S'enfonçant davantage encore dans les tréfonds abyssaux d'une savoureuse noirceur, les musiciens d'
Incantation, vont, en cette année
1994, sur ce nouvel effort baptisé
Mortal Throne of Nazarene, continuer à nous offrir l'expression de ce Death
Metal à la fois furieux et chaotique, aux atours typiquement américains donc, et à la fois enrichi de ces atmosphères, et de ces passages, superbement lourds aux arômes familiers qui ne sont pas sans nous évoquer ceux de funestes contrées
Doom et
Doom Death. Le tout paré de cette humeur délicieusement impie, épaisse et ténébreuse suintant de tous les pores de cet opus somptueusement ennobli par les voix sépulcrales d'un excellent Craig Pillard. Pourtant, si ce nouveau plaidoyer s'inscrit indiscutablement dans l'exacte continuité de son sublime prédécesseur, il va plus loin encore. Repoussant les limites de cette expression si particulière, il nous donne à entendre l'affirmation pleinement assumée d'une volonté plus extrême. Cet album est donc un peu plus sombre, un peu plus furieux et un peu plus abscons que l'excellent
Onward to Golgotha. Il est aussi un peu meilleur.
Son premier morceau à la gloire d'une idéologie créative profondément haineuse et blasphématoire, le sublime
Demonic Incarnate, est d'ailleurs très représentatif de cet état de fait. Il est aussi très significatif de l'art de ces musiciens. Alternant des instants féroces à d'autres plus pesants, le groupe nous y propose, en effet, rien moins que la quintessence d'un style. Bien évidemment, nombre d'autres titres viennent, eux aussi, nous repaitre alors que nous baignons dans les eaux boueuses de cette cérémonie mécréantes. Citons, par exemple, les redoutables Emaciated Holy
Figure et
Iconoclasm of Catholicism, le lancinant
Abolishment Of
Immaculate Serenity ou encore The Ibex
Moon.
Au-delà de ces considérations partisanes, l'œuvre ainsi née des desseins de l'âme tourmentée du quatuor, aussi magnifiquement exemplaire fut-elle, n'aura pas été enfantée sans douleur. La créature hideuse aura, en effet, nécessité d'être extraite du corps pantelant de son géniteur avec des forceps. La faute à Relapse Records qui, non content des enregistrements des sessions initiales d'août 1993, en impose de nouvelles en mars de l'année suivante. Le résultat est, cette fois-ci, à la hauteur du label. Le disque peut enfin sortir.
Soulignons aussi qu'une fois encore
Mortal Throne of Nazarene est orné d'une illustration de Miran Kim. Toujours aussi organique, énigmatique, mécréante, visqueuse, séduisante et sordide, son travail est toujours encore en parfaite adéquation avec le contenu de ce disque.
Plus que jamais l'osmose entre son propos et celui du groupe sera palpable.
Pour son deuxième album,
Incantation n'aura pas faibli et bien au contraire, de sa créativité obscure et abjecte aura fait naître une nouvelle immonde entité fondatrice répondant au nom de
Mortal Throne of Nazarene. Encore un album indispensable en somme.
Fabien.
Fabien.
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