La fin d'une ère... En 1999, la bande à Dani est dans le collimateur des puristes. Le dernier full-length avait sonné trop accessible pour être pleinement qualifiée de Black
Metal et les accusations d'opportunisme commencent à prendre de l'ampleur face à certains éléments scéniques assez kitsch de CoF. Et lorsque surgit cet EP
From the Cradle to Enslave, censé être une promotion du prochain DVD
PanDaemonAeon, les intentions sont nettes : tout en ajoutant une touche (auto-)parodique à son propos, Cradle veut s'ouvrir à un public plus large. Le titre éponyme servira de premier single et son double clip (avec l’actrice Emily Katerine Booth) va fortement contribuer à faire grimper en flèche la popularité du groupe. Exactement tout ce qu’il faut pour susciter la déception, l’animosité ou l'indifférence d'une frange non négligeable des Black Metalleux.
Multiples versions de l'EP obligent, l’artwork de l'EP est variable. Pour la version originale, une pochette alternative rougeâtre présentant des sortes d'humanoïdes bougons (ceux que l'on voit dans le fameux clip) qui sera directement mise en avant pour la version import US (choquons le public américain !). Pour la version digipack, on a droit à une photographie intérieure (hélas un peu trop petite) représentant une scène de torture avec le sextet en bourreaux, la malheureuse victime étant la demoiselle apparaissant sur la couverture du bootleg
The Princess of Darkness (1999). On peut dire qu’il y a une certaine cohérence : c’est justement au cours de l’un des concerts enregistré sur ce dit bootleg que fut joué le titre éponyme de l'EP en inédit.
La line-up est alors loin d’être stabilisée à la fois pour l’enregistrement de cette galette ainsi que pour le futur projet de Dani,
Midian. Chose remarquable et symptomatique à la fois de l'inégalité du contenu de l'EP ainsi que de l’ambiance exécrable qui règne alors au sein du combo, pas moins de trois batteurs sont crédités sur les différents titres de cet EP. Alors que Cradle a sorti de son répertoire deux pistes auxquelles a contribué le « gros Barker » avant qu’il ne quitte le combo, Was Sarginson, l’un des tous premiers batteurs du groupe, a fait un retour éclair en cette année 1999. Toutefois, ce sera finalement
Adrian Erlandsson, ancien d’At the
Gates et de
The Haunted fraîchement recruté par Cradle, qui sera déclaré membre permanent, obligeant donc Sarginson à chercher du taf’ ailleurs – il rejoindra le groupe
Deinonychus. Et du côté des autres musiciens, le guitariste Stuart Anstis sera virée en pleine tournée par Dani tandis que le claviériste Les Lecter jettera très vite l'éponge.
À noter que la tracklist de l’EP varie aussi selon les versions : si vous avez la chance de posséder la reprise de
Massacre “
Dawn to
Eternity ”, tirée de la démo de 1993
The Black Goddess Rises, vous pourrez constater que celle-ci est plutôt bien pensée. Ce n’est pas le cas malheureusement pour les deux autres : la reprise d’
Anathema “
Sleepless ”, commence plutôt bien, avec un début bluesy, des chuchotements et des lignes de piano bien atmosphériques mais s’essouffle très vite puis sombre dans le surfait. Celle de Misfits, “ Death Comes Ripping ”, retransmet bien l'aspect destroy de ce titre punk mais est un poil trop brouillonne.
Les nouvelles compositions “
From the Cradle to Enslave ” et “ Of
Dark Blood and Fucking ” sont tout aussi brutales et alambiquées l’une que l’autre et illustrent la mutation du style du combo vers une sorte de blackened Heavy thrashisant teinté de Gothic. Quant à “ Pervents Church... ” de l’édition européenne, ce n’est, en fait, ni plus ni moins qu’une reprise en boucle, très typé techno, des vingt premières secondes puis du refrain du titre éponyme de l’EP avec seulement trois vers chantés par
Sarah Jezebel Deva. On peut dire que c’est le premier remix electro de Cradle qui soit potable vu que celui de “ The
Twisted Nails of
Faith ” (cf. les éditions limitées de
Cruelty and the Beast), lui, n’avait aucun attrait.
Bon, maintenant, je vais pousser un coup de gueule contre l‘auto-reprise du morceau mythique “
Funeral in Carpathia ”, dont le sous-titre spécialement ajouté ici sonne comme un hommage appuyé à Iron Maiden. Un mot la résume bien : RI-DI-CULE !
Tout le charme du titre original s'en est allé. Dani se cantonne aux chants graves avec plus ou moins de succès, les orchestrations sont correctes mais alors que Sarah tente tant bien que mal d’oublier l’absence de l'alto Danielle Cneajna Cottington, le sous-mixage réduits les basses et plombe la section rythmique (syndrome
Cruelty and the Beast, mais sans la qualité du mastering qui permet de combler/camoufler ce gros défaut).
Donc, un EP trop inégal et fourre-tout, malgré un bon enchaînement des titres et un clip amusant. On pourrait facilement dire qu'au moins la moitié des morceaux font remplissage, surtout pour la version européenne.
Une œuvre à réserver davantage à ceux curieux de suivre l’évolution musicale du groupe, qui à partir de cet épisode faiblard et sera définitivement connu du grand public dans de très nombreux pays, chose jusqu’à présent rarissime pour un groupe Black
Metal à l’origine.
11/20
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N.B. – Les titres suivants de l'EP peuvent être retrouvés sur la compilation “
Lovecraft & Witch Hearts ” :
From the Cradle to Enslave ; Of
Dark Blood and Fucking (dans une meilleure version remixée) ;
Funeral in Carpathia (BQOBDV) et la reprise de
Massacre.
Les trois premiers titres sont pourtant de très bonne facture, en particulier le culte "From the Cradle to Enslave", qui vaut l'achat de l'objet à lui seul.
Le second morceau "Of Dark Blood and Fucking" a lui aussi beaucoup de charme et possède un final dantesque, même si encore une fois, Dani Filth cherche à beaucoup trop en faire dans les textes et les nombreux arrangements.
La reprise des Misfist fait justement du bien, simple et dynamique, elle reste fidèle à l'esprit "Punk" de la version d'origine, une très belle réussite!
Le reste du "EP" est sans intérêt, une reprise d'Anathema sans âme, un morceau techno qui n'a rien à faire là, et pour finir le comble, une version inacceptable et totalement inutile d'un des classiques du groupe...
Même si il contient un morceau culte, cet "Ep" reste en demi-teinte, la faute à beaucoup trop de remplissage sur les trois derniers titres...
Note: 12/20
Merci pour cette chronique et le nota de fin, j'hésité à me le prendre, car comme le dit Metaleciton, rien que pour le titre From the Cradle to Enslave , l'ep vaut le coup mais si on le retrouve avec en plus le 2e inédit Of Dark Blood and Fucking sur la compil Lovecraft & Witch Hearts , bon bin j'achéterais plutôt la compil et je vais faire l'impasse sur cette objet.
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