Suite au traumatisant «
Enemy of the Sun » et à sa suite logique « Trough
Silver In
Blood »,
Neurosis nous revient avec cette pièce qui fait que plus de nous combler nos attentes. La sortie d’un
Neurosis étant devenue un événement en soi, c’est difficile d’y résister. Ce cinquième album du groupe est aussi bien un grand album s’inscrivant comme meilleur disque de l’année 1999 mais aussi comme la fin d’une période se terminant en apothéose sonore aussi bien jubilatoire que conceptuelle.
«
Times of Grace » se trouve être l’apogée thématique et musicale initiée par «
Souls at Zero » et «
Enemy of the Sun ». Passée une introduction indus préparant au mieux l’angoisse,
Neurosis nous assène un titre chaotique comme lui seul peut le faire émerger : voix tonitruante et tranchante de Scott Kelly, rythme brisé, emploi d’instruments hétéroclites, lourdeur ainsi qu’une intensité quasi-palpable. Cependant, c’est là qu’une dissonance se fait sentir dans la construction des titres, non pas que la structure en soit bouleversée mais qu’une certaine pesanteur s’installe dans ces morceaux plus déstructurés où pointe un esprit chaman doublée d’une aura oppressante viscérale. La crudité atmosphérique de
Neurosis a toujours été un vecteur particulièrement fort sur les variations émotionnelles de l’auditeur et ici, celle-ci atteint un niveau insaisissable tout en s’immisçant dans chaque fibre de l’auditeur de la manière la plus frontale (la touche «
Enemy of the Sun » et « Trough
Silver In
Blood »). C’est le segment supplémentaire qu’apporte «
Times of Grace », une sorte d’état entre deux entre la transe chaotique et une sensation d’avantage lointaine qui prend appui dans la visibilité sonore d’un nouvel état de perception. Le flux se fait ainsi plus intimidant, perceptif et sensitif et plonge l’écouteur dans un sentiment de confusion plus pesée et manipulée.
Là où le contact émotionnel était immédiat sur les enregistrements antérieurs du groupe se fait ici plus insidieux et pour tout dire plus oppressante en jouant sur des fausses explosions sensitives (le magnifique « Belief ») ou en pointant certaines mélodies qui ne changent en rien la confusion sonore de l’ensemble. Et ce n’est pas tout…
«
Times of Grace » est déjà en lui-même un album fantastique, cependant, le véritable choc se fait lorsque l’on passe simultanément « Grace » de
Tribes Of Neurot (l’alter-ego expérimental de
Neurosis). Là par contre, le résultat est proprement tétanisant qui me fout des frissons à chaque écoute. Car, à ce moment-là, on quitte l’objet musical pour passer à celui d’expérience multi-sensorielle. Véritable mélange tel un puzzle atmosphérique, environnement sonore, la coordination des deux albums (le yang et le yang donne le yin) est comparable à un coup de burin dans le cœur. Terrifiant !!! (voyez mon avis sur « Grace » de
Tribes Of Neurot)
L’une de mes plus grandes expériences musicales jamais faites à ce jour se trouve entre ces deux albums, montrant clairement la démarche inédite d’un groupe plus conceptuelle que par le passé. Véritable catalyseur d’émotions et de sensations, cette expérience montre que
Neurosis entraîne l’auditeur dans un espace extra-réalité, un état de réalité non ordinaire.
La rationalité n’a plus de raison d’être. Quand la sensation d’étouffement devient une entité magnifique…
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