Les américains d'
Incantation, en cette année 1998, continueront d'échafauder cette sombre bâtisse dévolue aux cérémonies occultes et mécréantes. Pour ce faire ils n'auront guère changé les matières premières desquelles ils auront extrait ces roches noires suintantes d'une humeur épaisse avant de les associer. A la fois arraché à ces terres Death
Metal d'obédience américaine et à la fois à celle
Doom Metal, sublimé par les voix délicieusement sépulcrales d'un remarquable Craig Pillard, l'amalgame aura laissé entrevoir sa solidité et ses vertus en d'autres temps (
Onward to Golgotha (1992) et
Mortal Throne of Nazarene (
1994)). Aucun changement de nature à faire naitre ne serait ce que l'once d'une crainte à l'aune de ce
Diabolical Conquest donc.
L'illustration de Miran Kim tendrait même à confirmer une rassurante continuité quant au contenu de ce disque. Peut être un peu moins abscons qu'à l'accoutumé, son artwork demeure, en effet, très organique, abjecte et séduisant.
Pourtant derrière cette apparente tranquillité d'une constance feinte, se dissimule un énorme bouleversement.
Incantation n'est plus un quatuor mais un trio. Cette nouvelle, déjà déstabilisante, n'est cependant pas grand chose au regard d'une autre. Non seulement
Incantation n'est plus qu'un trio mais c'est Craig Pillard qui a quitté le groupe. Les dissensions musicales l'opposant à John McEntee ne pouvait être résolu d'une autre façon. Alors que le chanteur souhaitait bâtir une construction sur des soubassements de plus en plus empreint de ces lenteurs
Doom, dans lesquels, soit dit en passant, sa voix si particulièrement caverneuse et grave s'épanouissait pleinement, le guitariste, quant à lui, désirait garder les fondations résolument brutales de ce Death
Metal blasphématoire. La scission était inévitable. L'avenir incertain puisque au delà des caractéristique strictement musicale de cette formation, les chants de Craig était l'un des éléments marquant définissant quelques unes des vertus du quartet.
Le mexicain Daniel Corchado (
The Chasm, ex-
Cenotaph, ex-Damned
Cross, Obeissance) hérite de la lourde tache de remplacer l'emblématique vocaliste. Ainsi que de celle de succéder au bassiste Kevin Hughes qui, lui aussi, a quitté l'aventure.
Dès l'entame de ce nouvel effort, nous pouvons d'ailleurs constater que le latino-américain ne démérite absolument pas dans un registre vocale très similaire à son homologue partis vers d'autres horizons. Tant et si bien d'ailleurs que l'âme résolument ténébreuse, exhalé en un râle méphitique d'un
Metal de la mort aux atmosphères épaisses ténébreuses et aux accès de furie chaotique incessant, signature caractéristique d'
Incantation, est présente en chaque recoin de cet opus. Citons les remarquables Disciples Of
Blasphemous Reprisal, Shadows from
The Ancient The Chasm, Unleashing Skies, un instrumental introduisant magnifiquement un somptueux
United In
Repugnance.
Malgré cette révolution,
Incantation poursuit imperturbablement son chemin sur la voie d'excellence qu'il a emprunté dès
Onward to Golgotha. Une opiniâtreté qui témoigne indiscutablement des qualités de son artisan le plus acharné, John McEntee. Ce nouvel opus du, désormais, trio américain est donc tout aussi indispensable que ses prédécesseurs les plus illustres.
Bon alors, tu le vends combien ton first press out of print ?
(Laughing out loud)
Fabien.
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