Avant de débuter cette chronique, précisons aux plus jeunes que
Saxon n'a plus besoin d'être présenté, puisqu’à l’aune de sa quarante-huitième année d'existence, ce groupe de NWOBHM au statut légendaire n’a plus à démontrer que sa discographie reste incroyablement cohérente au fur et à mesure des années qui passent. En effet, depuis les impressionnants poids lourds du début des années quatre-vingts avec «
Wheels of Steel », «
Strong Arm of the Law » et «
Denim and Leather », en passant par les années nonan… quatre-vingt-di……90 (j’en peux plus… mais j’en peux plus) avec «
Solid Ball of Rock » et «
Metalhead » pour terminer de «
Lionheart » jusqu'au «
Carpe Diem » de 2022, ils n'ont jamais vraiment baissé en termes de qualité significative, et cela reste d’autant plus vrai avec cette nouvelle offrande portant le nom de «
Hell, Fire and Damnation ».
Ainsi, ce 19 janvier 2024 vit la sortie de ce vingt-sixième album via le label
Silver Lining Music, et quiconque pensait que l’histoire de cette légende britannique prendrait fin avec le départ du guitariste Paul Quinn peut ranger sa boule de cristal fissurée puisqu’il fut immédiatement remplacé par l’expérimenté Brian Tatler (
Diamond Head). Fort de ce changement important, ils démontrent qu'ils n'ont rien perdu de leur feu et de leur passion grâce à un excès du son caractéristique de
Saxon, composé de riffs féroces alliés à un sens de la mélodie clairement défini.
En effet, bien que cet album soit un peu plus Rock'N'Roll, il demeure un NWOBHM typique pourvu de riffs assez simples et lourds et d’une section rythmique puissante, bien que nos
Saxons se soient rapidement orientés vers une direction
Power Metal plus Heavy, et ce, malgré le fait que depuis les années deux-mille, ils puisent dans lesdites racines NWOBHM, le Prog
Metal et même le
Metal Symphonique, avant de revenir à un son plus Heavy que
Power Metal. D’ailleurs, l'album précédent, «
Carpe Diem », en était un exemple parfait, et son producteur, Andy Sneap, revient une fois de plus, pour ce nouveau-né, aux paroles explorant à nouveau des zones plus sombres telles que des chansons sur Roswell, la bataille d'Hastings, la Révolution française, ou encore les procès des sorcières de
Salem.
Or donc, ce nouvel opus commence par une courte intro basée sur un synthétiseur intitulée "
The Prophecy", mettant en vedette pour la narration l'acteur britannique emblématique Brian
Blessed, qui donne un ton dramatique et captivant en invoquant des images de batailles universelles et continues entre le bien et le mal, le paradis et l'enfer, tout en demandant lequel triomphera, et ce, juste avant que le groupe n'entre dans la chanson titre, un Rocker tout droit sorti du livre de jeu de
Judas Priest marquant, de facto, un début solide, en partie solennel, avec une partie instrumentale décontractée après le deuxième refrain. Inutile de signaler que dès les premiers abords, on pourrait être amené à croire que le meilleur est passé mais nos
Saxons sont assez intelligents pour ne pas utiliser leurs meilleures armes immédiatement.
Ainsi, le thermomètre monte fortement en température avec un "
Fire and Steel" montrant des échos de Motörhead vintage. En effet, à son écoute on peut aisément se rendre compte qu’elle est un hommage énergique au style de nos Britanniques lors des années quatre-vingts puisqu’elle est remplie de riffs rugissants et de solos qui résument l'esprit de cette époque. A l’évidence, ce titre est susceptible de résonner auprès des fans de longue date en servant de pont entre le passé du groupe et son présent.
Cependant, le point culminant absolu de ce disque est sans conteste "There's Something in Roswell", un véritable trésor au milieu des joyaux de cet ouvrage et pourvu d’un rythme moyen au dynamisme irrésistible et qui déborde de puissance grâce à son jeu de guitare cristallin tout en proposant un refrain brillant ; dans ce sillage, car dotées d'une énergie similaire, se placent des chansons comme "
Kubla Khan and the Merchant of Venice" et "Super
Charger".
Assurément, pour certains, ils ne seront que des Rockers lumineux qui pompent le poing et tapent du pied, mais ces différents morceaux démontrent également que la formule vieille de plusieurs décennies de
Saxon fonctionne toujours.
