Dark Tranquillity voit le jour en 1991 sur les cendres de l'éphémère combo death metal Septic Broiler. Dès son premier album, le très bon "
Skydancer" en 1993, la formation surprend, délivrant un death metal mélodique et feutré, loin des standards du death suédois de cette époque. Le vocaliste Anders Friden parti rejoindre
In Flames, le line-up se stabilise avec un Mikael Stanne dès lors au micro et sort coup sur coup en 1995 le mini "
Of Chaos and Eternal Night" et l'album "
The Gallery", considéré comme l'un des, si ce n'est le joyau le plus resplendissant du genre.
Rétrospectivement, la période autour de l'année 1995 peut être vue comme l'apogée du mélodeath suédois, At the
Gates livrant également son "
Slaughter of the Soul" tandis qu'
In Flames enchaîne le mini "Subterranean" fin
1994 puis "The
Jester Race" début 1996. Des albums ayant d'ailleurs suscité des vocations et ouvert la voie puisque des formations telles que
Arch Enemy,
Sacrilege GBG, A Canorous Quintet ou
Gates Of Ishtar immortalisent quant à elles leur premier full-length en 1996.
Seulement 18 mois après leur prodigieux second album, les Suédois remettent donc le couvert et en apparence la continuité semble de mise : line-up inchangé ainsi que le même label (
Osmose), studio et producteur (Fredrik Nordström et son Fredman studio).
Seul Necrolord manque à l'appel, Mikael Stanne s'occupant lui-même de l'énigmatique dessin servant d'artwork. L'attente est donc importante et l'espoir d'un disque du même acabit que le précédent légitime.
De continuité musicale il est en effet question,
Dark Tranquillity n'opérant finalement pas de changement stylistique majeur et cherchant à marcher dans les traces de son précédent album. Les ingrédients de base sont d'ailleurs les mêmes : jeu de batterie sobre mais efficace d'Anders Jivarp, riffing acéré typique de la paire Sundin/
Johansson accompagné d'interventions de guitare acoustique, growl rageur de Stanne et même du chant féminin (on y reviendra).
Cependant, là où chaque composition de "
The Gallery" semblait touchée par la grâce et faisait montre d'une inventivité et d'une virtuosité guitaristique exceptionnelles, avec pléthore de riffs et leads mémorables au coeur d'un même morceau, la plupart des titres de "
The Mind's I" peinent à décoller, comme si l'inspiration avait
Momentanément quitté ses interprètes qui semblent se contenter d'appliquer une recette déjà éprouvée. Il en va ainsi d'une flopée de morceaux courts tels que l'opener, le ventre mou allant de "
Scythe..." à "
Dissolution Factor
Red" ou encore de "Tidal
Tantrum" qui, loin d'être mauvais, restent peu marquants.
Le génie des Suédois refait cependant épisodiquement surface et certains titres sont paradoxalement à ranger parmi les meilleurs de leur désormais longue carrière. "Hedon", rageur et mélancolique, propose un riffing inspiré du début à la fin et une performance de haut vol de Stanne alors que le progressif et fabuleux "
Insanity's Crescendo" offre une démonstration du talent multiple du groupe avec, entre autres, les interventions enchanteresses d'une
Sara Svensson évoluant dans un registre similaire à celui d'Eva-Marie Larsson sur "
The Gallery". Deux morceaux qui, avec le très solide "Zodijackyl's Light", soutiennent la comparaison avec l'album précédent sans avoir à rougir.
Situation un peu paradoxale donc que celle de "
The Mind's I", disque non dénué de qualités et que nombre de groupes moins prestigieux auraient voulu pouvoir composer mais montrant un
Dark Tranquillity s'essoufflant déjà, à l'image d'une scène mélodeath suédoise ayant connu émergence, apogée et saturation en l'espace de quelques années. Une scène dont certains des plus illustres représentants opteront par la suite pour une évolution stylistique, incorporant des éléments atmosphériques, gothiques, heavy voire même neo ou metalcore, au désespoir de certains fans et bien sûr au bonheur d'autres.
Chamboulé par les deux premiers albums sans occulter le mini-LP, The Mind's I m'avait laissé sur ma faim (quoique de bonne facture) hormis le morceau Hedon que j'aimais et que j'aime particulièrement et où, honnêtement, l'équilibre et la sensibilité sont juste parfaits. Je pense qu'avec le recul, un dépoussiérage ne ferait pas de mal ! Pour le reste, merci bien pour la mise en contexte idéale, l'objectivité et la justesse de tes propos. Une vraie chronique manquait et tu as comblé cette lacune avec brio (avec qui ?) ++FABIEN.
Salut Fabien, merci c'est un plaisir de lire un de tes commentaires. Comme tu le soulignes, cet album de Dark Tranquillity n'était pas pourvu d'une chronique à proprement parler et ce texte a été posté avec la modeste ambition d'y remédier. Merci encore pour ton retour.
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