Existence Is Futile

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17/20
Nom du groupe Cradle Of Filth
Nom de l'album Existence Is Futile
Type Album
Date de parution 22 Octobre 2021
Enregistré à Grindstone Studio
Style MusicalBlack Gothique
Membres possèdant cet album125

Tracklist

1.
 The Fate of the World on Our Shoulders
 01:37
2.
 Existential Terror
 06:17
3.
 Necromantic Fantasies
 05:40
4.
 Crawling King Chaos
 05:27
5.
 Here Comes a Candle... (Infernal Lullaby)
 01:28
6.
 Black Smoke Curling from the Lips of War
 05:21
7.
 Discourse Between a Man and His Soul
 05:30
8.
 The Dying of the Embers
 06:08
9.
 Ashen Mortality
 01:50
10.
 How Many Tears to Nurture a Rose?
 04:34
11.
 Suffer Our Dominion
 06:22
12.
 Us, Dark, Invincible
 06:26

Bonus
13.
 Sisters of the Mist
 07:14
14.
 Unleash the Hellion
 06:23

Durée totale : 01:10:17

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Cradle Of Filth


Chronique @ Eternalis

01 Novembre 2021

"Existence is Futile" s'imprègne de l’expérience du combo pour en façonner une image complète, presque archétypale

“L’immortalité est inutile, avoir vécu suffit”
Raymond Ruyer

Appeler un treizième album "Existence Is Futile" peut révéler bien des sous-entendus. Le premier automatisme de penser est forcément d’avoir en tête “Resistance is Futile”, tout autant que la portée très nihiliste de ne même pas considérer la vie comme un don, comme un cadeau précieux. C’est en fait tout l’inverse que souhaite évoquer Dani Filth à travers les textes de ce disque, moins fantasmagorique qu’habituellement et porté sur une pensée philosophique : celle de l’existentialisme. Trouver au contraire dans notre existence l’équilibre entre le savoir de notre fin imminente et le fait de profiter d’une existence précieuse, courte et intense mais futile aux yeux d’un ensemble plus grand que nous. Si les métaphores du disque (cette sublime pochette en est le plus bel exemple) sont infernales, le fond est peut-être plus positif que ce à quoi Dani nous avait habitué, traduisant clairement un âge qui avance et un questionnement sur sa propre existence qui fait du chemin.

Cradle a fait comme beaucoup vis à vis de la pandémie. Il a attendu. L’album était prêt mais l’absence de tournées promotionnelles à venir a freiné la sortie d’un disque en boite depuis 2020 pour arriver aujourd’hui (le groupe est déjà en tournée aux USA et va débuter dès l’année prochaine une tournée européenne). Comme toujours, si l’on sait désormais peu ou prou à quoi s’attendre avec les britanniques, la question est plus de savoir de quel côté la balance penchera. Plutôt vers l’excellence des dernières années ("Hammer of the Witches", le presque parfait "Godspeed on the Devil’s Thunder"), le correct lié à une expérience évidente ("Darkly, Darkly Venus Aversa" qui souffle le chaud et le froid ou encore "Cryptoriana, The Seductiveness of Decay" qui se rapproche trop de son grand frère) ou encore les opus à oublier ("Manticore and Others Horrors" ou "Thornography" qu’on ne ressort désormais plus jamais). Les longs mois d’attente ayant permi à Dani et ses compères de peaufiner à l’extrême les compositions, de n’en garder que le meilleur afin d’enlever tout le superflu ont probablement aidé à faire d’"Existence Is Futile" est album très fort, très cohérent et démontrant toujours une maîtrise totale de son art, sans expérimentations excessives mais avec suffisamment de mordant et d’actualité pour ne pas sonner comme un disque réchauffé.

