The Final Countdown (Single)

Liste des groupes Heavy Mélodique Europe The Final Countdown (Single)
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17/20
Nom du groupe Europe
Nom de l'album The Final Countdown (Single)
Type Single
Date de parution Septembre 1986
Labels Epic Records
Style MusicalHeavy Mélodique
Membres possèdant cet album58

Tracklist

1. The Final Countdown
2. On Broken Wings
Bonustrack (12" Version)
3. Heart of Stone

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Europe


Chronique @ adrien86fr

30 Janvier 2011

Souvenirs immuables

Eté 1989, station essence Esso de l’Avenue des Martyrs de la Liberté à Compiègne (60). Une petite 4L bleue marine s’arrête pour faire le plein de super plombé. Ne tenant plus en place et à la limite de l’hyperactivité chronique ; il me faut au plus vite sortir de la petite Renault pour me dégourdir un peu les jambes et user coûte que coûte cette paire de baskets à lacets jaunes fluo qui suffisent alors à ma plus grande fierté, le temps que mon héros de papa remplisse le réservoir de la modeste voiture familiale. Quelques minutes après avoir soufflé sur les akènes de quelques fleurs de pissenlit et cherché en vain des trèfles à quatre feuilles dans la pelouse juxtaposant la petite station service, je cours tel un Carl Lewis de 105 cm jusqu’à la petite boutique pour y accompagner mon père et surtout choisir le fameux cadeau qu’il est dès lors temps de choisir grâce à ces points qui enfin allaient être échangés contre autre chose que des couverts ou de la vaisselle Guy Degrenne.

Un hasard annonciateur me fit choisir je ne sais pour quelle raison précise une K7 intitulée « Les Hits » sur laquelle figuraient une dizaine de tubes de la seconde moitié des 80’s parmi lesquels « Nuit Sauvage » des Avions, « Eve Lève Toi » de Julie Pietri ou encore « Always the Sun » des Stranglers. Mon magnétophone Fisher Price allait enfin monter en grade en s’attaquant à autre chose que ces stupides K7 de berceuses qui en réalité me faisaient plus peur que m’aider à trouver le sommeil dans ma petite chambre aux murs garnis de posters à l’effigie de clowns absolument horribles et des plus effrayants. L’écoute de ces chansons dont je tannais ma mère pour m’aider à comprendre le sens des paroles s’est révélée être des plus sympathiques jusqu’à l’ineffable arrêt du cours du temps, l’indescriptible apparition de la lumière divine telle un halo salutaire, la Révélation Christique : « The Final Countdown » de l’immenssime Europe.

Intro poussive, jouissive et quasi extra terrestre, vocaux mirifiques et cristallins dont j’ai longtemps cru qu’ils étaient ceux d’une femme et ce solo de Fender Stratocaster qui se fait attendre mais marqué d’une beauté rare et hallucinatoire au possible ; véritable zénith d’une efficacité classieuse absolument incommensurable… Voici les mots qui me manquaient à cette époque bénie et irretrouvable pour décrire les sentiments que me procuraient ce titre que je ne cessai d’écouter et de réécouter inlassablement sur mon magnétophone Fisher Price, imitant inconsciemment pour ce faire les break-dancers new-yorkais en le trimbalant presque partout sur mon épaule pour au final ne jamais me lasser de ce hard FM orgastique grâce auquel il me suffisait de fermer les yeux pour voyager hors de cette planète ou encore incarner ce personnage imaginaire; mi-rock star/mi-super héro mais définitivement étranger à ce monde abominant qui déjà malgré mon innocence me répugnait de par l'injustice qui y règne tyranniquement et ses absurdités les plus abjectes.

Heureusement ; Joey Tempest, John Norum, John Levén, Mic Michaeli et Ian Haugland étaient là pour rendre ce monde meilleur et magnifier l’instant présent pour lequel il me fallait rentrer au plus vite de l’école maternelle pour manger mes Dinosaurus de Lu et boire mon verre de lait-grenadine en écoutant jusqu’à ce que mes yeux se ferment de fatigue et mon profond sommeil emplis de rêves ou de cauchemars, les hard rockers suédois sans lesquels ma vie aurait été on ne peut plus dépourvue de sens et vouée à une terrible dépression enfantine.

Le jour terrible arriva où à force d’innombrables et abruptes rembobinages pour consommer quotidiennement et pour le moins déraisonnablement ma drogue sonore, la bande rompit pour me laisser cruellement seul avec moi-même et mes propres démons. Rien n’y faisait, pas mêmes les K7 de « Crisis ? What Crisis ? » de Supertramp, de « Under a Blood Red Sky » de U2 ou encore du « Greatest Hits » de Simon & Garfunkel avec lesquels mes parents tentèrent vainement de consoler mon immense chagrin. Ces artistes étaient bien sur audibles si bien que je les apprécie encore aujourd’hui, mais ils n’arrivaient aucunement à la cheville de mes super-héros scandinaves et ne me permettaient pas d’oublier ce terrible jour ou je tentai tant bien que mal d’ouvrir la fameuse cassette en espérant illusoirement pouvoir y recoller la bande magnétique avec un vulgaire morceau de Scotch plein de salive.

Ce n’est que des années plus tard que je compris que Joey Tempest était en réalité un homme malgré son timbre vocal aigu, que j’appris que ce groupe Europe avait été formé sous le patronyme de Force en 1979 à Upplands Väsby, que le single et l'album « The Final Countdown » nés eux aussi en 1986 avaient atteints respectivement la 1ère place du Top 50 en France et la 8ème du Billboard 200, que les paroles du tube éponyme avaient été inspirées par le « Space Oddity » de David Bowie et que ces dernières traitent effectivement de quitter la Terre pour des contrées plus agréables ; exactement la vision que m’avait inspiré ce chef d’œuvre immuable quand je l’écoutais sur mon magnétophone Fisher Price en fermant les paupières.

Hiver 2011. Faire du fric grâce à une musique de qualité n’est plus conciliable, le grand Joey Tempest s’est dépermanenté les cheveux et ne met plus de rouge à lèvres depuis bien longtemps, la station essence Esso de l’Avenue des Martyrs de la Liberté est automate, le litre de SP 98 a dépassé la barre des 1,50 €, on ne trouve plus de Dinosaurus de Lu dans les supermarchés, les K7 audio ont été remplacées par des formats immatériels et Europe se contente de l’Elysée Montmartre alors que System Of A Down remplira deux fois Bercy dans quelques mois. Trouvez l’erreur.

15 Commentaires

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Silent_Flight - 20 Juillet 2011: Ca me rappelle qu'une fois, le groupe a pissé soudainement sur scène parce qu'il est un continent... c'est fou!
adrien86fr - 20 Juillet 2011: Pas mal.. visiblement les jeux de mots semblent être ton truc, tu devrais songer sérieusement à publier un recueil.
Silent_Flight - 20 Juillet 2011: On me le dit très souvent, c'est étrange... comme si je n'arrêtais jamais.
MikeSlave - 27 Août 2012: je possédais ce disque en 45 tours que j'ai échangé contre l'album de motley comprenant Corabi en son sein.
Jolie chronique en tout cas.
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