Revenu du diable vauvert,
Napalm Death a véritablement retrouvé une seconde jeunesse avec l'arrivée du nouveau millénaire. Deux albums (l'enthousiasmant
Enemy of the Music Business, le déflagrant
Order of the Leech), un
Live immortalisant une tournée aux airs de rédemption, un second album de reprises (
Leaders Not Followers Part 2)...les Anglais semblent avoir repris place dans un trône qu'ils avaient laissé plus ou moins orphelin, du moins aux yeux de nombreux metalheads. Malgré le tableau idyllique, le combo de Birmingham doit toutefois affronter une nouvelle épreuve. Encore associé à
Order of the Leech, mais déjà défaillant lors de certaines tournées, Jesse Pintado reste toujours en proie à de sérieux problèmes d'alcoolisme. Celui qui reste une icône aux yeux des plus anciens (ex-leader de
Terrorizer recruté par Shane Embury au début des années 90), figure incontournable du groupe malgré sa discrétion, se voit signifier la fin de l'aventure par les autres membres. C'est donc cet évènement - le retour d'un line-up à un seul guitariste- qui précède un troisième album post an 2000, The Code Is
Red...Long
Live The Code.
Enregistré au Pays de Galles à l'automne 2004, dédié au fameux John Peel décédé en cette même année, The Code confirme définitivement la voie musicale du
Napalm moderne, le morceau introductif posant le décor d'entrée:
Silence of Deafening, déferlante gind/death échevelée au refrain imparable, rase tout sur son passage. Blasts, groove, accélérations dans les gencives, beuglements de
Barney et hurlements écorchés de Mitch Harris, le morceau recèle tout le savoir de
Napalm Death, mélange fait de colère explosive et d'énergie vrombissante. Ce grindcore puissant aux relents death metal assumés constitue l'épine dorsale de l'album, qui reste globalement proche de ce qu'avait montré le groupe sur
Order of the Leech, avec peut-être un soupçon de puissance en moins. Toutefois, on note une légère évolution dans l'écriture, matérialisée par des titres plus variés et un registre plus éclectique (terme à relativiser, on parle de
Napalm Death !): l'album regorge ça et là de passages hardcore, où le mid-tempo de Danny Herrera donne un déhanché délicieux au riffing gras des cordes (The Great of The Good, Vegetative State,...). On retrouve même au delà un ancrage plus traditionnel vers le punk, comme le refrain du morceau éponyme, qui tranche vraiment avec l'atmosphère du reste de l'album. Notons enfin quelques héritages de la période Fear
Emptiness Despair, avec quelques riffs très massifs et un tempo maîtrisé donnant presque un air industriel (
Climate Controllers). Sans parler des deux derniers morceaux instrumentaux à l'ambiance industrielle qui n'apportent pas grand chose au disque par ailleurs.
Bref, on sent que la paire Embury / Harris a cherché à tout prix à varier et à aérer ses compositions pour mieux renforcer l'effet de puissance. Pari à moitié réussi: certes de nombreux titres méritent les louanges, notamment quand ils vont s'aventurer sur le terrain du grindcore décapant (constituant quand même les deux tiers du disque...), cependant les passages les plus nuancés, bien qu'apportant une respiration pertinente, sont loin d'être tous intemporels, à l'image du titre éponyme justement.
N'ayant pas la force d'impact de son prédécesseur, The Code montre donc une légère évolution lorgnant vers un death/grind plus groovy voire hardcore, évolution pertinente qui évite le surplace sans perdre l'âme profonde du death/grind du groupe.
Smear Campaign, l'album suivant qui sort en 2006, gardera la même philosophie avec un brin d'inspiration supplémentaire. The Code Is
Red reste toutefois tout à fait conforme à la qualité de la discographie du
Napalm Death des années 2000, d'une constance impressionnante, portant le grind/death au plus haut. Une discographie qui ne compte que des must have.
