Combo anglais ayant défrayé la chronique au milieu des 90’s avec son Black
Metal « vampirique », son romantisme noir mêlant ambiances victorienne et lovefraftienne et la voix suraigüe de Dani
Filth,
Cradle Of Filth est rapidement devenu une machine de guerre commerciale grâce à sa signature chez Music For Nations. Seulement leur immense succès leur montant probablement à la tête, la bande à Dani a ensuite sombré dans la facilité, proposant quelques albums déclinants, avec en point d’orgue un
Thornography qui touchait littéralement le fond. Rajoutons à cela des musiciens plus occupés à picoler (ou autre) qu’à bosser en tournées avec pour résultat des prestations live parfois catastrophiques, et il n’en fallait pas plus pour qu’une grande partie des fans de la première heure abandonnent le groupe et le laissent aux mains des jeunes fans incultes davantage intéressés par leur visuel fort que par la qualité musicale.
Trainant donc comme un boulet cette étiquette de groupe has-been dont le talent est derrière lui et n’étant motivé que par le pognon, Cradle a pourtant bien redressé la barre depuis, avec notamment
Hammer of the Witches (2015) qui était de loin leur meilleure sortie depuis
Dusk and Her Embrace (1996), attirant de nouveau un semblant d’attention des anciens fans du groupe, ce qui n’est pas un mince exploit car beaucoup avaient tiré un trait définitif sur les anglais.
Leur quatorzième album
Existence Is Futile (2021) était donc attendu au tournant et ceux qui n’en attendaient rien risquent d’ailleurs d’être surpris.
L’artwork magnifique lui, ne surprendra personne car cet élément a toujours été un de leurs points forts, celui ci s’avère encore plus sombre que d’habitude avec ce roi démon avalant jeunes femmes et jeunes hommes pour ensuite les enfanter de nouveau et les jeter dans les profondeurs de l’enfer. L’arrière de la pochette avec ce vieil homme imposant et barbu qui dévore lui aussi des jeunes femmes est un clin d’œil facilement reconnaissable au tableau de
Goya : Saturne dévorant un de ses fils. Quoi qu’il en soit, travail phénoménal de Dan Goldsworthy pour le visuel.
L’Intro classique et courte digne d’un film hollywoodien emmène parfaitement l’énergique Existential Terror, soutenu par les rythmes impitoyables du marteleur Martin Skarupka, les guitares acérées de la paire Shaw / Smerda, et quelques cœurs pour une ambiance classique jusque là. C’est avec Necromantical Fantasies que le retour aux 90’s se fait sentir, avec un mid tempo et le clavier rappelant notamment Malice
Through the
Looking Glass, avec des guitares plus thrashy cependant, un titre hypnotique avec refrain revenant régulièrement, dont le sujet est une sorte de romance impossible entre une mortelle et une créature étrange si j’en crois le vidéo clip, tout le monde meurt à la fin en tous cas….
Que ceux qui aiment le
Cradle Of Filth qui envoie du bois se rassurent, Crawling
King Chaos qui suit donne dans le Black / Thrash bien agressif, le tout soutenu par des arrangements symphoniques aux petits oignons et les blast-beat «
Dark Funeraliens » de Skarupka.
L’analogie avec les 90’s se poursuit avec la courte intro Here Comes a Candle, proche dans l’esprit de Humana Inspired to
Nightmare (celle de
Dusk and Her Embrace), et les cœurs de Black
Smoke Curling from the Lips of
War qui rappellent l’époque
Sarah Jezebel Deva. Toutefois
Existence Is Futile n’est pas qu’une Madeleine de Proust voulant jouer sur la nostalgie, mais bien une pièce magistrale, composée d’ailleurs pendant le lockdown et accouchée de façon relativement douloureuse si on en croit les annotations du livret, ce qui explique son côté négatif dans le visuel et les paroles.
Alternant chansons atmosphériques et passages plus violents (parfois au sein d’un même titre), ce quatorzième album se montre homogène et sa production est puissante sans tout écraser, laissant chaque instrument trouver sa place et les arrangements magnifier le tout. How Many Tears To Nurture A
Rose propose une facette déjà bien connue de Cradle : un Black
Metal avec des riffs Speed / NWOBHM, et avec des guitares lancinantes, comme si
Dissection avait copulé avec Iron Maiden Maiden et
Exciter, ce côté Heavy
Metal se ressent d’ailleurs régulièrement sur le disque au travers des solos de guitare.
Chose que j’affectionne particulièrement, ce disque garde de grosses munitions pour la fin, notamment Sisters of the
Mist et ses arrangements prenants coupés à des riffs tourbillonnants que
Vektor ne renierait pas, et surtout Unleash the Hellion, trépidant du début jusqu’à la fin et c’est tant mieux : Cradle ce n’est pas seulement des vestales nues ou des vampirettes nymphos qui susurrent à notre oreille !
Aussi inspiré qu’
Hammer of the Witches, plus incisif que Cryptoriana, plus noir que Darkly, Darkly Venus Aversa, avec des ambiances
Dusk and Her Embrace, ce nouveau
Cradle Of Filth est très convaincant et fera fermer les bouches de ceux qui se donnent la peine d’écouter avant de critiquer (chose que je dois avouer, votre serviteur n’a pas toujours mis en pratique avec ce combo).
Quoi qu’on en pense, quoi qu’on en dise, Dani
Filth reste est un sacré chanteur, un poète sachant jouer avec les mots, et surtout un gars qui sait s’entourer et semble avoir trouvé un line-up de champions. Est-ce que cela sera suffisant pour qu’
Existence Is Futile ramène à lui les fans égarés de la première heure, ce n’est pas certain, mais ça mériterait, assurément.
BG
Idem que mon com dans la chronique de BG.
Merci pour ta chronique, je pense que je vais me laisser tenter par celui-là.
A quand la chute ? COF est adulé ou détesté mais la bande à Dani en à encore sous le pied.
Les précédents opus étaient très loin d’être daubesque et avaient tous leurs qualités intrinsèques (même les albums , de l’avis général, décriés) mais cet « EIF » est de loin le plus varié et cohérent de leur jolie discographie. On sent que le « vampire » à donner pas mal de liberté à ces zicos de s’exprimer au mieux de leur capacité.. ça c’est du management intelligent…. des leads guitars raffinés, une basse qui ronronne, un batteur qui transpire, des arrangements qui font mouche et bien distillés tout du long (on sent l’influence des groupes de la perfide albion des 80’s) , des breaks qui font le grand 8 ( entre autre l’excellent the Dying of the Embers) et notre Dani qui varie ces vocalises …niveau tracklisting pas de déchets après moults écoutes.
Dans le top 2021 à coup sûr..et une nouvelle fois un artwork qui arrache les rétines.
PS : Un grand merci a Beergrinder et Eternalis pour la qualité de leurs chroniques.
Tiens, voilà ce qu'on trouve dans les lyrics du track 4 de Midian :
Tiens, voilà ce qu'on trouve dans les lyrics du track 4 de Midian :
Goya, Bosch and Brueghel!
Three times moonwise stain thy graves,
for words alone are at loss to trace
the face of today's inhuman wraith.
Et encore une référence à Bosch (Manticore, track 9) :
I had glimpsed this Hell before
This twisted fungoid Boschian garden of insanity
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