La carrière des anglais est longue et leur musique a changé plusieurs fois d’orientation en cours de route, avec une réussite totale en ajoutant une bonne dose de Death
Metal à leur Grindcore (
Harmony Corruption), mais beaucoup moins inspirée fut leur période Néo / Hardcore d’une mollesse affligeante sur
Inside the Torn Apart…
On croyait même
Napalm Death définitivement hors du coup à la fin des années 90 après une succession de CD sans saveur, ni énergie, mais
Enemy of the Music Business a magistralement remis les choses en place en 2000. Depuis la bande à
Barney ne joue plus au yoyo avec la qualité de ses sorties et les albums s’enchaînent avec une régularité et une qualité impressionnantes.
Time Waits for No Slave (2009) est le treizième album de l’infatigable combo de Birmingham et le moins que l’on puisse dire est que la dynamique n’est pas brisée avec cette galette. On se dit d’ailleurs que jamais Mitch Harris et ses acolytes ne cesseront de revendiquer, dénoncer, accuser et hurler leur rancœur et leur défiance de la société moderne à la face du monde : tant mieux car c’est bien dans cet exercice qu’ils excellent.
Pas d’intro comme sur
Smear Campaign ici, juste une bonne baffe Grindcore dans la gueule avec Strong-Arm ne laissant pas le moindre répit et nous amenant rapidement à
Diktat, lancé par un riff dont Mitch Harris à la secret et sur lequel Dany Herrera prouve qu’il n’a rien perdu (en tout cas il a gagné quelques kilos sur la balance le garçon) de sa force de frappe et de sa précision, un titre alternant furie et groove avec une maestria déconcertante.
Au niveau de la production c’est de nouveau Russ Russel qui s’est occupé du son à son Foel Studio avant un mastering au Parlour Studio, le résultat au top niveau : la puissance dégagée est même légèrement supérieure à l’album précédent tout en préservant un côté râpeux et grinçant si adapté au Grindcore.
Il arrive parfois à certains groupes de Death de vouloir faire souffler l’auditeur, plaçant ainsi quelques mid-tempo au mieux insipides, au pire lourdingues entre deux tueries,
Napalm Death est plus intelligent que ça, On the Brink of
Extinction malgré un rythme modeste emporte l’auditeur dans un headbang effréné (merde je viens de coller un coup de boule à mon écran) et se termine par une montée en puissance progressive et un blast-beat de derrière les fagots.
Je vois déjà venir les esprits critiques aiguisés venir m’expliquer que tout ça c’est bien beau mais que le groupe n’évolue pas et se contente de reproduire les mêmes schémas à chaque album, et bien n’en déplaisent à ces grognons,
Napalm Death propose (comme sur
Smear Campaign d’ailleurs) quelques légères innovations salvatrices qui ne dénaturent absolument pas leur Death /Grind, telles les voix claires du superbe
Time Waits for No Slave, apportant un côté étrange mais parfaitement intégrées dans l’ensemble. Un titre construit une fois de plus sur des riffs fabuleux de Mitch Harris qui donne la pleine mesure de son talent sur ce disque.
Quand
Cannibal Corpse se contente de répéter ses gammes (de fort belle façon tout de même) sur Evisceration Plague,
Napalm Death creuse son style encore plus loin et parvient à se sublimer avec la conviction d’un jeune groupe qui essaie de se faire une place au soleil. Cela dit les quatre garçons n’en oublient pas leurs origines et Downbeat Clique et ses relents Punk montrent clairement les bases du combo avec en prime une partie finale à 200 à l’heure et les fameux hurlements inimitables de Mitch.
Nous n’irons pas jusqu’à dire que
Napalm Death fait du Death atmosphérique mais le début de Passive Tense, sa fine nappe de clavier par dessus une basse pulsante et sa guitare solennelle sont assez étonnantes. Ceci dit c’est encore quand le quatuor lâche les chiens que l’efficacité est à son zénith,
Feeding Redundant balaye d’ailleurs tout sur son passage tant par les blast-beat de Dany que par des parties Mosh à se fracasser le crâne sur les murs.
On notera une petite curiosité ici avec No-Sided Argument qui contient ô surprise, un solo (pardon c’est presque un gros mot sur une chronique de
Napalm Death).
Qu’on se le dise
Napalm Death n’est pas près de déposer les armes et la dernière salve De-evolution Ad Nauseum montrera aux jeunes générations du Grind que représentent les
Inhume,
Pig Destroyer ou
Kill The Client que les sujets de sa majesté (si ils lisent ça ils me dessoudent…) en ont encore sous la pédale.
Les irréductibles (comme moi) qui choisiront l’édition collector auront droit à un digipack soigné contenant deux titres bonus dont l’étonnant Omnipresent
Knife in Your Back rappelant
Hypocrisy période éponyme, ainsi qu’un sticker « No Fucking Slave » pile dans l’esprit du disque et du groupe.
A l’image de sa pochette très réussie,
Time Waits for No Slave montre un
Napalm Death encore et toujours en première ligne pour lutter contre l’establishment et qui plus est en parvenant à renouveler son répertoire, évitant le piège trop courant de tomber dans la redite stérile.
Un album qui devrait cartonner cette année et se frayer logiquement une place parmi les albums phares de 2009. Prenez date mesdames et messieurs,
Napalm Death sera présent au Hellfest cette année et pour ceux qui l’ignorent encore les anglais sont une véritable machine de guerre sur scène : vous voilà avertis.
My tailor is rich /
Napalm Death is strong!
BG
Les contraintes de la vie du travail et de la famille font que je ne peux pas assister à tous ceux que je voudrais, mais ce n'est certainement pas par choix que je limite mes sorties en concert !
Cela dit mes dépenses en concerts sont ridicules par rapport à mes dépenses en disques, niveau collectionneur je suis boulimique à ce niveau ha ha.
La vrai passion pour moi c'est d'acheter des disques en étant boulimique comme tu dis c'est exactement ça! (rires!).
Si je ne me trompe pas, y a un solo sur scum, utopia banished et from enslavement to obliteration, nope?
Violent mais aussi terriblement accrocheur un des albums les plus abouti du groupe.
Comme quoi il est possible de se renouveler tout en gardant son style de prédilection intacte.
Une tuerie
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