Spiral Castle

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16/20
Nom du groupe Manilla Road
Nom de l'album Spiral Castle
Type Album
Date de parution 04 Novembre 2002
Enregistré à Midgard Sound Labs
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album52

Tracklist

1.
 Gateway to the Sphere
 02:30
2.
 Spiral Castle
 08:26
3.
 Shadow
 04:24
4.
 Seven Trumpets
 05:19
5.
 Merchants of Death
 10:53
7.
 Sands of Time
 07:40

Durée totale : 46:29

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Manilla Road


Chronique @ Hibernatus

22 Novembre 2016

Retour délibéré aux racines Heavy Metal du groupe

Ce disque est étonnant. C'est sans doute le plus méconnu de Manilla Road, et moi-même, fan de puis 1984, je le mets rarement sur ma platine. Pourtant, chaque fois que j'y reviens, c'est toujours le même plaisir renouvelé. En partant pour cette chronique, je pensais lui décerner un honorable 14, et je me vois contraint de me brider pour ne pas lui offrir un 16... Il faut dire que sa place dans la discographie du groupe le dessert, coincé qu'il est entre le fabuleux album de la renaissance et le jubilatoire « Gates of Fire ».

Moins d'un an après avoir révélé au monde qu'il n'était pas mort, le groupe remet le couvert avec un album concocté au Midgard Sound Labs, studio de Mark Shelton himself à Wichita. Le disque sera commercialisé par Iron Glory, comme le précédent. Le secret de cette célérité tient à peu de choses : Quand en Europe on pleurait toujours la mort de cette formation, Manilla Road continuait à tourner chez les cow boys du Mid-West, dans le plus parfait anonymat. Une grosse part du matériau de cet album a été composé durant cette période obscure où le groupe ne trouvait aucun contact commercial mais s'obstinait dans sa mission autoproclamée de faire vivre son Rock envers et contre tout.

On pourrait donc s'attendre à un disque fait de bric et de broc : rien de tel, au contraire la galette est terriblement homogène. Quand « Atlantis Rising » mélangeait avec bonheur Heavy, Thrash, ballades et un zeste d'extrême, « Spiral Castle » se décrit en un mot (deux en fait) : Heavy Metal (avec une nette insistance sur le terme « Heavy »). Pas de grandes cavalcades effrénées dans cet album, on reste obstinément ancré entre la lenteur et le mid tempo.

Au passage, cet album est le siège d'une véritable révolution : le poste de vocaliste est officiellement attribué à Bryan Patrick ! Manilla Road est depuis toujours un power trio, et tout autre chanteur que Mark Shelton était difficilement envisageable, tant le timbre de ce dernier est particulier et lié consubstantiellement au son du groupe. Comment assumer une telle transition ? Les doigts dans le nez, en fait : Patrick a connu Manilla Road tout ado, a passé des années avec le groupe en tant que roadie et est devenu un des plus fidèles amis du Shark. Il se révèle être un véritable clone vocal de Shelton ! Eh quoi, suffirait-il d'être fan pour chanter dans Manilla Road ? Je vais me mettre sur les rangs. Ah, pour ça, il me faudrait tuer Bryan, et le gars est vraiment trop sympa. Bon, je renonce (vous ne connaissez pas votre chance).

Du reste, le remplacement était surtout motivé par le fait que l'organe de Shelton était trop fragilisé pour assurer tout un concert. Sur les disques studio, il reste très présent, mais Patrick s'est révélé être un formidable frontman en live. La différence ne saute pas aux oreilles et il faut écouter les titres avec attention pour discerner les deux : sur Seven Trumpets, les voix de Patrick et de Shelton alternent à un moment, sur Spiral Castle, Shelton intervient sur le refrain. Bryan a une voix plus claire, Mark est plus rocailleux et acide, mais les amoureux du timbre sheltonnien ne seront pas vraiment dépaysés.

Sept titres pour un total de plus de 46 minutes, cela fait une moyenne plus conséquente que d'habitude, même pour Manilla Road. Le plus long fait une dizaine de minutes et on ne s'ennuie pas une seconde ! Merchants of Death est une lourde et lugubre litanie dont j'avais longtemps cru qu'elle était la réponse de MR au 11 septembre (« We don't want your holy war »), mais en réalité elle avait été écrite bien avant. Un vrai chef d’œuvre de Heavy Metal, dont les différentes parties et les superbes pièces de guitare s’enchâssent dans un noir écrin. Du grand art.