L’album va puiser un peu partout dans la discographie du groupe pour conserver une moelle supérieure. Que ce soit dans la brutalité d’un "Crawling King Chaos" aux orchestrations grandioses (une fois de plus menées par le furieux batteur Martin Skaroupka) et aux vocaux succulents de violence (plus grave et lourd, comme sur "Godspeed"), le côté heavy metal d’un "Black Smoke Curling from the Lips of War" qui tire le meilleur parti du fabuleux duo de guitaristes actuel (Ashok et Richard Shaw) ou encore les colorations plus gothiques et fantomatiques des "Discourse Between a Man and His Soul" ou "Necromantic fantasies" (et son solo très mélodique à chemin entre "Nymphetamine" et "Darkly"), "Existence Is Futile" s'imprègne de l’expérience du combo pour en façonner une image complète, presque archétypale, comme si le recul sur l’album lui avait permis de lui donner un caractère presque définitif.

Les nombreux intermèdes musicaux (un pour débuter chaque face de vinyle, faisant de l’écoute un ensemble encore plus fort et réfléchi) offrent une dimension atmosphérique qui s’était un peu perdue ces dernières années, sensation encore accentuée par le retour de Doug Bradley aux narrations (la fameuse voix d’outre tombe sur "Midian", "Nymphetamine", "Thornography" et "Godspeed on the Devil’s Thunder"). Il prête sa voix à un "Suffer our Dominion" s’ouvrant sur une guitare acoustique presque paisible, avant qu’un riff mélancolique n’accompagne son timbre si particulier. Le rythme va s’emballer tout en conservant cette aura de tristesse palpable malgré la violence de l’ensemble, bien aidé par les parties de piano de la nouvelle venue Anabelle Inatri (anciennement chez Devilment). Il est également présent sur "Sisters of the Mist" (qui clôt une trilogie entamée avec "Her Ghost in the Fog") et son ouverture immédiate sur une descente de toms en faisant un instant immédiatement mémorisable.

"Existence Is Futile" est un opus infaillible dans ce qu’il propose, sans temps faible et totalement réfléchi. Il lui manque peut-être l’étincelle de génie du passé ou la spontanéité que pouvait posséder "Hammer of the Witches" qui dévoilait le line up actuel mais il parvient à proposer une aura propre, une identité marquée là où son prédécesseur direct était encore trop proche de "Hammer". Un Cradle quelque peu assagi dans le fond, toujours bestial et brutal dans la forme mais tapant avec réflexion et précision, ne sortant la grandiloquence et les hurlements suraigus que lorsque cela s’avère nécessaire. Un album mature pour un artiste façonnant un genre unique depuis 30 ans et témoignant d’une régularité impressionnante, contre vents et marrées. La marque des grands, diront certains ...

5 Commentaires

23 J'aime

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tormentor - 03 Novembre 2021:

Idem que mon com dans la chronique de BG.

JeanEdernDesecrator - 03 Novembre 2021:

Merci pour ta chronique, je pense que je vais me laisser tenter par celui-là.

fishbelly - 04 Novembre 2021:

 A quand  la chute ? COF est adulé ou détesté mais la bande à Dani en à encore sous le pied.

Les précédents opus étaient très loin d’être daubesque et avaient tous leurs qualités intrinsèques  (même les albums , de l’avis général, décriés) mais cet « EIF » est de loin le plus varié et cohérent de leur jolie discographie. On sent que le « vampire »   à donner pas mal de liberté à ces zicos de s’exprimer au mieux de leur capacité.. ça c’est du management intelligent…. des leads guitars raffinés, une basse qui ronronne, un batteur qui transpire, des arrangements qui font mouche et  bien distillés tout du long (on sent l’influence des groupes de la perfide albion des 80’s) , des breaks qui font le grand 8 ( entre autre l’excellent the Dying of the Embers)  et notre Dani qui varie ces vocalises …niveau tracklisting  pas de déchets après moults écoutes.

Dans le top 2021 à coup sûr..et une nouvelle fois un artwork qui arrache les rétines.

