Cannibal Corpse, un groupe qu’on a plus besoin de présenter, bon d’accord une mise au point pour les bavards du fond.
Grosse pointure du Death
Metal floridien depuis 1988,
Cannibal Corpse fait partie des précurseurs du style
Brutal Death et est adepte des riffs de guitare acérés et des lignes de basses dignes d’un rouleau compresseur complétés par une batterie martelante style "marteau piqueur". Menés au départ par Chris Barnes avec son chant guttural "gorge profonde", le groupe signe de véritables chefs d’œuvre de brutalité avec les albums
Tomb of the Mutilated, un véritable recueil de poésie (J’éjacule du sang, Necropédophile,…) ou encore
Butchered at Birth. Mais suite à divers désaccords entre les membres, Chris Barnes quitte le groupe pour se consacrer à
Six Feet Under, qui marche aujourd’hui dans l’ombre de son précédent combo ; les membres restant proposent alors à George
Corpsegrinder Fischer, alors chanteur du groupe
Monstrosity, de rejoindre la formation, il apporte une nouvelle dimension au chant, résolument plus compréhensible et efficace en passant allègrement du grunt grave et brutal à des parties hurlées tout aussi sauvages. Il signera avec le groupe des albums tels que
Gallery of Suicide, Bloodthirth ou
Kill.
Après l’efficace
Evisceration Plague, le groupe se devait de rester dans la veine qui a fondée leur succès depuis le départ de Chris Barnes: même si, à peu de choses près, ils nous ont toujours servi la même recette, on ne s’en plaint pas et les titres restent toujours aussi agréables pour le headbanging, pratique qui fait la réputation de
Fischer « Windmill » par son cou de taureau.
Ils nous ont alors préparé une nouvelle cuvée délicieusement brutale et sanguinolente :
Torture. Le titre de l’album représenterait-il l’impression que l’on se fait une fois le son de l'album dans les oreilles ?
Commençons par un point important pour
Cannibal Corpse comme pour tout groupe de Death
Metal, la pochette.
Il est intéressant de souligner le fait que le groupe a connu une petite perte de créativité visuelle sur les artworks de
Kill et
Evisceration Plague qui ne rentraient pas dans l’imagerie des précédents opus, les lois américaines stipulant d’une certaine manière qu’un album peut être brutal dans le contenu mais pas sur la forme, entendons-nous, l'artwork.
Le groupe nous offre donc ce que l’on pourrait qualifier d’artwork "masqué". On voit sur cette image un rideau de sang dans lequel se dessinent des formes humaines en fâcheuse posture et comportant un espace dans lequel apparait un personnage fidèle à l’univers du groupe, un mort-vivant visiblement autopsié, couvert d’un crâne et armé d’un couteau.
Mais la pochette est amovible et lorsque nous retirons le livret on retrouve le sourire perdu depuis l’album
Kill, le zombie en question se tenant au milieu de cadavres suspendus et éventrés, défigurés et pourrissant, en quelque sorte une bonne nouvelle.
Passons donc au contenu musical,
Cannibal Corpse n’a jamais fait vraiment partie de ces groupes qui divisent leurs opus façon "intro – album – outro", on ne s'étonne donc pas que le premier titre
Demented Agression nous arrive à la figure comme une balle de fusil rouillée qui nous arrache avec plaisir une bonne partie du visage. On n’est pas vraiment dépaysé, néanmoins la basse est quasi omniprésente et en totale adéquation avec la musique et frappe avec puissance dans nos tympans.
Les titres suivants s’enchainent et se ressemblent, avec ces tendances un peu Thrash au niveau des guitares, élément par lequel
Cannibal Corpse s’est toujours distingué des autres groupes de
Brutal Death ayant tendance à jouer de la rythmique brutale de bout en bout.
Le rythme ralentit sur le titre Followed
Home Then
Killed, un morceau qui aurait parfaitement collé en introduction de cet album, et qui repart d’un coup, d’un seul en rapidité et en brutalité.
Les titres suivants ne sont pas différents des autres, Caged…
Contorted et ses relents Thrash,
Crucifier Avenged et son impression de déjà-entendu (
Evisceration Plague), pour finir sous la mitraille de
Torn Through et sa batterie dévastatrice...
En conclusion sur ce nouvel album, une recette inchangée pour le groupe floridien qui sert la même chose depuis plusieurs années mais toujours pour satisfaire nos pulsions malsaines et perverses! On se réjouit de constater l’amélioration visuelle et d’apprécier le contenu musical équilibré pour des titres ne dépassant pas les 4 minutes - honnête pour un album de
Brutal Death! - et qui parait tout de même plus rentre-dedans que celui de son prédécesseur
Evisceration Plague par une basse plus frappante et des riffs accrocheurs. On pourrait regretter le manque de prise de risque du chant de
Fischer, un peu plat pour quelqu’un qui nous a habitué à des changements de ton soudains et efficaces; il s’y tente à quelques reprises, mais on sent qu’il a perdu de sa superbe avec des cris laissant entendre un léger souffle, la pratique de cette technique nuisant aux cordes vocales, surtout quand on l’alterne avec un chant plus guttural. L’album n’en reste pas moins tout à fait correct pour tout amateur du groupe.
Le groupe pourrait-il néanmoins se risquer à l’avenir à évoluer musicalement et à adopter de nouvelles sonorités comme par exemple sur le dernier album des
Morbid Angel, David Vincent se tannant à répéter que « les fans ragent, mais que dans quelques années ils comprendront » ? La bande à
Fischer ne semble en tout cas pas prête à tenter l’expérience, et en y réfléchissant, quelles sonorités autres que ces guitares aiguisées comme des scies rouillées, cette basse grasse à souhait et cette batterie comme greffée à une vieille mitrailleuse allemande de 1942 pourrait-on souhaiter du groupe?
Soyons sérieux,
Cannibal Corpse restera
Cannibal Corpse et s’ils décident pour un futur album de collaborer avec un DJ, je veux bien me faire bouffer les intestins par un zombie émasculé.
16/20
De plus cet album m'a plutôt bien botté, plus que les derniers.
Le seul reproche perso que je ferai est au niveau des pochettes...
Depuis "Vile" je trouve leurs dessins affreux, limite ridicules.
Lorsque l'on compare aux pochettes des 4ers opus on se rend bien compte de la différence d'impact visuel.
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