Premier véritable Album d’une relative sérénité retrouvé,
Pretty Maids nous offre avec ce
Spooked une bonne synthèse des défauts et des qualités de la musique qu’il nous propose depuis le début des années quatre-vingt dix. Défendant les intentions d’un Heavy mélodique qu’il aime épisodiquement véloce, le groupe oscille entre deux aspirations distinctes qu’il peine à unir de manière cohérente et qu’il n’a, au fond, su transcender qu’une seule fois au cours de sa déjà longue carrière sur un excellent
Future World. Un opus où il sut allier formidablement les harmonies de ses influences
Hard Rock directement issues des années soixante-dix ainsi que celle plus traditionnelle de son héritage descendant directement de la NWOBHM à des sonorités modernes et contemporaines et à des rythmes rapides parfois. Les aléas normaux de la vie artistiques ont donc conduis le groupe vers bien plus d’échecs que de succès triomphaux.
Décidé à revenir à plus de simplicité, le groupe a composé ici une œuvre au style épuré où il nous offre, pour le meilleur, des titres puissant et nerveux qui démarrent d’emblée après une courte introduction (ironiquement) ? intitulé
Resurrection par un excellent Freakshow au couplet mélodique et aux refrains rageurs dans un mélange dont
Pretty Maids a le secret. S’ensuit un
Dead Or Alive bâtis sur les mêmes structures, dans le même tempo qui nous donne le sentiment d’être le même titre que Freakshow, une sensation heureusement qui s’estompe lorsque nos esprits s’emplissent des premières notes du riff de
Die with tour Dreams qui, avec, son rythme plus lourd et lent est une respiration, déjà , salutaire. On repart alors sur le prompt Fly me
Out. Un très bon morceau dans le style le plus caractéristique du groupe. Des couplets harmonieux, des refrains hargneux et entêtant, suffisamment pour ne pas faire ressurgir l’oppressante sensation de linéarité. Arrivé à ce stade nous voilà déjà avec cinq morceaux dont deux, Freakshow et Fly me
Out très bons, une intro, et deux qui sans génie, ni réelle innovation, nous laissent sur de relatives bonnes impressions. Pourtant l’irrégularité et l’incapacité permanente de
Pretty Maids à se positionner distinctement au niveau de sa musique dans une des différentes voies qui l’attirent, et cette attitude de s’inspirer trop peu, ou trop rarement des époques qu’il traverse, sont ces qualités principales et inaltérables. Ainsi avec le trop mélodique
Live Until it
Hurts qui, du moins en a-t-on l’intuition, pourrait être tout droit sortis des années quatre-vingt avec ces lignes de synthé, et ces refrains dignes du
Van Halen de l’époque, la bande à Ronnie Atkins fait un premier faux-pas. Paradoxalement alors que le groupe avait fait preuve sur ce disque d’une presque trop grande cohérence jusqu’à présent, voilà qu’il nous propose un titre atypique, anachronique et insipide. D’autant que la déstabilisation n’en est qu’a sa genèse, en effet, avec un
Spooked, au demeurant sublime, on revient à des refrains aux riffs modernes qui avaient trouvé leur place sur l’Album fameux qu’était
Scream mais qui jusqu'alors étaient totalement absents. Quoi qu’il en soit le titre a suffisamment de qualités pour être appréciées à sa juste valeur. Après cette étrange embardé,
Pretty Maids, tente de revenir sur la route avec un agréable
Paradox plus en accord avec le début de cet opus. Malheureusement le disque perd ensuite très nettement en intensité avec rien moins que quatre morceaux manquant cruellement de densité et de force. Deux ballades If it Can’t Be Love et
Never To Late, un autre titre Your Mind Is Where the
Money Is qui, s’il n’en est pas directement une est suffisamment harmonieux et fade pour être ressenti comme telle. On termine cette promenade douçâtre par une reprise de
Kiss,
Hard Luck Woman qui finit d’achever nos velléités les plus sympathiques pour commencer à laisser place à une authentique frustration insidieuse. Cette affreuse idée de mettre tout ces titres ensemble, crée ainsi un gouffre dans lequel ceux qui aiment la musique lorsqu’elle est rugueuse et âpre finiront de tomber lorsque arrivera, enfin, mais trop tard, le solide, mais ordinaire,
The One That Should Not Be.
Pour résumer clairement, dans sa première partie ce disque nous propose l’uniformité peut-être un peu trop usante de titre qui sans être exceptionnels sont relativement bons. Puis survient une rupture flagrante avec un titre effroyable (
Live Until it
Hurts), et un autre enthousiasmant mais étrangement décalé (
Spooked). Et dans sa dernière partie des chansons plus insignifiantes les unes que les autres. Il est donc raisonnable de parler de sentiments mitigés concernant ce manifeste.
Avec une régularité qui force l’admiration
Pretty Maids continue donc une carrière alternant le bon, le moins bon et le carrément mauvais.
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