Un album ! Il aura suffit d’un unique opus à Hammefall pour mettre le monde à ses pieds, ou presque.
Représenter la tempête que fut "
Glory to the Brave" à sa sortie est comme revenir aux sources des grands classiques, tant il fut important pour la scène et bien des groupes.
Car en cette période de disette métallique, ponctuée par un metal urbain mené par
Machine Head,
Korn et autres
Limp Bizkit, le death sombre lentement dans sa propre décadence, le black entame sa mutation symphonique, le thrash n’est plus qu’un souvenir tandis que le heavy (sans Iron Maiden, ni
Judas Priest) est dans une agonie sans anesthésie qui semble vouée à perdurer dans le temps, malgré les groupes de heavy allemand tentant de maintenir le cap grâce à un
Helloween regagnant de sa superbe et un
Gamma Ray au top de sa créativité (venant de nous livrer un "Somewhere
Out In Space" succulent !). Dans un tel contexte, comment imaginer qu’un petit groupe (comme tant de jeunes artistes qui n’intéressaient ni les maisons de disques ni les metalleux de l’époque !) puisse lâcher une bombe de l’envergure de
Glory to the Brave ?
Signer sur le label qui montait (doux euphémisme lorsqu’on les voit aujourd’hui),
Nuclear Blast, les Suédois de
Hammerfall vont littéralement traumatiser une scène underground qui attendait vainement un leader d’envergure afin de pouvoir exploser.
Edguy,
Stratovarius,
Rhapsody ou
Iron Fire, dans des genres différents, auront fait leurs premières armes et concerts grâce au support des Suédois, inéluctablement.
Mais qu’a-t-il fait qu’en cette année 1997 le public soit si réceptif ? Vaste mystère ne trouvant encore actuellement aucune réelle réponse. La chance ? Les astres ? Une réelle créativité ? Une lassitude du neo ? Sans doute un melting pot de tous ces éléments.
Musicalement, tout le monde connait la recette de
Hammerfall, groupe ayant donné naissance à des milliers de clones, réussissant parfois à dépasser le maître. Des riffs inspirés par les grands
Manowar et Accept, une rythmique toujours très enlevée, des refrains hymniques devant être repris en concert par des centaines de poitrines en chaleur, un chant mélodique très accessible…et l’indécrottable ballade de rigueur (néanmoins très réussie ici) pour faire l’album type. Mais un album type qu’énormément de monde avait à cœur de revoir à l’époque, lassé de la médiocrité qui les accablait, ayant envie de retrouver le vrai metal du fond de leur tripes, celui qui faisait brandir épées et lances, celui qui procurait autant de joie que de beuveries, celui qui était absent depuis l’âge d’or des années 80.
Imaginer dès l’or l’impact de l’énorme "The
Metal Age" devient un jeu d’enfant. Ce riff d’ouverture semblant sortir d’un autre âge, aussi tranchant que heavy, cette sensation de retrouver le vrai (où l’appellation de «
True Metal ») heavy qui semblait perdu à jamais dans les arcanes du passé et du temps.
Il faut dire que Joachim
Cans fut le chanteur idéal pour ce renouveau, subtile alliance de traditionalisme et de modernisme, usant d’un répertoire très aigu renvoyant directement aux légendaires
Helloween (parfois irritant il faut l’avouer, mais les gens ne se souciaient pas de ça à l’époque, trop heureux de retrouver des jeunes artistes dans lesquels coulait le sang d’un metal pur et guerrier).
Et si ce premier opus, encore un peu amateur et réellement opportuniste par moments, se veut parfois maladroit, composer une tuerie comme "
Stone Gamma Ray" mérite à lui seul que l’on se penche sur son cas. Une splendide ouverture soliste (un
Judas Priest croisant la mélodicité d’un Weikath !), mené par un Stephan Elmgren surprenant, un couplet mesuré laissant venir une intelligente montée en puissance par l’intervention de riffs parfois plus perçants et couillus. Un refrain pour une fois pas si expansif que ça mais dévoilant un pont jouissif, minimaliste sur lequel un public se fait entendre pour repartir sur le refrain. La simplicité au service d’une efficacité redoutable.
Un public acquis à la cause d’un groupe qui, avec des arguments en béton armé de la trempe de "The
Dragon Lies Bleeding" (encore un putain de riff d’ouverture !), de l’effréné "
Unchained" ou de la sympathique ballade "I Believe" qui, si l’on n’atteint pas des sommets de lyrisme et de beauté, se laisse lentement déguster par sa mélodie lancinante et bien moins niaise que ce qu’ils produiront dans le futur.