Si Merchants of Death est bien lourdingue, Shadow est véritablement plombé. Il rappelle à certains égards les expérimentations à l’œuvre dans le projet personnel que Shelton avait réalisé 10 ans plus tôt, « The Circus Maximus ». Bien Heavy aussi, l'éponyme et Seven Trumpets développent des paysages plus variés et plus aérés, plus en phase avec ce que l'on attend habituellement du Road, ponctués comme il se doit des soli aériens du maître.

L'album s'ouvre et se referme sur des instrumentaux. L'opener, Gateways to the Sphere, est une introduction assez paradoxale : titre majestueux, il est dominé par un clavier plein de puissance que l'on ne retrouvera pas ensuite. L'instrumental final, Sand of Time, est beaucoup plus intéressant, mais avant de l'aborder, je dois évoquer la chanson qui le précède et dont il est le prolongement, Born upon the Soul. Fidèle aux canons de l'album, il démarre sur une rythmique bien pesante, faussement troublée par de ponctuelles et fugaces accélérations qui se rendorment sur d'étranges et intrigantes tonalités orientalisantes, que prolonge un interminable lead typiquement sheltonnien. Assez inhabituel pour du Manilla Road, qui nous rappelle ainsi une fois de plus sa constante propension à surprendre l'auditeur.

Et de nos surprises, on n'est pas au bout. Sur les dernières notes agonisantes de Born upon the Soul vient se sertir l'instrumental Sand of Time, qui n'est autre que la poursuite sur un rythme alangui du thème orientalisant de son prédécesseur. Et là, je ne suis pas loin de crier au chef d’œuvre, moi qui pourtant ne goûte guère lesdites sonorités orientales. Ce qui aurait pu être du remplissage se révèle un trait de génie. La répétition ad libitum du même thème n'engendre nulle monotonie, mais produit au contraire un effet hypnotique et envoûtant que vient renforcer l'intervention du violon mélancolique du musicien de session Mom Adon. Saluons au passage le travail aux cymbales et percussions de Scott Peters : j'ai un infini respect pour le batteur de la grande époque, Randy « Thrasher » Foxe, mais je doute qu'il aurait su faire preuve d'autant de subtilité et de délicatesse. Ainsi s'achève donc cet album, sur une note éthérée, douce-amère et pleine de magie.

Indispensable pour tout fan qui se respecte, Spiral Castle n'est sans doute pas pour autant un must-have. Gageons toutefois que l'amateur éclairé ne perdra pas son temps à frotter ses oreilles sur ce retour délibéré aux racines Heavy Metal du groupe et les quelques surprises qu'il recèle dans ses entrailles.

9 Commentaires

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Hibernatus - 05 Décembre 2016: Merci pour vos éloges immérités, je me fais juste plaisir en tentant de rendre hommage à une formation que j'adule (tiens, vous avez remarqué ça aussi? Serais-je donc si transparent?). Pour Cliff Burton, je ne sais pas, peut-être se sont-ils croisés, mais Shelton a apprécié les premiers Metallica. Quant à entendre des titres de Spiral Castle en live, oubliez : MR ne joue que des titres des 80' avec en plus un ou deux de leur dernier album en date.
largod - 05 Décembre 2016: Magnifique papier à nouveau qui transpire la passion et l'analyse juste. Merci mon canard !
ZazPanzer - 10 Décembre 2016: Meuh si tu t'en sortirais bien au chant, Jean-Luc !!! Le mec entonne des Capitaine de St Malo à pleins poumons et il fait son modeste !!
Thanx pour la tirade, jolie page d'Histoire une nouvelle fois !
Chacal - 22 Décembre 2016: Et bien, je vois que l'on a plein de "vedettes" : A quand le concert Manilla goule / led goule :)
Toujours plaisant à lire JL et tu donnes vraiment envie d'écouter ! Moi il ne me manque pas quelques Manilla road : j'en ai qu'un au contraire ! Mais je vais y remédier prochainement.
Merci pour la bafouille l'ami !
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