Après un album raté que fut
Destiny en 1988,
Saxon avait retrouvé quelque peu le succès avec les albums
Solid Ball of Rock,
Forever Free et
Dogs of War, dont la principale caractéristique fut la rupture avec le son que l’on connaissait depuis les années 70, immortalisé par des tubes comme 747,
Denim and Leather,
Wheels of Steel bien sur,
Princess of the Night ou encore The
Crusader et autres galettes mémorables. En effet, il était temps de couper le cordon avec les seventies,
Saxon devait évoluer avec son époque, et l’échec de
Destiny, jugé plus commercial, plus facile, moins inspiré leur servit d’avertissement. Pour ne pas disparaitre de la circulation,
Saxon avait sérieusement musclé son jeu, pour se rapprocher d’un son heavy plus viril, typique des années 90 et du Heavy
Metal allemand. En effet, les cinq musiciens de
Saxon avaient fait le choix d’enregistrer leurs opus en Allemagne, et s’étaient fortement inspiré de ce son allemand, qui allie rythme et puissance. Bien que ce son fût adopté par
Saxon en 1990 sur
Solid Ball of Rock, le véritable album du retour de
Saxon sera indéniablement
Unleash the Beast en 1997, avec une nouvelle évolution décisive du son. Celui-ci s’inscrit toujours dans la mouvance de l’école germanique, mais cette fois l’ensemble est encore plus musclé et surtout plus sombre. Ceci va redonner une nouvelle jeunesse au groupe avec des compositions plus modernes. De plus, on notera un appel au public allemand avec une couverture d’album monstrueuse montrant une créature mi-gargouille mi-démon prête à prendre son envol depuis le haut d'un édifice au style gothique. Une telle illustration rappelle quelque peu celles de
Edguy ou Motörhead, très populaires, pour ne pas dire glorifiés par le public allemand. De toutes les couvertures d’album de
Saxon, on n’avait jamais fait aussi sombre et effrayant, et celle-ci est particulièrement révélatrice de l’ambiance qui va perdurer durant tout cet album. L’introduction nommée
Gothic Dreams est exactement l'expression musicale de cette couverture et également du dessin au verso du boitier du disque, avec un heavy metal mis de coté au profit d’un instrumental angoissant, servi par des bruitages d’une autre dimension, d’un clavier très gothique, et dans le fond un chœur, le tout laissant présager une menace qui grandit et qui se rapproche.
D’ailleurs, en fermant les yeux, puis en se remémorant les deux images citées pendant l’écoute de cette intro, on se recrée sois-même cette ambiance. On imagine un autre monde, type héroic-fantasy, avec une faune et des paysages qui ne sont pas du nôtre, une tour au style gothique très haute, au bord d’un précipice effrayant de raideur pouvant nous rappeler la Tour d’Ivoire de l’Histoire Sans Fin, et tout en haut de celle-ci une bête démoniaque et sanguinaire qui attend son heure, que le soleil se couche. Puis la bête est lâchée et se déchaine sur le titre éponyme de l’album qui nous crucifie dès les premières notes, avec ce son incroyable de puissance. Un rythme entrainant, et la voix de Biff Byford convient parfaitement au ton de la chanson. En fait, on se dit qu’il est né pour ce style, et sa
Performance est peut-être encore plus étincelante, plus remarquée que sur les vieilles chansons des 70’s. Tout y est, un refrain magique, une rythmique d’enfer, et aussi un solo magistralement interprété. Cela faisait bien longtemps que
Saxon ne nous avait pas bougé comme çà. Terminal Velocity s’inscrit dans cette belle dynamique cumulant tous ces ingrédients. De plus, le thème de la chanson, à savoir la vitesse atteinte en chute libre avant l’ouverture d’un parachute est porteur pour du heavy metal. Le titre reprend celui d’un film d’action-aventures (pas terrible) de
1994 avec Charlie Sheen et Natassja Kinski. Bref, pour en revenir à la musique, c’est très bon une fois encore, avec un rythme qui ne faiblit pas, des guitares jouissives, notamment quand elles sonnent dans les aigus sur les solos.