PS : Un grand merci a Beergrinder et Eternalis  pour la qualité de leurs chroniques.

Balze - 10 Novembre 2021:

Tiens, voilà ce qu'on trouve dans les lyrics du track 4 de Midian :

Tiens, voilà ce qu'on trouve dans les lyrics du track 4 de Midian :

Goya, Bosch and Brueghel!
Three times moonwise stain thy graves,
for words alone are at loss to trace
the face of today's inhuman wraith.

Et encore une référence à Bosch (Manticore, track 9) :

I had glimpsed this Hell before
This twisted fungoid Boschian garden of insanity

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Chronique @ BEERGRINDER

02 Novembre 2021

Cradle Of Filth is not futile

Combo anglais ayant défrayé la chronique au milieu des 90’s avec son Black Metal « vampirique », son romantisme noir mêlant ambiances victorienne et lovefraftienne et la voix suraigüe de Dani Filth, Cradle Of Filth est rapidement devenu une machine de guerre commerciale grâce à sa signature chez Music For Nations. Seulement leur immense succès leur montant probablement à la tête, la bande à Dani a ensuite sombré dans la facilité, proposant quelques albums déclinants, avec en point d’orgue un Thornography qui touchait littéralement le fond. Rajoutons à cela des musiciens plus occupés à picoler (ou autre) qu’à bosser en tournées avec pour résultat des prestations live parfois catastrophiques, et il n’en fallait pas plus pour qu’une grande partie des fans de la première heure abandonnent le groupe et le laissent aux mains des jeunes fans incultes davantage intéressés par leur visuel fort que par la qualité musicale.

Trainant donc comme un boulet cette étiquette de groupe has-been dont le talent est derrière lui et n’étant motivé que par le pognon, Cradle a pourtant bien redressé la barre depuis, avec notamment Hammer of the Witches (2015) qui était de loin leur meilleure sortie depuis Dusk and Her Embrace (1996), attirant de nouveau un semblant d’attention des anciens fans du groupe, ce qui n’est pas un mince exploit car beaucoup avaient tiré un trait définitif sur les anglais.
Leur quatorzième album Existence Is Futile (2021) était donc attendu au tournant et ceux qui n’en attendaient rien risquent d’ailleurs d’être surpris.

L’artwork magnifique lui, ne surprendra personne car cet élément a toujours été un de leurs points forts, celui ci s’avère encore plus sombre que d’habitude avec ce roi démon avalant jeunes femmes et jeunes hommes pour ensuite les enfanter de nouveau et les jeter dans les profondeurs de l’enfer. L’arrière de la pochette avec ce vieil homme imposant et barbu qui dévore lui aussi des jeunes femmes est un clin d’œil facilement reconnaissable au tableau de Goya : Saturne dévorant un de ses fils. Quoi qu’il en soit, travail phénoménal de Dan Goldsworthy pour le visuel.

L’Intro classique et courte digne d’un film hollywoodien emmène parfaitement l’énergique Existential Terror, soutenu par les rythmes impitoyables du marteleur Martin Skarupka, les guitares acérées de la paire Shaw / Smerda, et quelques cœurs pour une ambiance classique jusque là. C’est avec Necromantical Fantasies que le retour aux 90’s se fait sentir, avec un mid tempo et le clavier rappelant notamment Malice Through the Looking Glass, avec des guitares plus thrashy cependant, un titre hypnotique avec refrain revenant régulièrement, dont le sujet est une sorte de romance impossible entre une mortelle et une créature étrange si j’en crois le vidéo clip, tout le monde meurt à la fin en tous cas….
Que ceux qui aiment le Cradle Of Filth qui envoie du bois se rassurent, Crawling King Chaos qui suit donne dans le Black / Thrash bien agressif, le tout soutenu par des arrangements symphoniques aux petits oignons et les blast-beat « Dark Funeraliens » de Skarupka.

