Liste des groupes Post Hardcore Neurosis (USA) A Sun That Never Sets (DVD)

Premier dvd du groupe. Et ne croyez pas que cette pièce n’est qu’un but marketing. Cette pièce est aussi conventionnelle que la musique du groupe de San Francisco. C’est-à-dire que le contenu est à l’image de la musique dans l’ensemble déstructuré de Neurosis. C’est pour cela que le contenu de ce dvd se révèle particulier.
Divisé en deux parties, le dvd comporte une série de clips strictement Neurosis. Et là encore, le groupe innove et surprend. Au lieu d’un contenu habituel : concerts, quelques clips vidéos promo pour les djeuns, interviews (du genre, c’est le meilleur album qu’on est fait parce que ma copine m’a largué) etc. C’est l’intégralité de leur album « A Sun That Never Sets » qui se trouve entièrement transposé en vidéo. Les connaisseurs se souviennent de l’impact sonore de l’album studio, ils pourront dorénavant avoir aussi l’impact visuel tout aussi hors-norme par rapport aux vidéo-clips habituels. Assisté par l’artiste visuel Josh Graham, le groupe fait rentrer l’auditeur spectateur dans un univers volontairement onirique toujours porté par une philosophie chamaniste mettant en scène les quatre éléments naturels (eau, terre, feu, air). Déjà nantis d’une couche émotionnelle très sombre sur album-studio, les titres sous la vidéo retranscrivent un monde oppressant, aux couleurs multiples à la fois organiques et irrationnelles. L’expérience en vaut largement le détour.

La seconde partie (en cadeau) est la plus complexe et la plus expérimentale. C’est la partie de l’alter-égo de Neurosis, Tribes Of Neurot, intitulé « A Resonant Sun ». Et là par contre, c’est complètement abstrait. Pour expliquer rapidement, c’est une expérience sonore avec comme matériel le mix final de l’album studio. Inspiré du travail de l’artiste Alvin Lucier dans les années 70, le groupe retranscrit chaque titre de « A Sun That Never Sets » par un principe de répétition croissant, la musique subit une lente transformation sonore au sein des dix titres (de deux à trente répétitions à la fin de l’expérience). Cela en résulte que seule l’essence musicale est pleinement écoutable (et encore, même du dark-ambiant c’est mignon à côté). Les néophytes trouveront l’ensemble indigeste, digne d’un fumage de moquette intensif, qui n’est, certes, plus musical mais prend place dans l’art sonore. Des visuels psychédéliques, improvisés et néanmoins étranges (les vibrations d’un oscilloscope) suivent cette expérience sonore. Les amateurs de Tribes Of Neurot seront pleinement satisfaits de cette recherche sonore, les autres seront sur le coup à la traîne et étranger face à un univers singulier et expérimental (sinon, se munir de quelques bouteilles de Beaujolais).

Une pièce de Neurosis et de Tribes Of Neurot est toujours synonyme de recherche à la fois visuelle et sonore. Tout est affaire de suggestion, soit d’adhésion totale, soit de répulsion (totale aussi). C’est à l’auditeur de trouver sa place dans le magma sonore et visuel du groupe.

Svartolycka