Circle of Light ralentit un peu le rythme, mais on ne sort pas de cette ambiance sombre et pesante, avec de magnifiques mélodies de guitare, et aussi la voix inquiétante sur les couplets et émouvante sur les refrains de Biff Byford. The Thin
Red Line (« la ligne rouge ») emprunte son titre aux films de guerre du même nom de 1964 et du réussi remake (toutefois inondé de visages trop connus dans le casting) de 1998. Les paroles content le mode de vie des soldats (anglais !) pendant la seconde guerre mondiale, les raisons de leur engagement et aussi la terrible fatalité de nombre d’entre eux.
Une chanson émouvante, et magnifiquement interprétée.
Saxon continue de nous surprendre dans cet album. La chanson se termine par un petit chant de patrouille des soldats.
Ministry Of
Fools (« ministère des imbéciles ») part en guerre contre les discours politiques et les promesses non tenues. Tout ce message de contestation passe comme une lettre à la boîte grâce à un bel instrumental et la voix de Byford. Un énième tube sur cet album assurément, avec ce si beau refrain, plein d’émotion et teintée d’exaspération sur la Politique. The Preacher est une chanson très sombre, débutant avec un orgue nous évoquant la religion, et dont les paroles semblent s’orienter sur le thème de la pédophilie (et notamment dans le refrain « let the preacher lay its hand on you »). Puis
Bloodletter nous ramène de force dans l’ambiance de l’album, avec un rythme infernal et des paroles touchant au monde de l’épouvante avec les vampires. Chanson captivante malgré un refrain un peu abstrait. Cut
Out The
Disease est aussi un grand morceau du disque grâce à un rythme tourmenté, triste, sombre à souhait. On est susceptible d’aimer dès le premier écoute avec ce refrain culte : « Cut of the disease , the lies and deceipt ».
Absent Friends est le moment de recueillement en acoustique du disque, en la mémoire d’un certain John Jones et de son épouse Carole, des amis du groupe disparus pendant la composition de l’album. La musique de qualité rend encore plus beau cet hommage. L’album se termine par un bon All
Hell Breaking Loose, qui toutefois ne rivalise pas avec tous les autres tubes de l’album. La rythmique est bien là, avec une grande débauche d’énergie. Certains accords de guitare pendant les couplets nous rappellent le son du
Saxon des 70’s, difficile à décrire, mais qu’on a appelé pour simplifier le fameux « red noise ». Mais ce rythme est plus difficile à digérer que les précédents car offre peu de variations, malgré encore une fois un solo très inspiré dans le milieu de la chanson. Un grand album de
Saxon, l’album new-school de
Saxon à écouter pour ceux qui connaitraient peu sinon pas du tout ce grand groupe. Les titres oldschool restent légendaires, mais cet album nouvelle génération est un must, et à titre personnel ce fut un album qui m’eut beaucoup marqué par sa fraicheur, son énergie, et son ambiance gothique par son concept à vrai-dire aussi, alors que je n’avais que douze ans en 1999. Voilà aussi pourquoi j’ai choisi cet album très spécial pour mon vingtième article, et j’invite les puristes de Heavy
Metal à découvrir ou redécouvrir cette merveille d’un des plus grands mythes de la New Wave Of British Heavy
Metal aux cotés de Iron Maiden,
Judas Priest et
Def Leppard.
18/20
C'est vrai que Forever Free et Solid ball sont des albums plutôt bons et qu'à la différence d'ccept, le Sax' n'a jamais lâché l'affaire. Ma comparaison portait plus sur le côté heavy de Unleash tout comme le Blood of de Accept.
un détail qui n'en est pas un, que personne n'a évoqué, est l'arrivée de Doug Scarrat en lieu et place de Graham Oliver à la guitare. Du sang neuf reboost souvent les troupes.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire