L'imperfection la plus communément reprochée aux Suédois d'
Hammerfall est de toujours se complaire dans une expression Heavy
Metal invariablement semblable. Les détracteurs les plus farouchement opposés à cette formation n'ont d'ailleurs de cesse de considérer cette constance similarité, entachant l'oeuvre de ces nordiques album après album, comme une honteuse difformité.
Nul doute alors qu'à l'aube de ce
Infected, huitième album de ces Suédois, ces contradicteurs aveuglés et rendus sourds par ces a priori, auront tôt fait de condamner, une fois encore, ce groupe à une opprobre railleuse. Et ce, sans même avoir daigné s'intéresser un tant soit peu à ce nouveau travail. Le procédé consistant à juger sans même avoir écouté est arbitraire puisqu'il condamne de manière unilatérale l'ensemble des œuvres d'
Hammerfall alors que s'immergeant attentivement en elles, on découvre, bien évidemment, que chacune recèle de qualités et de défauts. Mais il sera ici bien plus inique encore car il se pourrait bien que les vils opposants soient démentis concernant l'argument de la constante similitude de l'expression musicale de cette formation. Si une telle affirmation aura trouvé en vous l'écho d'une saine curiosité à l'égard de ce
Infected, alors l'objectif est assurément atteint.
Mais cessons donc d'entretenir ce suspense insoutenable. Oui, ce nouvel album d'
Hammerfall s'éloigne, enfin, de ces terres mornes, et toutes identiques, sur lesquelles le groupe a tant erré et sur lesquelles, sans ce sursaut salutaire, il aurait fini, sans doute, par être enterré par l'indifférence cruelle d'un auditoire désinvolte et versatile.
Le premier indicateur de ce changement s'exprime au travers de la pochette. Alors qu'autrefois le groupe aura inlassablement privilégié un artwork guerrier, quelque peu caricatural, sur lequel trônait souvent sa mascotte Hector le paladin, ou du moins son évocation; voilà que ce plaidoyer se voit affublé d'une imagerie des plus troublantes. A dominante sombre et écarlate, on peut y distinguer une main frappant, semble-t-il, désespérément sur une vitre dont on aperçoit les premières fêlures. Maculé de sang dégoulinant sur tout le pourtour de la représentation graphique, le patronyme de la formation s'y inscrit en un rouge équivoque. Le résultat est assurément saisissant.
Ce premier trouble ne peut être qu'anecdotique. Indubitablement il traduit une volonté claire de la part de Joacim
Cans et de ses comparses. Et dès les prémices de ce premier titre, Patient
Zero, le constat est exaltant, évident, sublime.
Hammerfall a changé De cette première salve aux passages lourds, pesants et fiévreux avant que la délivrance d'une partie plus traditionnelle ne nous soulage puis que le retour de la lourdeur ne nous terrasse à nouveau, le groupe nous laisse entrevoir une noirceur fortuite et délicieuse. Ce titre remarquable ainsi qu'I Refuse apparaît comme le plus caractéristique de cette ténébreuse volonté trouble. Mais aussi le plus profondément enfui au cœur de cette obscurité.
Au-delà de l'opacité atypique de ces deux morceaux,
Hammerfall aura su composer des titres plus proches de son identité coutumière, non sans les avoir agrémentés, eux aussi, de certains riffs, de certaines mélodies plus sombres. Citons donc le très bon
One More Time et ses airs pesants avant qu'un break au piano ne vienne joliment nous sauver de ce délicieux accablement qui viendra finalement nous achever, à nouveau. Evoquons encore Immortalized, The Outlaw mais aussi, par exemple, Dia de los Muertos au final remarquable.
Parlons encore de
Redemption et de certains de ses passages précédés de claviers nerveux presque Techno, avant qu'un superbe refrain dont le groupe a le secret ne nous séduise. Le solo aux préambules inhabituellement dissonants de ce titre est, lui aussi, très inhabituel.
Dans ce déluge de teintes nouvelles, seuls les trop académiques
Bang your
Hand, Let's Get it On, ainsi que la ballade
Send Me a Sign, apparaissent comme peu convaincants.
Cette volonté de se renouveler est louable, mais il n'est pas nécessairement acquis qu'elle sera saluée par tous.
Quoi qu'il en soit, ne se délestant jamais de son identité propre forgée aux fers rougis d'un Heavy
Metal traditionnel,
Hammerfall nous propose, enfin, des nuances, certes, sombres mais bienvenues. Le résultat est indiscutablement étonnant, indiscutablement intéressant, indiscutablement troublant, indiscutablement obscur et, selon votre modeste serviteur, indiscutablement réussi.
C'est vrai qu'ils tournaient un peu en rond depuis quelques années.
Il était grand temps pour ce grand groupe de s'aventurer hors des sentiers qu'ils ont battu pendant 15ans. Ils les ont d'ailleurs tellement battus que c'en devenait étouffant (la poussière tout ça) (ok je sors).
Et cet album amène la fraicheur tant attendue. Oui, c'est vrai qu'on sent les inspirations d'Iron Maiden, Saxon.... et j'en passe, mais ya du changement, et le son est bon. Alors pourquoi râler ?
Il me plait bien moi cet album. Pour une fois peut être que je vais pouvoir écouter un album d'Hammerfall 2 voire 3 fois de suite sans être saoulé.
Bref, je sais pas pourquoi j'écris tout ça puisque les critiques positives pour l'album reçoivent un paquet d'avis négatifs et finissent cachés :P
Encore merci Eternalis pour ta chronique qui m'a une fois de plus amené à l'écoute d'un album :)
Merci pour ce papier objectif et pour ton analyse.
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