Évidemment, à l’heure actuelle, une telle sortie ne ferait pas plus de vagues dans la mer que le dernier album de Tartempion mais, il y a dix ans, c’était réellement du pain béni, l’œuvre inespérée, symbole de renouveau.
Ainsi, le pitoyable et ridicule final éponyme passait comme une lettre à la poste, pourtant introduit par une infecte ligne de piano manquant autant d’aspérité et de poésie que
Cannibal Corpse manque de douceur.
Cans commencera à user de vocalises qui ne lui sied pourtant ni émotion ni virilité, simplement un ennui significatif. Car, du haut de ses sept minutes, rien ne se passera, si ce n’est un enchainement passéiste de riffs sans cohérence et répétés jusqu’à épuisement.
Mais la messe était déjà dite, les Suédois sont nés sous une bonne étoile et une horde de fans aux abois se ruèrent sur "
Glory to the Brave" et son successeur "
Legacy of Kings" (ensuite, chaque album n’est qu’une copie logique et plus ou moins conforme de ces deux opus, la pêche en moins !).
Mais rien que pour leur importance historique, nous ne pouvons que saluer l’existence de la bande à Oscar Dronjak (principal compositeur et guitariste) qui réussirent l’impensable, refaire d’un genre fondateur un style à la mode…
Très intéressant l'histoire dans cette chronique. Je ne me souvenais plus que je connaissais l'album ! En 97 j'avais 8 ans, et mon père, par manque de moyens et d'info, n'avait pas encore accroché au métal qui se faisait à ce moment là et s'est mis à acheter en priorité les groupes qu'il a aimé. J'ai l'impression au fil de mes recherches et des rencontres de metalleux qu'il y a bien eu ce tournant. On écoutait encore du Accept, JP, Manowar, Ozzy toute la journée. En 2001 ça a été l'explosion : Dimmu, Nightwish, Rammstein, Eternal Tears of Sorrow... aujourd'hui, je connais énormément d'album sorti fin 90.
Sans doute qu'Hammerfall a contribué grandement à cette renaissance. Cependant cette période a été créatif dans bien des genre, comme tu l'as dit il y a eu le Black Sympho, il y a eu de Kreator Cause for Conflict et Outcast (complètement oublié à mon avis, dommage), Widow's Weeds de Tristania, Brave Murder Day de Katatonia, bref toute une scène Doom/Gothic et une noirceur plus profonde gradissante. Rammstein a contribué aussi, d'une autre façon...
J'avais donc oublié ce premier album, préférant de loin des groupes black ou death dans le chant; nous détestions le power speed, en général. Je ne retrouve en rien les anciens groupes dans ce style. Nous avions également très mal accueilli cette vague néo metal.
De mémoire, en "power", les seuls albums que j'aime : Les 3 premiers albums de Morifade, Les débuts de Rhapsody, "Destiny" de Stratovarius, "Better than Raw" de Helloween, "No World Order" de Gamma Ray. Un peu "Nuclear Fire" de Primal Fear, "Demons and Wizards" (un de mes préférés tout genre), et pour rigoler, un "Beyond the Gates" de Cans :)
Maintenant que je réécoute ce Hammerfall, je l'apprécie plutôt bien ! Je comprends largement qu'il ait pu apporter du punch dans ces années là bien sombre dans le Heavy.
Je n'arrive pas à décrire cependant l'énorme différence que je perçois entre "Glory to the Brave", un "Hail to England", et un "Somewhere Out In Space" ou un Hammerfall plus récent par exemple. Je conçois que ce soit classé dans le même genre, mais les premiers ont des sonorités graves, les autre aigues. J'ai tellement de mal avec le power mélodique et ces voix... de la même manière que je préfère un million de fois plus Judas Priest à Iron Maiden (je parle juste de mes goûts purement subjectifs, pour moi ce n'est juste pas la même musique)
Oh, et je tiens à faire ce petit message pour la Compilation In A Gothic Spirit , un de mes meilleurs souvenirs d'enfance pour ces titres de la fin des années 90'. Une compilation marquante, plutôt représentative de l'ambiance à la fin de cette décénie. Je comprends qu'Hammerfall a dû agir comme un rayon de soleil là-dedans ^^
"le pitoyable et ridicule final éponyme" : on aura tout lu! Perso je l'adore ce morceau. Hammerfall a l'art des ballades Power Metal. On peut trouver cela sirupeux, libre à vous ;)
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