Du reste, "Pirates of the Airwaves" s'est un peu perdu parmi les autres chansons de l'album malgré son côté pur NWOBHM classique (grâce à son simple riff doux et son refrain chantant racontant l’histoire des stations de radio pirates), mais il semble tout de même trop simple par rapport aux autres morceaux cités précédemment. A l’inverse, "
Madame Guillotine" introduit une touche de Blues, ralentissant le rythme en ajoutant de la profondeur au profil sonore de l'album dans ce titre évoquant l'histoire de Marie-Antoinette. Il s’agit-là d’un morceau où le riff vient du nouvel homme, Brian Tatler, dans lequel on peut entendre une contrebasse du batteur Nick Glocker ; état de fait démontrant la polyvalence du groupe dans sa volonté d'explorer différents territoires musicaux tout en restant ancré dans ses racines Heavy
Metal.
Enfin, le terrestre "1066" reflète la capacité du groupe à intégrer des récits historiques dans sa musique avec ce numéro faisant une référence historique à la bataille de Hastings, où le combo laisse à nouveau beaucoup de place aux guitares et aux riffs puissants faisant mouche, à l’instar du titre étant peut-être le plus atmosphérique de l’album : "
Witches of
Salem" évoquant les procès des sorcières de
Salem.
En définitive, peu importe la façon dont le précédent ouvrage, «
Carpe Diem », se soit fait ressentir auprès des auditeurs et des fans de Rock classique, il serait mensonge de dire que ce «
Hell, Fire and Damnation » ne se situe pas un cran au-dessus de celui-ci en ce qui concerne la
Performance globale du groupe. A l’évidence, ce nouveau-né vaut vraiment le détour, bien qu’il serait présomptueux de dire qu’il attirera de nouveaux fans. Néanmoins, pour les aficionados de la première heure, qu'ils soient des fans spécifiques de
Saxon ou simplement des amoureux du genre, ils en seront très contents. Bref, accompagné d’un Biff Byford démontrant à l'âge vif de 72 ans (on va garder le nombre en chiffres pour les Belges et les Français) qu’il est toujours l’un des meilleurs chanteurs de Rock,
Saxon continue d'attester de sa maîtrise dans la création d'une musique reflétant sa riche histoire dans cette expérience agréable faisant vibrer les racines d’un
Metal pur et fascinant.
Merci pour vos retours, c'est super sympa!
@le2f : tu m'as devancé sur la réponse que j'allais donner à ELECTRICMAN, je pense comme toi que Scorpions (bien qu'il restera une légende également) aurait dû arrêter depuis longtemps! A mes yeux, leur dernier très bon album était « Humanity » et le dernier "potable" était « Sting in the Tail ». Je trouve qu'aujourd'hui malheureusement pour eux (car j'adorerai toujours ces teutons), ils ne sont plus capables d'innover, là ou justement Saxon y arrive encore! Mais ce n'est également que mon avis bien sûr!
Comme toi, je vais rater la tournée avec Judas Priest mais bon...j'espère qu'ils reviendront plus tard dans l'année ou dans un futur proche!
Il est impressionnant de voir la stabilité qualitative de Saxon malgré un nombre d'albums assez conséquent. Cette dernière sortie, si elle ne sent pas l'originalité ni la fulgurance, est quand même très agréable à l'écoute. J'avoue pourtant y être assez peu revenu et ta chronique m'a donné envie de me le relancer.
Merci pour la chronique en tout cas !
Fan de Saxon depuis leurs débuts, je n'ai jamais été déçu par les albums du groupe. Impressionnant sur scène, Saxon s'est maintenu à un haut niveau ! Je suis impatient de déguster cette nouvelle galette.
Saxon continue inlassablement sur la même autoroute, ne met jamais le clignotant ni à gauche, ni à droite, mais au moins on sait où on va, et cette fois-ci l’étape est en effet plutôt plaisante (davantage, selon moi, que les deux précédentes, qui pour le coup sentaient vraiment le pilotage automatique). Respect pour ce groupe qui, en fin de compte, se sera rarement égaré et pourra se prévaloir, sur la longueur, d'une carrière à la rare intégrité.
Merci pour la kro ! :)
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