Infatigable gardien du temple, John mcEntee a traversé et traverse toujours les années, les albums, les tournées et les line-up avec sa créature
Incantation. Alors que beaucoup de formations cultes ont parfois retourné leur veste / splitté ou ont abandonné le processus de création pour se concentrer sur des tournées où pas un morceau n’était plus récent que 1992, la formation originaire du New-Jersey n’a cessé de créer et d’avancer dans la sphère UG dans laquelle elle semble condamnée à demeurer et régner.
Que le Death
Metal soit considéré comme ringard (milieu des années 90) ou au contraire revenu à la mode (depuis le début des années 2010),
Incantation ne change rien et continue de faire du
Incantation, c’est toujours vrai avec
Unholy Deification (2023), douzième album studio du groupe prêt à relever le défi de la concurrence.
Eliran Kantor commence à avoir une belle mainmise sur les groupes de Death
Metal avec aussi
Hate Eternal et
Immolation à son tableau de chasse, il est également l’illustrateur attitré d’
Incantation depuis plusieurs albums et a donc dessiné la pochette de ce dernier : un thème classique du démon exterminateur mais franchement sombre et à la hauteur. Coté line-up le jeune guitariste Luke Shively remplace Sonny Lombardozzi auprès des installés Chuck Sherwood (basse) et Kyle Severn (batterie).
Pour ce qui est du contenu musical, Offerings (sans la moindre intro) débute abruptement avec des riffs purement incantation et à 3:14 une fin
Doom / Death classique. Concordat lui, propose d’abord un mid-tempo avant d’accélérer comme il se doit. On commence à taper dans du plus costaud avec l’intense
Chalice, proche de la période
Diabolical Conquest (avec un son plus clair) et des breaks et changements de rythme intéressants.
Homonculus enchaine avec ses guitares torturées, une succession d’harmoniques sifflées et son final
Doom / Death, alors qu’Invocation est lui l’un des meilleurs morceaux de l’album, avec un côté sombre
Mortal Throne of Nazarene allié à une violence plus
Diabolical Conquest.
On le sait bien, il est difficile de contenter les fans, ces derniers étant prompts à critiquer lorsque le groupe fait de la redite mais aussi lorsqu’au contraire ils changent leur façon de faire. Concernant
Incantation l’évolution majeure des derniers albums est la présence d’une production moins étouffante, plus claire qui en fait grincer certains des dents. Il faut comprendre qu’au bout de 35 ans les musiciens n’ont certainement pas envie de copier
Onward… ou Mortal Throne… juste pour plaire aux plus radicaux, sachant que nous sommes heureusement loin des productions en plastique utilisées parfois dans le Death
Metal dit technique, de surcroit celle d’
Unholy Deification est légèrement plus robuste que sur les albums précédents, et accompagne parfaitement le growl de mcEntee, guttural comme jamais.
Décrire un disque de la bande à McEntee au track by track n’est pas chose aisée, ayant déjà chroniqué de nombreux disques d’eux je pourrais faire un copier-coller pour certains titres, une façon de dire que les fondamentaux sont là, vous l’aurez compris.
La deuxième partie du disque est cependant un poil plus faible, avec notamment un
Convulse un peu convenu et pataud sur la durée. Qu’à cela ne tienne, le direct
Exile et le final
Circle où interviennent notamment Jeff Becerra (
Possessed) et Henry Veggian (
Revenant) en chanteurs invités remettent les choses en ordre.
Fort d’une fanbase toujours fidèle, d’une côte de sympathie méritée, et bien entendu d’une musique toujours performante,
Incantation devrait faire du bruit avec
Unholy Deification, offrande tout simplement sincère au deathcult que nous chérissons tous.
Ceux qui souhaitent écouter du
Incantation 1990-1995 auront l’embarras du choix avec les nombreux copycats (excellents ou dispensables suivant lesquels), mais le
Incantation cru 2023 n’est clairement pas si mauvais, pas du très grand, mais du tout bon.
BG
Merci pour la chro Lolo, ça va m'éviter d'investir des deniers dans un disque qui me sera agréable mais qui va vite ptendre la poussière. Dans mon approche d'Incantation j'ai beaucoup de mal à vraiment accrocher depuis leur retour en 2012, oui je suis d'accord avec toi le son s'est éclairci comme Immolation, mais Immolation me fait toujours dresser le poireau Incantation non. Donc chronique plus qu'utile car ele permet de cerner parfaitement l'album.
Merci pour le papier, effectivement Incantation fait du Incantation c'est bien mais comme dit plus haut si on compare le même parcours avec Immolation, celui-ci fait encore dresser le poireau alors qu'Incantation nous laisse sur notre faim de tabassement, pourtant le premier titre de l'album est une pure tuerie puis ensuite c'est bien mais moyen. On va dire qu'ils peuvent mieux faire. J'hésite encore à l'achat. On verra si je trouve rien d'autre intéressant mais ya de belles sorties en septembre donc...
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