Six mois après la sortie du terrifiant
Harmony Corruption plaçant définitivement
Napalm Death en tête du mouvement deathgrind, le quintette de Birmingham investit un petit studio anglais durant les quatre premiers jours de mars 1991, afin de boucler quatre morceaux à partir d’une console seize pistes, et avant de s’embarquer pour une immense tournée US du 21 mars au 19 mai en compagnie de
Godflesh et
Nocturnus. Le EP nommé
Mass Appeal Madness sort officiellement le 28 mai, alors que le groupe vient tout juste de rentrer de tournée et que son leader Mick Harris annonce qu’il quitte les rangs pour se consacrer à son projet musical
Scorn. Le batteur ne participera pas à la seconde partie de la tournée d’outre-Atlantique déjà planifiée du 18 juillet au 10 septembre, aux côtés de
Sacred Reich,
Sick Of It All et
Biohazard, remplacé au pied levé par le frappeur Danny Herrera.
Mass Appeal Madness débute par son morceau éponyme tonitruant, qui rappelle toute la fougue de
Suffer the Children, fort d’un rythme entrainant contré par un break fracassant. Le puissant Pride
Assassin qui succède renferme cette même intensité débordante, fort d’un rythme effréné et de riffs deathgrind particulièrement meurtriers. Composé collectivement par Jesse, Mitch et Shane, ces deux titres sont particulièrement rassurants, montrant combien le groupe reste capable de maintenir le même niveau d’intensité sans son leader, qui composait habituellement la majorité des morceaux. Servis de surcroît par une production tranchante de Daniel Sprigg, les blast-beats de Mick et les guitares acérées de Jesse & Mitch prennent toute leur ampleur, dans un tourbillon de puissance, qui manquait quelque peu dans la production compressée de Scott Burns sur
Harmony Corruption.
Mass Appeal Madness renferme enfin les reprises dévastatrices d’
Unchallenged Hate et Social Steritily, deux brûlots grindcore parus initialement sur l’impitoyable
From Enslavement to Obliteration. Ces deux réenregistrements montrent à quel point le deuxième album de
Napalm Death aurait eu une meilleure lecture et une tout autre puissance de feu, s’il avait bénéficié d’une production à sa hauteur.
D’une durée inférieure à neuf minutes,
Mass Appeal Madness présente deux inédits essentiels dans la carrière des grinders britanniques, qui auront su rebondir après le départ de leur leader. A ce titre, la photographie du line-up au dos du EP ne trompe pas : le regard fuyant de Mick présage déjà son départ imminent tandis que ses quatre compères fixent plus fermement l’objectif.
FABIEN.
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