le refrain est (encore) trop haut perché, mais ici encore, le tout est largement compensé par un break implacable et bien speedé, conclut magistralement par un solo somptueux.
« Shadows Of The Valley » (même intro que Wasted Years et multiples références 80’s à gogo), s’affirme tout simplement comme le petit bonus nostalgique pour les vieilles carnes comme moi. Pas transcendant mais agréable.
Nous oublierons le single "Speed of Light", qui à l’instar d’un "El Dorado" (The Final Frontier) ou d’un "Different World" (AMOLAD), est assez faiblard (refrain assommant malgré un riff malin), tout comme "Tears of the Clown" (hommage funéraire à Robin Williams), heavy rock bien carré, qui peut séduire d’office les plus complaisants par son immédiateté et son thème évident mais lassera très vite pour les même raisons. "Death or Glory" redonne un peu de punch à un second disque légèrement léthargique. Mais il reste un bon "jam" un peu potache plus qu'un brûlot impérissable...

Conclusion et résultat des courses:

Maiden, depuis "Dance of Death", cherche à se faire plaisir, à s’amuser, en alignant le plus souvent les facilités sans réelles prise de risques. Tout jugement subjectif trop tranché sur cet album (j’en ai vu beaucoup sur les forums : genre « c’est pire que Virtual XI » ou à contrario « leur meilleur album depuis Seventh Son ») n’a maintenant plus vraiment de sens. Objectivement, sur "The Book of Souls", le groupe à tenté des choses nouvelles (même s’il recycle beaucoup, sans doute plus par clin d’œil que par paresse), s’est trituré le cortex et à tenté d’affiner ses plus longues compos en utilisant avec justesse les possibilités de ses trois guitaristes. La différence entre les 3 jeux ressort plus que jamais sur ce disque, et donne des thèmes et des couleurs très variés aux divers morceaux. C’est aussi un point fort à souligner.
Le groupe s’attache surtout à bien faire tourner cette entente palpable entre musiciens (voir la démocratisation totale concernant les compos du groupe) au détriment de sa puissance de feu et d’une certaine efficacité, deux vertus qu’ils devaient principalement au talent phénoménal du jeune Steve Harris. Le grand bassiste vieillissant et moins fécond, lucide sur ses errances des années 90, laisse un peu les clés du camion aux autres...
Maiden ne galope plus depuis longtemps, il se contente désormais de marcher à son rythme...

Pour parachever cette chronique et nous projeter vers l’avenir (tout en célébrant le passé), je me dois de remercier chaleureusement notre cher combo préféré:

Merci à Maiden de nous avoir offert ces magnifiques 80’s.
Merci à Maiden de nous enflammer en Live depuis 35 ans.
Enfin, merci à Maiden de revenir dans 5 ans pour un dernier tour de piste, avec des morceaux plus concis, un bon single, des thèmes mélodiques et des refrains plus marquants ainsi que des ribambelles de cavaleries rythmiques. Avec un peu plus d’agressivité et un Bruce moins porté sur les perf’ de haute-contre, ils nous sortiront l’album du siècle.

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ZEPP99 - 23 Septembre 2015: Tout à fait du même avis qu'Enfer... UN groupe qui nous sort un tel album après 35 ans de carrière, respect. Même les 18 minutes d'EOTC me paraissent légères...
David_Bordg - 20 Novembre 2015: Un grand Maiden, sans aucuns doutes!
Cyrus - 29 Décembre 2015: Pareil : "the Red and the Black" ? J'achète.
Ptet le seul morceau qui surnagera dans du Maiden assez conventionnel. Problème : si en 15 ans il n'y a que des titres de +10 mn qui marquent les oreilles, comment goupiller un set live ?
Je gage que n'importe qui se satisfera de chansons "faibles" pour combler les intervalles en concert...
Comme d'hab' en fait....

nmellot - 23 Juin 2016: et bien ci je m attendrai a d aussi bon commentaire sur l album wwwaaaa alors c est parti prochain achat du 16 eme album !!! j ai toujours u du mal avec les années 2000 de maiden et j en profite pour dire que j aime bien blaze bayley ... dommage qui est resté ci peu
merci
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