La femme replacée au centre de tout. La femme en tant qu’entité divinatrice, en tant que spiritualité supérieure et maléfique. La femme devenant sorcière et héritière des maux humains, symbole des peurs et des croyances d’une autre époque, pourtant encore bien ancrée chez nous par bien des aspects. Cette femme est, une fois de plus, au centre du concept du nouvel opus de Dani
Filth, retraçant différentes visions de l’inquisition et du fameux «
Malleus Maleficarum » (le nom latin du « Marteau des Sorcières », offrant son nom au onzième album des anglais).
Cradle of
Filth est d’ailleurs attendu au tournant après un "The Manticore and
Others Horrors" qui n’avait pas forcément convaincu et qui montrait un groupe en bout de course, affaibli par un line-up complètement dévasté. Ce fut encore le cas cette fois-ci, avec le départ pour la seconde fois de Paul Allender (compositeur principal), le recrutement de deux nouveaux guitaristes et surtout de Lindsay
Schoolcraft en poste de chanteuse/claviériste (poste vacant depuis le départ d’Ashley Ellyllon qui n’aura pas laissé un souvenir impérissable par ses vocaux).
Bref, dire que "
Hammer of the Witches" suscitait quelques craintes n’est pas peu dire mais les dernières prestations du groupe en live laissaient entrevoir la lumière, notamment au Hellfest où le combo se montra sous un visage conquérant, brutal et sauvage comme rarement ces dernières années, jouant allègrement des anciens titres comme pour démontrer que le poids des années ne les affectait pas.
S’il fallait faire court, il est inévitable que "
Hammer of the Witches" et ses sublimes visuels (entre l’artwork, les illustrations et les nouveaux costumes et maquillages, on retrouve une classe complètement disparue depuis quelques années où la retouche et les poses étaient de plus en plus ridicules...) boxe dans une catégorie bien différente et reviens aux premiers amours de Dani
Filth. Rick Shaw et Ashok, les nouveaux guitaristes, ont souhaité faire revivre le Cradle bestial et heavy d’antan et cela s’entend à bien des égards. Que ce soit dans les riffs, dans la voix de Dani qui retrouve sa superbe et sa brutalité, dans les arrangements symphoniques ou encore dans les multiples plans mélodiques en twin guitars purement britanniques, il y a dans ce Cradle of
Filth des éléments que nous ne pensions plus entendre. Comme si la modernité de "
Godspeed on the
Devil’s
Thunder" croisait l’ambiance d’un "
Midian" avec la brutalité d’un "
Cruelty and the Beast" et la noirceur de "
Dusk...and her Embrace". Vous avez bien lu !
Certes, il est difficile de lutter avec les albums précités mais ce nouveau disque retrouve des vertus et une qualité que nous n’attendions pas forcément, et ce à tous les niveaux.
"Yours Immortality" débute avec sauvagerie et violence l’album dans la grande tradition mais déjà, on remarque un travail sur les guitares très méticuleux, des harmonies cassant avec le jeu très sale de Paul et surtout une « british touch » apportant une énorme fraicheur à la musique. Dani y chante parfaitement et propose un refrain superbe, où il dévoile toutes ses tonalités, du chant narré au chant hurlé en passant ses hurlements caractéristiques qui reviennent en force ici. Lindsay a disséminé des notes de piano un peu partout et apporte une tonalité gothique et fantomatique intéressante par cet aspect aléatoire et clair-obscur, toujours présent mais constamment en toile de fond. Quant à Martin Skaroupka, il impressionne toujours autant et représente surement aujourd’hui l’un des atouts les plus forts au sein du groupe.
Cependant, si tout débute dans un climat connu de tous, le reste surprend bien plus. "Deflowering the Maidenhead, Displeasuring the Goddess" laisse planer une atmosphère bien plus black dans ses riffs, Dani s’y montre sans concession et surtout on y retrouve une ambiance funéraire, un côté gothique évident qui rappelle inévitablement les grandes heures de "
Cruelty and the Beast". Les nouveaux guitaristes, en revanche, ajoutent leur patte propre avec l’injection de soli démoniaques qui s’intègrent parfaitement dans l’atmosphère. Cette dernière se fait plus cérémoniale encore sur le titre-track, sensiblement plus lent mais pas moins technique, dégageant une grandeur décadente et une virtuosité évidente dans l’élaboration de cette cathédrale sonore, résonnant comme les cris de ces femmes brulées dans le dédale de la bétise humaine et de la foi religieuse et se vengeant de leurs bourreaux en brisant la croix et la retournant contre leurs agresseurs.
Cette fraicheur et cette brutalité revitalisante ne sont pourtant pas les seules qualités de ce brulot qui livre également un des meilleurs titres mid tempo du groupe avec "Enshrined in Crematoria" que l’on pourrait rapprocher dans l’esprit d’un "The
Death of Love" plus contemporain et cru. Le chant de Dani y est impérial et expressif, reposant sur un riff lourd et glauque parfaitement accompagné de quelques accélérations thrash fulgurantes et de claviers très légers mais toujours bien sentis et intelligemment placés pour instaurer cette idée de fantôme, d’âme errante à l’intérieur des compositions. Nous pouvons également citer l’épique "
Onward Christian Soldiers" qui rappelle que Cradle of
Filth n’a pas de concurrence réelle dans le black gothique qu’il pratique aujourd’hui et qu’il reste maitre total de son sujet.
Évidemment, il est difficile de placer "
Hammer of the Witches" comme un chef d’œuvre quand on a déjà écrit les lettres les plus sanglantes et significatives du genre que l’on exerce. Cradle of
Filth, s’il retrouve une inspiration et une fougue juvénile (malgré quelques écarts comme "
Right Wing of the Garden Triptych" qui rappelle trop "
Thornography" ou "
Nymphetamine"), il répète avant tout des gammes qu’il connait par cœur et qu’il fut même amené à créer il y a de cela plus de deux décennies.
S’il lui manque probablement la grâce d’une autre époque, "
Hammer of the Witches" ravive la flamme du passé et embrase une excellence que Cradle ne semblait plus amené à côtoyer. Les hurlements des sorcières risquent de résonner encore longtemps lors des longues nuits d’été à venir...
C'est peut être l'album le plus speed le plus violent du groupe ça rigole pas certes il y manque une certaine ambiance gothique si caractéristique du groupe mais je prends un sacré plaisir à écouter cette tuerie.
Bel album pour a retour gagnant ...meme si le phenomene Cradle n est plus de mise limite "has been"....dommage!
Cradle continu sa remontada, depuis Thornography et Godspeed, je le trouve un poil au dessus du précédent.
Toutes les compos sont bonnes, le riff thrash sur Vampyre at my side, la mélodie de Blackest Magick In Practice, le solo mélodique de Deflowering The Maidenhead....
L'album s'écoute et ce réécoute facilement. On est pas encore sur le niveau post nymphetamine, surtout dut au fait qu'on est tout de même sur le 12e album de Cradle, évidement ce côté surprise n'est plus là, et que ce Hammer of the Witches ne propose rien de nouveau.
14.5/20.
Merci pour la chro.
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