Après le surprenant
Genesis qui intégrait une nette évolution sur l'harmonisation entre sonorités d'ambiance et travail structurel, Sakis Tolis et sa bande reviennent en 2004, une nouvelle recette sur le plateau. Probablement satisfaits d'avoir parfaitement réussi l'assemblage sur le précédent, une nouvelle voie s'offrait à eux, et la participation de Chris Antoniou de
Chaostar leur aura permis de concrétiser ce projet qu'est
Sanctus Diavolos.
Il est une tradition chez nos artistes grecs : Chaque album se voit presque entièrement renouvelé par rapport au précédents, aptitude due à un talent remarquable qui leur permit d'accoucher de certaines oeuvres pour le moins magnifiques,
Thy Mighty Contract en tête. Cependant, le christ pourrissant se montre toujours fidèle à certains points de repères, évoluant méandriquement au moyens d'un char très hybride aux sources difficilement attribuable, mais claires : Prenez un
Dark Metal léger, un Death mélodique étrange, mixez le tout en rajoutant des influences Thrash moderne et Heavy sans vous priver d'une poignée gourmande dans le Black epique si vous voulez un
Genesis ou un
Non Serviam. Il fût un temps,
Rotting Christ posa la première pierre du Black
Metal en Grèce et fut suivit quelques temps après par
Zemial. Bien entendu, ce
Sanctus Diavolos se montre très différent de
Non Serviam, le groupe ayant mis un terme à son black metal depuis
Triarchy of the Lost Lovers.
Celui-ci dans son ensemble représente bien une invocation au diable la plus fétichiste qui soit, et l'album peut bien s'exalter de son homogénité enviable, tout se tient à merveille sur cette galette à l'aspect religieux.
Tout d'abord par sa production parfaitement mise en oeuvre, trouvant un juste milieu entre le souffre et la performance technique, tout en évitant soigneusement le savon studio sans trempe, suivie d'une réverbération discrète mais indispensable enfermant l'assortiment dans un climat très sombre, ajoutant une légère touche de grandiloquence intelligente.
Là où Antoniou intervient, c'est avec cette chorale. Je rassure les allergiques aux productions cinématographiques dont je fais partie, ces choeurs n'ont rien à voir avec la musique d'un navet catastrophe ou l'orchestre à la masturbation facile d'un Death Cult
Armageddon. Sans jouer la carte d'un artifice boursouflé, cette chorale agit comme un atout qui donne à la musique de
Rotting Christ une grande partie de sa dimension dévotieuse sans pour autant en cacher un quelconque laisser aller de la part des artistes.
Nous avons alors devant nous des musiciens équilibrés, exploitant à la perfection leurs instruments sans débordements et faisant preuve d'une honnêteté bienvenue, se réservant quelques démonstrations rigoureuses dont le riff d'anthologie de Athanati Este, morceau inoubliable notamment par son refrain prodigieux, les rythmiques thrashysantes de Serve in
Heaven ou Doctrine, les blasts beats agressifs sur
Visions of a
Blind Order, You My
Cross ou Shades of
Evil.
Crachant une rage troublante sur l'intégralité des titres, en particulier sur Tyrannical ou ses déclamations atteignent leur paroxysme, Sakis exploite un registre vocal très sec et profond toujours très bien accordé.
Les nappes d'ambiance, très discrète au point de se fondre dans l'ensemble de l'oeuvre, opèrent très efficacement sur toute la longueur, même si Sanctimonius, seul titre ambiant de l'album, nécessite davantage leur présence, les guitares construisant la totalité des mélodies gardent l'album sur sa droite lignée pour enfin clôturer l'oeuvre sur le sublime morceau titre, une piste de 6 minutes à la puissance progressive dont le point orgasmique déclenché par la chorale sous un roulement de grosse caisse ne se contente pas de stopper brutalement. Un formidable solo de guitare vient annoncer l'arrivée de la bête sur l'autel, la foule se prosterne. Ainsi, le rideau est tiré sur la messe. Chapeau!
On peut en déduire que
Rotting Christ n'a pas frappé à côté avec ce disque, on sent que la formation a voulu exprimer une idée bien précise : Donner au grand cornu une robe plus chaleureuse tout en ne lui enlevant pas son tempérament extrème. Si je devais résumer le disque à une phrase bien précise, ce serait celle-ci :
Sanctus Diavolos est un poing dans la figure de tout vaniteux symphonique et une référence pour tout amateur de musique sombre et théatrale.
J'espère qu'avec cette déclaration, je vous aurais donné au moins un tantinet l'envie de vous le procurer, je vous le promet, il déchire...
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