Peu après l’enregistrement de la face B de
Scum en 1987,
Jim Whiteley quitte
Napalm Death. Aussitôt, Mick Harris propose une seconde fois le poste de bassiste à son ami Shane Embury (
Unseen Terror), qui accepte enfin l’offre pour de bon, restant d’ailleurs le seul membre de l’époque encore en place à ce jour. En ces temps, la notoriété du groupe de Birmingham suit une courbe exponentielle, scène hardcore et metal confondues. Fort d’une maturité accrue, la bande décide alors d’enfoncer le pied au plancher durant les sessions de
From Enslavement to Obliteration aux Birdsong Studios, fermement décidé à surpasser la brutalité de
Scum. Le résultat est sans appel,
Napalm Death confirme son titre de formation la plus rapide et violente du moment, attirant les regards de la presse spécialisée.
Son label Earache Records ayant senti le coup venir, décide parallèlement de réunir
Scum et
From Enslavement to Obliteration sur un Split-CD de 54 titres pour 64 minutes, représentant ainsi le premier enregistrement de grindcore à voir le jour en support CD, et impressionnant par le nombre de ses pistes.
Napalm Death suscite dès lors un engouement sans précédent, permettant l’essor de toute la scène hardcore-grind britannique et de ses acolytes
Bolt Thrower,
Carcass ou
Extreme Noise Terror.
From Enslavement to Obliteration est un album aux tempi cataclysmiques, entraînées par les rythmes surhumains de Mick Harris, privilégiant largement le blast-beat, à l’exception du titre d’introduction Evolved As One, un morceau lent dominé par les cris dégénérés de Lee Dorrian. Si les rythmes explosifs du batteur et le riffing furieux de Bill Steer s’imposent majoritairement,
Napalm Death casse toutefois la cadence infernale à de nombreuses reprises, à l’image des débuts terrassants d’
Unchallenged Hate et du titre éponyme, ou encore des breaks laminants de Cock Rock Alienation et
Mentally Murdered.
Enfin, pour compléter ce tableau de folie, Lee éructe des grunts à s’en arracher les cordes vocales, sur des paroles contestataires et engagées, décuplant la brutalité des compositions. Malgré une violence déconcertante aux premières écoutes, de surcroît en se situant en cette année 1988, après franchissement de cette avalanche sonore, l’auditeur s’aperçoit pourtant combien la musique de
Napalm Death a un sens, et combien elle reste impeccablement contrôlée par ses interprètes, notamment grâce à l’apport immense du batteur.
L’handicap de
From Enslavement to Obliteration réside dans le son assez plat, les guitares manquant de lourdeur et de mordant, et le mixage pêchant par un déséquilibre global. Bien qu’une production plus puissante lui aurait apporté un surcroît d’énergie, comme en témoignent les fracassantes « Peel Sessions » de
Napalm Death à l’époque, ce second album du gang de Birmingham reste un pur concentré de grindcore, un étalon particulièrement déboulonnant et incroyablement brutal en cet an 1988, hissant
Napalm Death parmi les formations extrêmes les plus influentes, aux côtés de son voisin
Carcass ou de ses homonymes deathmetal transatlantiques Death,
Morbid Angel et
Repulsion.
Fabien.
Pour les Peel Sessions, une édition de 1993 de chez Strange Fruit comporte les enregistrements live de 87, 88 et 90. Et là, comme le souligne Fabien, on a toute la patate que mérite ces titres (du Scum et du From Enslavement To Obliteration, avec "Suffer The Children" en prime).
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