Après
Invasion, pourtant sorti sur leur propre structure faute d’une signature sur un label (pour vous dire à quel point les maisons de disques sont parfois nulles pour repérer les talents), nos musiciens du
Kansas vont se concentrer sur la promotion de l’album et obtenir deux dates en ouverture de
Black Sabbath, rêve de gosse pour Mark Shelton, hélas la mère de
Bill Ward décèdera juste avant et
Black Sabbath annulera sa tournée.
Mais les déceptions et les coups durs forgent le caractère d’un groupe, le trio se remettra vite au travail et composeront les morceaux qui devaient figurer sur l’album
Dreams of Eschaton, mais ils n’en seront pas satisfait et mettront ces morceaux de côté pour finalement enregistrer le simplement nommé
Metal (1982), toujours par l’intermédiaire de leur bébé Roadster Records.
On retrouve ici un Heavy / Prog subtile et d’un niveau technique remarquable, (Mark Shelton est musicien depuis l’âge de 5 ans et joue dans des groupes depuis la fin des années 60, pas étonnant donc), mais
Manilla Road a fait un pas supplémentaire vers le Heavy
Metal, mettant quelque peu en veilleuse ses influences psyché / Prog, sans toutefois les abandonner complètement. Le côté planant est en effet moins présent que sur
Invasion, les titres sont plus rentre dedans, c’est sans doute la raison pour laquelle ils ont mis de côté les fameux morceaux qui paraîtront seulement vingt ans plus tard dans l’album
Mark of the Beast : soit un durcissement notable du ton.
Enter the
Warrior et sa rythmique endiablée donne le ton, Rick
Fischer et ses acolytes ont accéléré la cadence, et le côté « hippie » parfois perceptible sur
Invasion a disparu. Il est en revanche deux éléments qui restent, d’abord les solos habiles et viscéraux, comme celui remarquable de
Defender, et bien sûr la voix caractéristique de Shelton. Celle ci semble avoir gagné en maturité et il s’essaye même à des cris Thrash sur Queen of the Black Coast. Voici d’ailleurs l’un des meilleurs titres de l’album avec des rythmiques hypnotiques et une lourdeur certaine, une telle pièce avec la production de
Sin After
Sin aurait assurément été une tuerie, dommage….
Le morceau titre ressemble davantage au
Manilla Road du premier album, c’est à dire un long morceau à tiroirs avec narrations, guitares acoustiques, accélération à point nommé et solos flamboyants. Même topo pour Cage of Mirrors et ses presque neuf minutes d’ailleurs, mais niveau rythmique c’est plus solide que sur
Invasion.
Les paroles suivent l’évolution de la musique, là aussi le ton s’est durci, finit les rêves et les délires hallucinés, le combo est désormais inspiré de l’Heroïc Fantasy et de guerriers en armes, Enter the
Warrior et
Defender sont suffisamment explicites, à ce propos Queen of the Black Coast est d’ailleurs le titre d’une nouvelle de Howard, mettant en scène
Conan le farouche cimmérien.
Même si le son n’est toujours pas parfait, il y a du mieux par rapport au premier album, l’enregistrement du Miller Studio est cette fois moins catastrophique, par contre ils auraient pu garder une partie du budget pour la pochette, limite foutage de gueule avec ce logo «
Metal » gris tout carré sur un malheureux fond noir.
Malgré des gimmicks et autres caractéristiques particulières inhérentes à tous les grands groupes, on sent une évolution notable de
Manilla Road, et une certaine maturité pointer son nez, maturité qui éclatera au grand jour sur le légendaire disque suivant. En attendant
Metal est un bon disque de Heavy sur lequel les américains commencent à exploiter adroitement leur immense potentiel.
BG
@ Hibernatus : Il y a déjà eu une réédition CD : sous la forme d'un double CD Invasion / Metal par Cult Metal Classics en 2004, c'est d'ailleurs la version que j'ai, mais ça doit être difficile à trouver car épuisé depuis longtemps.
Y figurent les deux pochettes des disques et un bout de biographie du groupe et de Mark Shelton, ainsi que des détails et anecdotes très intéressantes.
Je ne comprends pas pourquoi Shelton ne voulait pas sortir ce disque (enregistré en 81 mais publié 11 an après), il est excellent! Et il chante de manière vraiment convaincante, cette voix "plaintive" qui vous emporte.
J'arrête là, la chro ne porte pas sur ce disque :-)
Quant au son, je l'ai trouvé tout à fait correct (bon, c'est pas une remasterisation non plus, on parle de Manilla Road, là). Mais j'avais lu que le double album Invasion/Metal était un bootleg dont le son n'était pas une réussite.
J'ai acheté ce disque juste à temps, vu qu'ils ont joué "Cage of Mirrors" lors de leur prestation de samedi dernier au Hellfest. Ah, voir Manilla Road en live, un rêve de trente ans ! Vous pouvez pas imaginer comme il était heureux, le petit père Hiber !
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