Quand on pratique un style aussi caractéristique que celui que pratiquent les Danois de
Pretty Maids, et qui plus est lorsqu'on le pratique depuis plusieurs décennies, difficile de se réinventer ou de se défaire de toutes ces petites choses qui font votre identité depuis si longtemps. Et alors que je lançais le premier titre de ce quinzième album intitulé
Kingmaker, je n'avais aucune espèce de doute quant à ce que j'allais y trouver dans les grands lignes. Sauf immense surprise. Une immense surprise qui, bien évidemment, n'arriva pas.
Commençons donc par évoquer les points qui, concernant ce disque, m'auront le moins convaincu. Je n'ai jamais vraiment été un partisan de l'aspect le plus mélodique des travaux de Ronnie Atkins et de ses acolytes mais j'ai fini par m'accommoder de ce mélange
Hard Rock/Heavy
Metal, Heavy mélodique diraient même certains, pour peu que subsistaient au sein des titres même les moins âpres, quelques traces de cette rugueuse rugosité qui fit les plus grandes heures du groupe. Autant dire donc qu'un Face the World, qui est une sorte de joyeuseté à la musicalité guillerette qui ne peut pas vraiment se revendiquer comme une ballade, quoique, mais qui aura tous les stigmates de ces musiques émouvantes que l'on retrouve typiquement dans les teenages séries lorsqu'un adolescent qui vient de perdre sa petite amie se remémore tous ces beaux instants qu'ils ont passés ensemble en un long flashback dégoulinant, n'est pas vraiment pour moi. Tout comme d'ailleurs un Last Beauty On
Earth ou un Heavens
Little Devil qui au jeu de ces chansons à l'émotion et à la délicatesse palpable, manquant d'un peu d'aspérités en somme, ne seront pas les dernières.
Au-delà de ces morceaux qui, selon moi, gagneraient à être moins nombreux (trois fois moins nombreux pour être tout à fait exact),
Pretty Maids nous livre avec ce
Kingmaker une prestation solide et sérieuse qui, une fois encore, n'aura pas grand mal à convaincre ses adeptes et qui, une fois encore, n'aura pas grand mal à décevoir ses détracteurs. Le quintet, ou plutôt le quartet puisque le clavier Morten Sandager ne fait officiellement plus parti de la formation nordique, continuera, en effet, de nous offrir cette musique qui est la sienne depuis plusieurs albums. Relativement loin donc de sa fougue et de sa vivacité d'antan et davantage dans la musicalité et dans la recherche d'ambiance, parfois, plus sombres et pesantes où la voix unique de Ronnie, tantôt rugueuse, tantôt mélodique, même si elle ne sera plus tout à fait aussi percutante qu'autrefois, fera des merveilles. Une expression parfaitement illustrée par les très bons When
God Took A Day
Off,
Kingmaker, ou, par exemple, Humanized Me. Mais aussi par les excellents
King of the Right Here and Now à l'entame puissante et aux séquences tendues et nerveuses plutôt bien senties,
Sickening aux passages sombres et aux refrains délicieusement fiévreux et Was
That What You
Wanted qui se termine sur quelques suppliques religieuses qui ne sont pas sans nous rappeler celles qui démarraient le morceau
Sin Decade qui, à mon sens, reste l'un des meilleurs jamais écrit par le groupe.
Alors qu'avec Civilized
Monsters, l'on croyait qu'il nous faudrait endurer une énième traversée de ces déserts sucrés évoqués précédemment, et ce à cause de cette entame très langoureuse, un riff acéré, suivi d'une mélopée lourde et ténébreuse, qui n'aurait sans doute pas fait tâche sur l'album
Scream, viendra agréablement nous bousculer. Bien joué.
Pas vraiment de quoi bouleverser nos convictions profondes concernant cet album, mais bien joué.
Si l'on excepte donc deux ou trois titres, selon moi, vraiment dispensables,
Kingmaker sera au moins aussi bon qu'un
Pandemonium, qu'un
Motherland ou qu'un
Planet Panic. Largement suffisant donc pour ceux qui se satisfont de ce que la formation nous propose depuis
Scream. En revanche toujours aussi frustrant pour ceux qui attendent désespérément une suite digne de ce nom au cultissime
Future World. Il ne vous reste donc plus qu'à choisir votre camp.
Faisons-nous à l'idée que Pretty Maids ne ressortira plus d'album tel que Future World, mais tiens encore la dragée haute, avec des oeuvres dignes d'intérêt dont ce fabuleux Kingmaker que j'apprécie à chaque nouvelle écoutes!
Merci pour la chro Dark. Pas du tout convaincu par ce disque au départ, j'avoue qu'avec le temps il passe mieux. Tout à fait satisfaisant pour un groupe avec une si longue carrière.
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