L’analogie avec les 90’s se poursuit avec la courte intro Here Comes a Candle, proche dans l’esprit de Humana Inspired to Nightmare (celle de Dusk and Her Embrace), et les cœurs de Black Smoke Curling from the Lips of War qui rappellent l’époque Sarah Jezebel Deva. Toutefois Existence Is Futile n’est pas qu’une Madeleine de Proust voulant jouer sur la nostalgie, mais bien une pièce magistrale, composée d’ailleurs pendant le lockdown et accouchée de façon relativement douloureuse si on en croit les annotations du livret, ce qui explique son côté négatif dans le visuel et les paroles.
Alternant chansons atmosphériques et passages plus violents (parfois au sein d’un même titre), ce quatorzième album se montre homogène et sa production est puissante sans tout écraser, laissant chaque instrument trouver sa place et les arrangements magnifier le tout. How Many Tears To Nurture A Rose propose une facette déjà bien connue de Cradle : un Black Metal avec des riffs Speed / NWOBHM, et avec des guitares lancinantes, comme si Dissection avait copulé avec Iron Maiden Maiden et Exciter, ce côté Heavy Metal se ressent d’ailleurs régulièrement sur le disque au travers des solos de guitare.

Chose que j’affectionne particulièrement, ce disque garde de grosses munitions pour la fin, notamment Sisters of the Mist et ses arrangements prenants coupés à des riffs tourbillonnants que Vektor ne renierait pas, et surtout Unleash the Hellion, trépidant du début jusqu’à la fin et c’est tant mieux : Cradle ce n’est pas seulement des vestales nues ou des vampirettes nymphos qui susurrent à notre oreille !

Aussi inspiré qu’Hammer of the Witches, plus incisif que Cryptoriana, plus noir que Darkly, Darkly Venus Aversa, avec des ambiances Dusk and Her Embrace, ce nouveau Cradle Of Filth est très convaincant et fera fermer les bouches de ceux qui se donnent la peine d’écouter avant de critiquer (chose que je dois avouer, votre serviteur n’a pas toujours mis en pratique avec ce combo).
Quoi qu’on en pense, quoi qu’on en dise, Dani Filth reste est un sacré chanteur, un poète sachant jouer avec les mots, et surtout un gars qui sait s’entourer et semble avoir trouvé un line-up de champions. Est-ce que cela sera suffisant pour qu’Existence Is Futile ramène à lui les fans égarés de la première heure, ce n’est pas certain, mais ça mériterait, assurément.

BG

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mechant - 27 Décembre 2021:

Cette chronique est 1 parfaite critique de ce nouvel album de COF. L'analyse y est très fine et met bien en avant les qualités retrouvées d' un COF en grande forme depuis qlq albums.

L'illustration du digipack est soignée comme à l accoutumée...1 bien bel album d'un Cradle renouvelant avec sa superbe d'antant.

Vu en concert à plusieurs reprises dont la 1ere fois pour la tournée de Cruelty and the Beast, j'ai toujours eu 1 faible pour ce groupe.

 

Baal666 - 16 Janvier 2022:

" Comme si Dissection avait copulé avec Iron Maiden" et bas c'est tellement vrai,bien pensé  ... très très bon album après un Hammer Of The Witches survitaminé lui aussi.

très bonne chronique mon cher

Crakan - 13 Septembre 2022:

Completement d accord avec vous, on retrouve le COF qu on aimait. Enfin

Goneo - 08 Avril 2023:

Très bon album en effet, pas aussi bon que leur précédent Cryptoriana, mais fait plaisir de retrouvez un Cradle avec de l'excellence. L'enchainement des 2 compos  Discourse Between a Man and His Soul et The Dying of the Embers est pour moi le ventre mou de l'album, je les trouvent un peu ennuyeuse à la longue. Bonne chronique, tout est dis, superbe pochette, de supers morceaux...

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