Avec les grecs de
Rotting Christ, faut pas espérer se sentir au milieu de la forêt brumeuse où trainent la nuit les célèbres chevelus grimés qui encore aujourd'hui, font frissonner les amateurs du style, et non plus s'imaginer la bombarde grandiloquente aux ambiances symphos tumultueuses.
Theogonia, c'est un tout autre décor. Et effectivement, on se rapproche de la Grèce antique, beaucoup plus chaude voire désertique, pas malsain ni grandiloquent pour un sou...
Mais avant de donner son âme à la plume qui rédigera une chronique proportionnelle, il faut d'abord prendre le temps de jeter un bref coup d'oeil à la discographie.
Une discographie dont le style a toujours gardé ses bases, ce aromatisé aux changements parfois radicaux mais jamais troublant. Tenter de décrire la musique du groupe par catégorie, c'est se perdre dans un labyrinthe aux murs d'influences déjantées. Il m'a fallu pas mal d'écoutes pour cerner l'identité propre du groupe, qui, au final, saute aux yeux.
Rotting Christ, c'est un cocktail savoureux de
Dark/Black profond et raffiné, et ce
Theogonia n'échappe pas à la règle, si ce n'est que les deux opus précédents se sont armés de sonorités beaucoup plus diverses et que le penchant Death Mélodique s'accentue davantage ici, l'impressionnant
Sanctus Diavolos fut un temple d'inspiration,
Theogonia signe une autre apogée du groupe, il fait chaud au pays de Socrate, et l'uniforme du
Metal en prend pour son grade.
Rotting Christ est un fauve.
Rotting Christ est une Panthère et
Theogonia est une cérémonie célébrée en son nom, le monstre assis sur son trône de pierre autour duquel les musiciens clament ces mélodies incantatoires, sous cette lune ardente, seule lumière de cette forêt torride. Que la célébration commence!
Et The
Sign Of Prime
Creation explose, marquant le début fracassant de cet album aux superbes compositions, aux riffs puissants tantôt Death, tantôt Thrash, tantôt Heavy-Speed, ce chant gutural révolutionnaire magnifiquement bien maîtrisé, ces rythmiques taillées dans le marbre. Les blast sont rares mais quel plaisir d'en entendre d'aussi bien exécutés. Le tout est épicé de ces instruments accoustiques en essaim de diversité, livrant la galette sous une face très folk, mais d'une justesse et d'un montage plus que parfaits. Il est clair que cette diversité d'instrumentation et d'influence rend l'album unique, donne cette couleur épique et naturelle au groupe qui par sa musique, rend l'effet d'autant plus authentique, jamais prétentieux, jamais pompeux, mais impérial!
Et les morceaux se diversifient, se complètent telle une litanie, naissent de purs chef d'oeuvres, l'album est monumental. L'hymne jubilatoire
Nemecic, son refrain guerrier,
Enuma Elish, sa rythmique fracassante se métamorphosant en ce chant féminin oriental enivrant de majesté,
Threnody, ses percussions et son récital sectaire anticipant cet orage de puissance, les choeurs discrets sur Keravnos Kivernitos. Le seul hic : Rege Diabolicus est une fameuse repompe de The Fifth
Illusion sur
Non Serviam.
Pourtant la bête sort ses griffes, aspire une énorme bouffée de ce Black
Dark si puissant et pourtant si sobre. Oui, l'album est sobre, même la production nettoyée de Season Of
Mist ne gâche pas ce grand disque. C'est un voyage à travers le folklore du metal, aussi riche d'ouverture d'esprit que de puissance. Un groupe qui n'a jamais été réellement entendu, jamais considéré comme un grand du style. Il serait temps que nos yeux et nos oreilles puisse d'en approcher. N'ayez crainte, vous avez tout à y gagner!!
J'ai quelques petites préférences pour Phobos Synagogue et Enuma Elish.
Sinon, sympa ton image, il sagit bien de Blacksad non ?
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