Ma grand-mère dit toujours que ce sont dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, en ce qui concerne
Cannibal Corpse, je dirai que ce sont dans les vieilles entrailles qu’on trouve la meilleure tripaille. Après 25 ans de bons et loyaux services au « brisage » de nuque intensif, force est de constater que mamy avait raison,
Cannibal Corpse n’a jamais déçu à chacune de ses sorties (exception faite de «
Torture » en ce qui me concerne) et a su conserver sa fan-base tout en accrochant de la viande fraiche à chaque nouvelle livraison malgré quelques changements de line-up dont le plus notable était le remplacement de Chris Barnes par George « Corpsegrinder »
Fischer. Les prestations live du groupe ont également alimenté la légende et tous ceux qui ont déjà assisté à un concert des
Corpse, savent de quoi je parle. Deux ans après «
Torture », c’est sans aucune anxiété (dixit Alex Webster) que le quintette ressort son attirail de boucher et publiera le 16 septembre prochain, toujours chez
Metal Blade Record, son treizième long format, intitulé «
A Skeletal Domain ».
A première vue, pas de gros changement à l’horizon, l’artwork est toujours morbide et obscur à souhait, on devine que la face « gore » de celle-ci se trouvera à l’intérieur du livret, le line-up est lui aussi inchangé. Un coup d’œil aux crédits nous laisse entrevoir cependant une nouveauté, puisqu’après trois opus produit par Erik Rutan,
Cannibal Corpse a décidé de s’octroyer les services de Mark Lewis, plus connu pour ses travaux avec des formations telles que
The Black Dalhia Murder ou Devidriver.
Cette nouvelle pièce du boucher s’ouvre avec « High velocity impact spatter » et nous sommes d’emblée interpellé par la puissance de la production, là même où «
Torture » péchait. Ce morceau frappe fort d’entrée, la musique est toujours estampillée du sceau de la formation de
Buffalo, on reconnait sans mal la marque de fabrique de
Cannibal Corpse, l’alternance entre passage mid-tempo plus lourd et parties rapides est bien présente et, cette composition, tout comme l’ensemble de l’album d’ailleurs, est rehaussé d’un mixage parfait donnant une impression de puissance nouvelle, laissant présager du meilleur pour la suite.
La découverte intégrale de «
A Skeletal Domain » ne souffrira d’aucune faiblesse (ou presque). Les compositions de bravoure se succèdent et l’enchaînement des quatre premiers morceaux est tout simplement imparable, j’entends déjà les vertèbres cervicales craquées et les dents commencent à voler. Tout comme à son habitude
Cannibal Corpse, au lieu de miser sur le « blast » à outrance et balancer la bidoche à tout va, préfère miser sur la diversité, en ne laissant aucune place à la lassitude comme le titre d’ouverture bien rentre dedans, le très « slayerien » «
Sadistic Embodiment », le plus mid-tempo « Headlong into carnage », les impitoyables «
Kill or become », «
Icepick lobotomy » et « Asphyxate to Resuscitate ». Ce dernier, plutôt mid-tempo, est doté d’un riff simple et entêtant, très efficace. L’abattoir se referme en beauté avec le véloce « Hollowed bodies », qui achèvera les derniers survivants.
Même s’il est souvent coutume d’encenser un morceau plus qu’un autre, me voilà bien dans l’embarras, tant la qualité est au rendez-vous. Cependant, je mettrais en avant « Asphyxate to resuscitate », dénué de « blast » mais bigrement efficace et propice au headbanging intensif, «
Sadistic Embodiment », l’un des morceaux les plus thrash métal que les garçons nous aient pondu et qui promet une véritable guerre des tranchées dans tous les pits du monde, mais aussi « High velocity impact spatter » et le plus sinueux «
A Skeletal Domain ». En fait, le seul petit bémol de la galette est le titre « Headlong into carnage » qui opte pour une rythmique assez retenue de bout en bout, sans véritable surprise, plutôt convenu, plat et monotone.
Côté musiciens, rien à redire non plus, la manufacture à riffs, dirigée par Rob Barett et Pat O’Brien, tourne à plein régime et n’est nullement touchée par la crise, George « Corpsegrinder »
Fischer est à l’avenant et éructe toutes tripes dehors, Alex Webster éclabousse les compostions de son jeu de basse mais la palme, et c’est une surprise au vu de tous les pains qu’il nous aligne en concert, revient à Paul Mazurkiewicz, qui a su apporter un second souffle à son jeu, on se demande même, en comparaison à «
Torture », si
Cannibal Corpse n’a pas changé de batteur.
Il n’est pas chose aisé de donner un avis objectif sur un groupe qu’on affectionne tout particulièrement et ce depuis ses débuts, mais ce qui est sûr, c’est que
Cannibal Corpse a su conserver les éléments originels de ses débuts, tout en évoluant avec son temps, en évitant la stagnation et de devenir une parodie de lui-même. Après 25 ans de carrière et même si je reste un inconditionnel des 3 premières offrandes du groupe, «
A Skeletal Domain » dépasse de la tête et des épaules son prédécesseur, grâce à une production en béton armé et une inspiration retrouvée. Les compositions de cet album écrasent tout sur leur passage et ne laisseront aucun survivant.
Cannibal Corpse vient de renvoyer à leurs études toute la ribambelle de jeunes groupes ambitieux qui veulent devenir calife à la place du calife.
Cannibal Corpse est et restera un combo unique, au style bien reconnaissable, une légende encore bien vivante, irai-je jusqu’à dire que
Cannibal Corpse EST le death métal ? Peut-être….
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