Cependant je te trouve quand même bien indulgent voire compatissant à mon goût, même si on ne trouve ici aucune mauvaise foi comme lorsque tu évoques Carcass ha ha...
The Code is Red... n'est quand même pas aussi saignant que ses deux prédécesseurs, et ce assez nettement je trouve. Au niveau des compositions certaines sont dispensables, et le son mortel et incisif de Order of the Leech s'est envolé.
C'est bien sûr loin d'être mauvais, mais hélas pour lui ce disque est coincé pile au milieu de 4 disques énormes...
En tous cas c'est le seul des 5 qui parvient parfois à m'ennuyer lors d'une écoute intégrale : la fameuse loi de la platine que le vieux grigou nommé plus haut se plait à évoquer régulièrement.
Indulgent ? Peut-être. Je ne cache pas mon faible pour Napalm, le respect que m'inspire ce groupe par son attitude, sa sincérité, et la façon dont il défend les fondamentaux du style. Complaisant ? Non je ne pense pas. Je ne crois pas être le genre de "fan" qui perd sa lucidité et pardonne tout écart de ses idoles (pour Carcass le problème ne se pose pas car ils n'ont jamais fait d'écart, héhé !).
Le verdict de la platine, est c'est vrai imparable: encadré par deux disques vraiment épatants, The Code en souffre. Pourtant je trouve que l'écart est plus réduit que toi. Notamment avec Smear Campaign. Je considère un peu The Code comme le "brouillon" de son successeur. Mais ça reste quand même un disque de qualité: sorti du titre éponyme qui, tu l'as compris, me sort un peu par les naseaux, et des deux morceaux finaux, je ne peux pas dire que je m'ennuie à son écoute, ça regorge quand même de bons passages, même si c'est un poil moins inspiré et moins intense que Smear Campaign par exemple. En terme de note, j'hésite entre le 14 et le 15, quand Smear et Order ont un 17/20 franc et massif. Cet écart correspond vraiment à mon ressenti, car intrinsèquement, si on occulte les autres albums récents de Napalm, ça reste quand même en haut de la chaîne alimentaire du death/grind des années 2000.
Enfin, je m’interroge tout comme toi sur l’utilité de morceaux comme Morale et Our Pain Their Power. Je n’ai jamais vraiment compris l’insistance de Napalm Death a vouloir à tout prix inclure des élements purement industriels seyant parfois difficilement avec son mélange explosif de grindcore et de deathmetal, à l’exception du morceau Harmony Corruption (figurant sur le EP Suffer the Children) que je trouve envoutant (nostalgie de la période Mick Harris ? Dieu seul le sait).
Quant à toi Laurent, prépare ton armure au concert de Watain & Destroyer666, je sors le marteau de Thor cette fois-ci. Seuls quelques rescapés y ont survécu, comme dirait le seigneur De La Palisse. Non je rigole, n'hésite pas au contraire à me solliciter si tu recherches activement un album, je t'apprendrai comment t'en passer.
Fabien.
Une nouvelle fois je vais faire mon casse-burnes en déclarant que ce skeud ne mérite pas (à mon sens) le peu d'enthousiasme que vous semblez lui porter...
Comme l'a si bien dit Eulmatt, cet opus est une sorte de "brouillon" (même si je trouve ça un peu péjoratif) à ce que sera le futur musical du combo.
"The code is red..." présente en effet pas mal d'éléments qui seront légion sur les albums suivants.
Moi je trouve qu'il y a une paire de morceaux excellents tels que "Silence is deafening"/ "Right you are"/ "Instruments of persuasion"/ "The great and the good" ou encore "Vegetative state"...etc
Certes il y a des titres pas indispensables sur ce skeud, mais bon sur 16 morceaux on ne peut avoir que des musts!
En tout cas je le considère aussi bon (voir un chouïa meilleur) que son successeur "Smear campaign".
Allez les gars, c'est bon: insultez-moi!! ha ha!
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