Deuxième album de
Neurosis et le premier avec le nouveau chanteur guitariste : Steve
Von Till (arrivé en 87, soit peu de temps après la sortie de «
Pain of Mind »). On se souviendra de «
Pain of Mind » comme d’un album bien dispensable et même marrant, à bien des égards, dans la discographie du groupe. Ici, il n’est pas encore question du
Neurosis tel qu’on peut le connaître maintenant. Mais on n’est plus vraiment non plus dans la période engagée du premier album. La démarche se fait plus subtile et intelligente (ou plus dingue), et cela dés la pochette, on s’en rend bien compte : terminée la rébellion facile et place à une signification plus métaphorique voire abstraite.
Avec cet album,
Neurosis commence à dévoiler un univers singulier, le tempo se fait plus lent, mais toujours vivace. Les titres sont plus longs, entre quatre et sept minutes et puis surtout, des mélodies étranges font leurs apparitions au sein de titres toujours ancrés dans une sorte de hardcore/punk, cependant plus floues et alambiquées que par le passé. Les voix se différencient plus, notamment avec la voix de Steve
Von Till, plus rauque bien que cette dernière n’ait encore rien de véritablement singulier (pas tout de suite). Quand à la voix de Scott Kelly, celle-ci monte par moments à un niveau dans les aiguës, qu’il n’arrivera jamais à refaire, je pense par la suite, dans la stridence et l’angoisse.
Il est clair que le groupe veut nettement se démarquer de la scène hardcore pour pointer un aspect autre. Les textes sont plus intéressants car ils se détachent d’une époque dans lequel étaient établis ceux de «
Pain of Mind ». Cela étant dit, on n’est pas sur les problématiques des philosophies chamans, il n’est pas encore temps. C’est pour cela que ce disque reste rationnel et non immatériel, le passage sera effectué sur le prochain disque, le phénoménal «
Souls at Zero » qui là (pour le coup) est une entrée frontale dans l’univers de
Neurosis.
Reste que ce disque est plutôt une bonne pièce de transition. « The World as Law » est l’album où l’identité première du groupe se désagrège, entrouvrant un monde musical hors-norme qui fera tout le charme et le rejet du groupe californien.
Peut-être pas indispensable, cet album est toutefois de bien meilleure facture que le pénible «
Pain of Mind », mais cela reste une acquisition archéologique, il paraît tellement illusoire de posséder ce disque (possédant quelques longueurs et un ajout de quelques titres de «
Pain of Mind » dont on pourrait allègrement se passer) alors que le meilleur arrive deux ans plus tard.
Un album fait pour vieillir, rendant la suite encore plus jubilatoire.
Svartolycka
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