Sortant d’une crise identitaire grave après la sortie d’un
Jump the Gun au son bien trop lisse et aux compositions bien trop mélodiques et disparates,
Pretty Maids tentait de se redéfinir musicalement en se repositionnant avec un
Sin Decade, certes pas totalement réussis mais essentiel sur le chemin de la guérison. Ainsi le groupe entamait plutôt bien sa rédemption au sein d’un milieu
Metal ou le seul crédit qui lui restait alors, était celui de l’estime gagné durement, mais légitimement, au son de premières œuvres inspirées. Pourtant le malade n’était pas totalement tiré d’affaire, et son incapacité chronique à prendre sereinement la bonne décision, allait marquer de manière inaltérable le début de sa tragique rechute, le plongeant indubitablement dans la lente agonie de la maladie la plus pénible pour un artiste : l’oubli.
Après son dernier album sorti dans l’urgence, et dans le fracas d’un sinistre qui semblait promis au groupe et après une tournée plutôt difficile, autant dire que les relations entre la maison de disque Sony Music/Columbia Records et
Pretty Maids est des plus conflictuelles. C’est donc assez logiquement que la Major profite d’un contrat arrivant à son terme, pour annoncer à Ronnie Atkins et à ses complices qu’elle ne souhaite plus que le groupe fasse partie de son catalogue. Pour honorer pleinement ce contrat, il reste à
Pretty Maids un seul disque à produire. Un seul malheureux disque. Une dizaine de chansons. Presque rien. Insister sur le peu que constitue un album de fin de contrat est essentiel au regard de l’étrange et dangereuse initiative que va prendre le groupe. En effet là ou certain se serait contenté de compiler divers titres en un best of dispensable et là où d'autres auraient sorti un album live, les Danois vont décider d’offrir au monde entier un témoignage incroyable de l'incompréhension qui est la leur des changements artistiques et musicaux fondamentaux d’alors. Face à l’apogée et à l’émergence de plus en plus marquante de styles plus sombres ( Grunge, Black, Death…) mais aussi face à une certaine mutation redéfinissant des genres vers des tendances plus agressives, plus rapides et plus modernes en les enrichissant de riffs plus Thrash (Heavy
Metal), le seul salut résidait, à mon sens, dans la composition de titres intègres, s’imprégnant intelligemment de ces nouvelles données. Le groupe fut-il réellement conscient de cet indispensable changement nécessaire ? A l’écoute de ce
Stripped, on peut quasiment être sûr que non
Stripped est donc un album contenant dix morceaux essentiellement acoustiques et dont l’autre particularité gênante est d’être composé exclusivement de ballades, ou de morceaux romantiques et sentimentaux. Il faut noter que le disque est le fruit d’un travail démarré et sortis un an plus tôt sous la forme d’un EP intitulé
Offside, dont il reprend quasiment la totalité. Il va sans dire, aussi, que nos Danois sont de très bons musiciens et que les titres seraient plutôt intéressants dans un contexte tout autre. Notons tout de même que Too Late, Too
Loud, rare morceau électrique, et Please Don’t Leave Me dans une version plus douce, à la guitare sèche, ciselant parfaitement un indicible frisson, sont de très beaux moments à défaut d’en être de très bons. L’unique source de satisfaction née d’un réel plaisir pleinement atteint est
Savage Heart, partagé entre une partie suave servis par un duo piano/voie du plus bel effet, et une autre plus intense communion voix/chœurs/guitares saturées qui nous amènent vers une apothéose intime et douce ou le piano répondant à Ronnie Atkins conclue de manière bouleversant un morceau qui clôt ce disque dans un dernier souffle. Malheureusement le reste n’a rien d’autre à promettre qu’un ennui profond, ou la quintessence est atteinte avec un 39’, reprise du groupe Queen, terne, transparente et sans âme.
Cet album, qui ressemble fortement à un suicide artistique, et qui n’a que peu à offrir, témoigne de façon déplaisante de l’impuissance d’un groupe à s’affirmer de manière claire. Continuant de nous abreuver d’une musique tantôt insuffisante, tantôt quelconque
Pretty Maids poursuit une carrière l’éloignant de plus en plus des propos captivants qu’il sut nous proposer autrefois. A défaut d’être prenantes ses mélodies avaient jusqu’à présent le mérite d’être au moins intéressantes.
Plus maintenant.
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