Vile (1996) et
Gallery of Suicide (1998) furent deux œuvres majeures qui marquèrent une évolution cruciale dans la carrière des floridiens de
Cannibal Corpse. Sans corrompre la nature profondément malsaine, haineuse, furieuse et sanguinaire de leur musique, ils parvinrent, grâce à la technicité de certains de leurs membres, à y développer, en effet, une capacité particulièrement heureuse prompte à la nuance salutaire et à la construction moins simpliste. Ces deux albums étaient, donc, plus sophistiqué et plus travaillé que ne le furent leurs forfaits précédents. Un progressisme que d'aucuns, férues intransigeant d'un Death
Metal immuable, accueillirent, d'ailleurs, avec scepticisme, pour ne pas dire avec animosité. Aussi, alors que le groupe s'apprêtait à donner si rapidement une suite à son fameux diptyque, ces inébranlables acariâtres ne pouvait y voir, de la part des américains, qu'une volonté assumée de poursuivre sur le même chemin artistique.
Bloodthirst, septième méfaits du cadavre cannibale, sort donc, à peine, dix huit mois après leur macabre galerie.
Un nouvel effort sur lequel il conviendra de dire qu'il s'inscrit dans l'exacte continuité de ces deux ainés. Ou plutôt comme la parfaite synthèse de ceux-là.
Brutal et technique, mais aussi, parfois, complexe et plus posé, il est, en effet, une synthèse réussie de ces deux aînés. Conjuguant la subtilité de
Gallery of Suicide à l'exaltation de
Vile, il nous offre quelques moments remarquablement délectables dans lesquels ces musiciens, et notamment ce chanteur, continuent d'exceller (Pounded Into
Dust, Coffinfeeder, Blowtorch
Slaughter, Unleashing The
Bloodthirsty, The Spine
Splitter ou encore, par exemple,
Sickening Metamorphosis).
Pourtant, malgré ses qualités évidentes, ce
Bloodthirst marque clairement l'arrêt de cette évolution entamé par ces prédécesseurs. Bien évidemment, ce constat n'a rien d'embarrassant tant l'art de
Cannibal Corpse demeure ici très abouti et très maîtrisé. Peut-être que nos extrêmes exigences à l'égard de ce monstre sacré, du moins celles de votre modeste obligé, auraient souhaité quelques bouleversements supplémentaires.
Pour clore cette démonstration, disons encore quelques mots sur la pochette de ce nouveau méfait. Impossible, en effet, d'évoquer les travaux de ces américains sans parler de ceux de Vince Locke. L'illustrateur, cette fois ci, aura délaissé ces contrés d'une frayeur réaliste (
Gallery of Suicide) pour revenir à une représentation plus fantasmagorique, plus crue, plus primaire et plus habituelle. La pochette de cette nouvelle exaction dévoile donc un monstre humano-insectoïde maculé de sang en train de se repaître de restes humains. Certains détails de cette esquisse, tel que, par exemple, ce fœtus traînant à terre attaché par son cordon ombilical à la créature, sont superbement bruts, viscéraux et malsains.
La septième offrande des américains de
Cannibal Corpse est donc un album qui s'il ne parviendra pas à se hisser au niveau de l'excellence de ces deux prédécesseurs, nous en propose une très bonne synthèse.
Le titre "Coffinfeeder" est hallucinant de maîtrise instrumentale et représente bien l'album. Le gros point positif du disque c'est que tous les titres s'enchaînes à merveilles, grâce aux nombreux breaks dévastateurs sur "Raped By The Beast" et "The Spine Splitter" par exemple...
Note: 17/20
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