Certains artistes sont de véritables paradoxes. Dans le cas de Cradle of
Filth, il est autant reconnu pour sa capacité à écumer, années après années et depuis presque trente ans, les routes du monde entier et donc à avoir une expérience live hors du commun autant qu'il traine comme un boulet un statut peu flatteur de combo souvent perfectible en live. La faute à des prestations en festival parfois catastrophiques (notamment durant les années moins glorieuses du début du milieu des années 2000 ou au début des années 2010) et un Dani
Filth qui a longtemps soufflé le chaud et le froid sur ses capacités vocales en concert.
Néanmoins, le changement massif de line up après le plutôt moyen "The Manticore and
Others Horrors" (le départ de Paul Allender, la place toujours plus importante de Martin Skaroupka aux arrangements et aux orchestrations en plus de son talent incroyable derrière la batterie, l'arrivée d'un duo de guitaristes très british dans l'âme) ont remis les britanniques sur les rails avec l'excellent "
Hammer of the Witches" (à mon sens le meilleur opus du combo avec "
Godspeed on the Devil's Thunder" depuis la sainte trinité "
Dusk...and her Embrace" / "Cruelty of the
Beast" / "
Midian"). En live, le lutin démoniaque s'en est retrouvé transfiguré, a repris une évidente rigueur pour de nouveau assurer les titres plus anciens et performer sur les passages les plus difficiles, particulièrement ces hurlements si typiques et les motifs graves et gothiques qu'il arbore désormais bien plus pour apporter de la dynamique et de la profondeur aux lignes vocales. On est donc loin de certains concerts d'une époque où les hurlements ininterrompus rendant inaudibles les morceaux pourtant cultes du combo. Dès lors, pourquoi ne pas proposer un nouveau disque live pour Cradle, eux qui furent si avares dans l'exercice dans leur carrière. Depuis le furieux "
Live Bait for the Dead" (sur la tournée "
Midian") et le dvd "
Peace Through Superior Firepower" (sur la tournée "
Nymphetamine"), on ne trouve en effet pas trace de témoignage longue durée (excepté le live au Graspop en bonus dans "
Evermore Darkly"). C'est désormais chose réparée avec la sortie de "
Trouble and Their Double Lives", première sortie sous le pavillon
Napalm Records après le départ (un de plus) des anglais de chez
Nuclear Blast suite à leur rachat.
Plutôt qu'une unique date, Cradle a fait le choix (comme il devient de plus en plus fréquent) de présenter un "best of live" de multiples dates, sur divers continents (Europe, Etats-Unis et Amérique du Sud) de la tournée de "Cryptoriana" (il n'y aura donc rien du dernier méfait
Existence Is Futile) en 2017/2018. Cependant, le groupe a créé une véritable cohérence dans le mix, l'ensemble s'enchainant avec fluidité et donnant la sensation d'un seul et véritable évènement, à peine troublé par les interventions de Dani quand il harangue les différentes foules en citant le nom des villes. Pensé pour le format double disque, l'opus se divise en deux parties où chacune des premières pistes de chaque disque est en fait un titre studio inédit sensé créer une passerelle entre
Existence Is Futile et le prochain disque prévu pour 2024.
"She is a
Fire" est un témoignage plutôt traditionnel du Cradle dit "moderne", avec un riff plutôt mid tempo et un aspect mélodique très mis en avant, comme c'est le cas dans de très nombreux single des anglais depuis des années. Une ambiance à la "
Nymphetamine" (le titre), "Necromantic Fantasies" ou encore "
Right Wing of the Garden Triptych" avec un refrain catchy, un côté thrashy et des voix féminines et fantomatiques qui apportent cet aspect gothique si cher au groupe. La partie soliste est dans la veine des trois derniers opus, très heavy et fluide. "
Demon Prince Regent" se veut plus agressive, rapide et avec cette aura atmosphérique reconnaissable entre mille (un petit air de "The
Death of Love" dans les vocaux très graves). Deux bons inédits, à défaut d'être incontournables.
Concernant la partie live (premier intérêt finalement), la surprise est de taille. La production est d'une puissance sans failles, la batterie claque de façon implacable (ce qui fut loin d'être toujours le cas en live à une époque), les guitares cisailles comme des couperets et surtout ; Dani semble dans la forme de sa vie sur presque tous les aspects ! Autant dans ses hurlements caractéristiques, les passages narratifs ou encore les growls bien plus graves, il excelle comme on ne l'espérait plus. Il suffit d'écouter la claque de vieux titres comme le furieux "
Desire in Violent Ouverture" (ce riff d'ouverture !) ou le fabuleux "
Bathory Aria" en passant par l'ouverture culte de "
Heaven Torn Asunder" et son ambiance toujours aussi angoissante, lourde et glauque (et la gestion de ces hurlements glaçants). A côté de ça, certains autres titres plus récents sont devenus de véritables indispensables également, comme le démentiel "Honey and
Sulphur" et son intro imparable de choeurs et de double pédale, l'évidence de "The
Death of Love" et sa grande variété vocale ou encore l'inévitable "
Nymphetamine Fix" (version courte). Les radicaux "Gilded Cunt" (un de mes titres d'ouvertures préférés du groupe personnellement) et "
The Promise of Fever" sont également de la partie, tout comme "
Heartbreak and Seance" qui s'incruste parfaitement dans cette setlist très hétéroclite ne faisant pas forcément la promotion unique de "The Seductiveness of
Decay". Le dernier morceau sera d'ailleurs "You
Will Know the
Lion by His Claw", l'un des meilleurs titres de l'opus en question, teinté d'une véritable aura romantique maudite digne de la grande époque.
"
Trouble and Their Double Lives" fait partie de ces surprises que nous n'attendions pas forcément sur un terrain souvent glissant pour eux. Un bal des horreurs comme le laisse augurer l'artwork s'ouvre à nous pour débuter une nouvelle collaboration et préparer l'avenir pour ce qui deviendra le quatorzième opus studio de la bande à
Filth. Incontournable pour certains, pas forcément indispensables mais nouvelle preuve de la persévérance et de la détermination d'un véritable leader de la scène, souvent décrié mais toujours debout. Une noire leçon de conviction.
Chouette chro qui donne envie de jeter une oreille sur ce LIVE!
Ha CRADLE OF FILTH, un groupe qui divise toujours (les pro contre les antis qui fustigent ce genre de Black Metal) pourtant, autant j'écoute et apprécie du Sargeist, du Horna, Marduk et consort autant je m'incline devant Dani et ses sbyres quant à la qualité de composition et de perséverance!
J'adore lire tes chro, en particulier sur des groupes que j'affectionne énormément.
Après tout ce temps, ça fait toujours plaisir d'avoir ce genre de retour
Comme dit plus haut c'est toujours un plaisir de lire tes chro, elles sont bien écrite et surtout elles donnent encore plus d'aimer un album où un groupe
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire