Enfin débarrassés de leur encombrant contrat avec Cacophonous Records grâce à un Vempire… composé dans l’urgence (et pourtant extraordinaire), les membres de
Cradle Of Filth s’attellent immédiatement à la réalisation d’un troisième album pour leur nouveau label Music For Nations. Le disque précédent ayant eu un impact retentissant sur la scène, les anglais n’ont pas droit à l’erreur et sont attendus au tournant par une nouvelle génération de jeunes fans en cette période de vulgarisation du Black
Metal. D’ailleurs en star du showbizz qui se respecte, Cradle a invité un guest à venir pousser la chansonnette sur
Haunted Shores, et quel guest puisqu’il s’agit ni plus ni moins de
Cronos (
Venom).
Avant de se pencher sur la musique, on observe que la bande à Dani évolue toujours dans un univers visuel Erotico-vampirique très soigné qui contribuera à prendre dans ses filets de jeunes ados découvrant le mot
Metal en ouvrant de grands yeux ébahis… Car
Cradle Of Filth sait soigner son image et l’artwork est parfait, mélangeant allègrement ambiances de cimetières et romantisme noir.
Heureusement les sujets de sa majesté ne misent pas tout sur l’image et les morceaux mis en boîte pour
Dusk… and Her Embrace (1996) démontrent une maturité et une efficacité rare, Damien le claviériste nous propose d’ailleurs une excellente mise en bouche avec l’intro Humana Inspired to
Nightmare.
Heaven Torn Asunder débute tout d’abord sur un riff d’inspiration Heavy avant de s’inscrire dans la pure lignée
Cradle Of Filth avec la basse pulsante de Robin, les riffs virevoltants accompagnés d’un clavier très léger, le chant écorché et suraigu de Dani et les coups de boutoir de Nicholas (d’aucuns prétendent que c’est lui la créature du docteur Frankenstein…).
Si à première vue
Dusk est assez proche de Vempire on notera tout de même des différences notables. Tout d’abord au niveau du son, le mixage est moins abrupt que sur Vempire, englobant tous les instruments en leur donnant chacun une juste place (oui, pas comme sur
Cruelty and the Beast) et dégageant une force impressionnante, même si du coup on perd un peu le côté spontané de Vempire.
Dans tous les cas la réussite est là : puissance, variété, émotion, rien ne manque, prenant modèle sur le monumental Queen of
Winter Throned du disque précédent,
Cradle Of Filth nous gratifie de titres à tiroirs prenants et inspirés à souhait, à l’image de
Funeral in Carpathia simultanément violent et très recherché, notamment dans les soli et le placement des chants féminins, ces derniers sonnant toujours comme des appels de vampires femelles vous attirant irrésistiblement dans leurs bras et donc vers la mort, surtout vue la taille de ceux de Sarah Jezebel
Diva (moi taquin ?).
Cradle Of Filth se paye même le luxe de composer une balade « Black
Metal » avec A
Gothic Romance débutant quasiment à la façon d’un slow de
Scorpions. Le morceau accélère ensuite crescendo, alternant riffs Heavy et Black avec brio. Afin d’équilibrer le disque au mieux, Dani et sa bande ont intelligemment placé les chansons plus posées entre des titres plus rapides, un
Haunted Shores hystérique clôturant l’album juste après Beauty Slept in Sodom au registre plus introspectif et atmosphérique.
Mais c’est le titre
Dusk and Her Embrace qui est à mon sens un des piliers de cet opus, on y retrouve le très grand
Cradle Of Filth : les parties narrées envoûtantes, les breaks inquiétants laissant place uniquement au clavier, les vociférations effrénées de Dani
Filth, et des accélérations de Nick Barker collant littéralement au siège, ce qui nous amène à l’unique reproche que je ferai à ce disque : quand on possède dans l’effectif un batteur de cette trempe on l’utilise à fond, or ce titre est le seul où le batteur chauve balance ses redoutables blast-beat, ce qui revient en football à faire rentrer CR7 seulement pour les 10 dernières minutes. En même temps quand on voit le « merveilleux » mixage réservé à la batterie sur la galette suivante on se dit que ce ne devait pas vraiment être une priorité pour eux…
A part cet élément batterie qui chiffonne un peu la brute qui sommeille en moi, il faut reconnaître que
Dusk… and Her Embrace a réalisé là une pure merveille de Black
Metal dit symphonique, qui s’imposera comme une référence du style cette année là aux côtés du Starfire
Burning de
Bal Sagoth et du
Moon in the Scorpio de
Limbonic Art et du Aspera
Hiems Symfonia de
Arcturus.
Cradle Of Filth a atteint son apogée musicale dès 1996 avec ses deux disques monumentaux (Vempire et
Dusk pour ceux qui n’auraient pas suivi) sortis cette même année, dès lors et malgré un
Midian de bonne facture, aucune production du groupe n’atteindra un tel niveau, rentrant même dans le rang en produisant des albums calibrés pour les ados de MTV et enchaînant les prestations live pitoyables (devant des salles combles, ce qui est justement un comble…).
Heureusement il nous reste
Dusk… and Her Embrace, témoignage du talent d’un groupe parti complètement en déliquescence dans la spirale du pognon durant les années 2000.
Et oui, mais tout ça c’était avant que Dani ne fasse son fameux duo avec Étienne Daho, enterrant définitivement les dernières racines underground du combo (comprenne qui pourra).
BG
Ou alors c'est une version qui m'a échappée, et ça voudrait dire que Dani n'a pas beaucoup de cordes à son arc pour reprendre à chaque fois la même chanson.
Sinon, pour ne pas être qu'hors sujet, je trouve que cet album est le bon équilibre entre le côté direct des précédents et le côté plus ambiancé des suivants.
A voir ce que va donner la réédition qui va prochainement sortir. Apparemment il s'agirait des enregistrements produits pour Cacophonous Records. Si c'est le cas, à voir si la différence est significative et si cela vaut le coup.
Seulement 7-8mois sépare ce Dusk de Vempire et pourtant la qualité est plus qu'au rendez-vous. C'est l'album avec lequel j'ai découvert Cradle, l'univers et l'atmophére qui y règne sont formidablement retranscrit.
Comparais au 2 premier, cela a moins de patate, on est plus sur le côté majestueux que sur la brutalité. Rien est à jeter dans cet album, malgré la longueur des morceaux, leurs richesses autant atmosphérique que musical me transporte. Marriant les rythmes purement black metal à une sorte de gothic heavy vampirique, sans nous noyer dans les nappes de synthés ou d'abus d'artifice, ce Dusk est une pièce maitresse dont peu de groupes arriveront à atteindre.
Merci pour cette belle chronique.
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