Alors que la carrière de
Pretty Maids semble n’être qu’un corps moribond jeté au fond d’un trou sur lequel un
Stripped, aux parfums indécents de suicide artistique, vient tout juste de jeter l’ultime poignée de terre, une voix alarmante s’élève pour nous avertir que cet enterrement somme toute relativement symbolique, pourrait prendre des aspects bien plus définitif. En effet Ronnie Atkins chanteur et fondateur de cette formation, endurerait les affres d’une terrible maladie. En proie à d’indicible souffrance, il lutterait contre une sorte de parasite qui se serait installé sur ces cordes vocales et qui menacerait sérieusement son intégrité physique. Peu de précisions sur la gravité du fléau que vit l’homme viendront éclaircir un flou quasi-total. Quoi qu’il en soit après, on peut le supposer, une convalescence salvatrice
Pretty Maids sort ce
Scream, dont on ne sait qu’attendre au vu d’une discographie alternant parfois le pire (
Stripped), parfois le moins bon (
Jump the Gun…) mais aussi le meilleur (
Red, Hot and Heavy,
Future World…).
Insister sur les détails concernant la santé du vocaliste apparaît essentiel tant elle exprime de la manière la plus objective possible l’ambiance particulièrement belliqueuse de ce disque, ainsi que le rendu de certains titres. Lorsque l’artiste va puiser au fond de lui, ses émotions les plus profondes et sincères, et qu’il les retranscrit de la plus belle manière qui soit, réussissant à offrir et à partager ses sentiments, l’œuvre s’en trouve forcement enrichie et sublimée.
Or dès le premier morceau de cet Album on ressent ce supplément d’âme au sein de titres plus affûtés, et habités que jamais. Ce constat est vrai pour un Rise à l’envolé et à la fougue, mêlé à ces parties plus mélodiques, où les guitares sont lourdes et agressives dans les riffs, et aériennes dans les parties les plus harmonieuses, et où rugit en une sorte de vérité ultimes nous laissant le sentiment qu’il s’agit réellement d’une question de survie un Ronnie Atkins poignant. Mais aussi pour un
Scream plus lent aux riffs plus pesants, cri symbolique que l’on ressent étrangement vécu, authentique, et qui à l’image de la pochette de ce disque raconterait derrière le voile d’une certaine pudeur les douleurs de ces heures de souffrance. Cependant il l’est encore davantage lorsque arrive
Psycho-Time-Bomb-Planet-
Earth, le titre le plus incontestable de l’Album. La tension palpable dans ce crescendo nerveux d’un Heavy solide est admirable. Après ce triptyque imparable où
Pretty Maids, en véritable maître d’œuvre, nous offre, enfin, le meilleur, arrive This Love qui, bien qu’un peu trop mélodique, n’est pas scandaleux, procurant cette nécessaire respiration salutaire, après le déluge furieusement Heavy Melodique des trois premiers titres. Pourtant il aurait été bien plus pertinent de poursuivre sur une note plus à l’image du début énergique de cet Album, mais au lieu de ça nos danois nous infligent (et le mot n’est pas trop fort) un
Walk Away sirupeux. Une ballade ennuyeuse, bien dispensable. Dès lors, l’œuvre perd quelques peu de cet intérêt construit sur une tension, une urgence, que l’on ne retrouvera pas vraiment durant la suite de ce disque. No
Messiah est un titre bien construit, à mi-chemin chemin entre l’esprit développé par ces premières pistes et celles plus mélodiques habituelle du groupe. Continuant encore et encore sur les pentes glissantes de ce feu qui s’éteint petit à petit la bande à Ronnie enchaîne sur une deuxième ballade, In a World of your Own. Déjà deux ballades pour ce disque (
Walk Away, In a World of your Own), et un morceau très mélodique (This Love) et ce seulement après sept titres, dont les trois premiers sont de véritables morceaux rageurs et essentiels. On comprendra alors aisément quel sentiment de frustration peut étreindre tout fan de
Pretty Maids. D’autant plus qu’il faut attendre
Adrenaline Junkie pour retrouver un peu de cette puissance délectable qu'il ne sait plus nous offrir autrement que par touche parcimonieuse, et surtout l’excellent When it all Comes
Down, après une troisième ballade, renouant avec la furie et la rage tendu authentiques et sincère d’un Rise,
Scream ou autre
Psycho-Time-Bomb-Planet-
Earth….
Ce qu’il faut noter aussi, c’est que loin d’être tout à fait exemplaire et contemporain, cette œuvre offre tout de même quelques relents d’inspiration plus moderne, et ce notamment grâce à des riffs plus lourds et plus groovy (
Scream, Rise,
Psycho…). Parler d’une influence Néo-
Metal serait, certes, très très exagéré, pourtant il est indéniable qu’il y a là une tentative de s’inspirer, un peu, de l'ère du temps. Une expérience pourtant pas vraiment prédominante, mais qui donne à ce disque une ambiance particulière, un parfum original pas inintéressant qui aurait mérité d’être exploré un peu plus, et ce afin d'imprégner l’Album plus fortement et plus franchement.
Tout en étant la suite logique de
Sin-Decade, ce Sream apporte une pierre supplémentaire à l’édifice
Pretty Maids en proposant quelques titres de Heavy lourd, puissant et mélodique, aux riffs plus modernes et groovy, mais aussi quelques autres plus classiques. Le véritable échec de ce disque résidant dans ce manque d’homogénéité dans l’intensité d’un Album s’écroulant quelques peu après les trois premières chansons, et dans ces ballades bien trop nombreuses venant un peu alourdir l'ensemble. Néanmoins le groupe nous propose là l’ébauche d’une véritable option intéressante, d’une incontestable pensée différente qui aurait sans aucun doute mérité d’être poussée plus avant. Il constitue de fait le vrai premier pas enthousiasmant que l’on attendait depuis
Jump the Gun. Un pas fébrile et mal assuré, mais très encourageant.
Une seule faute de goût : l'épouvantable "Anytime Anywhere". Une vraie catastrophe ce titre à mon goût. "In a World of Your Own" est pas top non plus. Sur "Walk Away " en revanche, le chant rattrape tout tellement Atkins tue.
Mention spéciale au très bon "No Messiah" et à la bonus track, qui n'est même pas mentionnée sur le livret du cd, et sur laquelle Hammer envoie le plus gros solo du skeud. Merci encore Lolo pour m'avoir donné envie d'acheter ce disque. No regret.
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