Oublié le côté FM et aseptisé de l'album "
The Final Countdown" ! Il serait donc réducteur de penser qu'
Europe n'est bon qu'à composer des ballades mièvres et à squatter le top 50.
En effet, suite à une nécessaire séparation dans les années 90,
Europe revient en 2004 avec l'album "
Start from the Dark", plus rageur et plus brut que ses prédécesseurs. Aussi, le combo ne quittera plus cette formule, laissant de côté le style
Hard F.M qui fit sa renommée dans les années 80. D'ailleurs, le groupe sortira par la suite trois albums de pur
Hard Rock de très bonne facture.
Nous revoilà en 2015 ! Après un "
Bag of Bones" plus orienté blues,
Europe revient avec un dixième album ô combien intéressant : le bien nommé "
War of Kings", qui lui, va puiser ses racines dans des groupes tels que
Black Sabbath,
Deep Purple,
Whitesnake, de la période de la fin des années 70, voire début 80 's. N'omettons pas non plus l'influence flagrante de
Led Zeppelin tout au long de l'album ! Sans oublier cette aptitude qu'a le groupe de composer des titres riches, variés, entraînants et qui ne vous quittent plus. Bien sûr, certains trouveront que "
War of Kings" est une redite de l'album précédent, sans la moindre prise de risque. Mon sentiment serait plutôt que le groupe, sur ce coup-là, a surtout voulu se faire plaisir.
Avant de commencer notre immersion dans cette guerre des rois, je voulais évoquer la production. En effet, certains la trouveront étouffée, datée. Mais n'était-ce pas là la volonté du groupe avant d'enregistrer cet album, notamment en engageant le producteur Dave Cobb, à qui l'on doit les productions de groupes au son vintage tels que :
Rival Sons,
California Breed, entre autres ? D'autre part, dans différentes interviews, le groupe ne disait-il pas vouloir revenir aux sons et influences de leur jeunesse ?
On notera aussi une nette amélioration concernant les sonorités des claviers. Effectivement, à mon sens, ils sont davantage mis en relief, cette fois-ci, Mic Michaeli abattant un travail phénoménal lors de ses interventions magiques ! Qui d'autre que lui pouvait s'imposer comme digne héritier de feu Jon
Lord ?
Commençons la lecture de l'album avec son titre phare "
War of Kings", débutant par une introduction de quelques secondes, nous faisant penser au signal des vaisseaux aliens du film "La Guerre des Mondes version Spielberg", pour démarrer sur les chapeaux de roue avec un riff Heavy à la
Black Sabbath doté d'un son actuel et moderne. N'oublions pas " Light Me Up" dans le même style disons plus crade,aux relents poussiéreux et stoner sentant le bitume et le bourbon à plein nez, avec un
John Norum se donnant à fond. Écoutez donc ce solo très inspiré et versatile qui s'étend jusqu'à la fin du titre... Celui-ci est tout bonnement jouissif !
Continuons notre parcours avec "
Hole in My Pocket", peut-être le titre le plus rapide et rentre dedans de l'album, mais aussi le très efficace et catchy "Days of Rock 'N' Roll" portant bien son nom nous rappelant
Thin Lizzy, grande influence du guitariste
John Norum, surtout fan de
Gary Moore devant l'éternel. Poursuivons avec "Second Day", morceau en mid tempo et superbement interprété. Exécuté avec brio, écoutez donc ce son d'orgue Hammond, lui-même suivit d'un solo de guitare qu'on croirait tout droit sorti de la Fender Stratocaster de l'homme en noir (Ritchie Blackmore), mais aussi nous rappelant alors les grands moments de
Deep Purple...
Sans aucun doute, l'ombre du grand
Deep Purple plane sur ce disque. Il suffit d'écouter les titres "Praise You, California 405" pour vous en convaincre. Ou encore "
Rainbow Bridge"et sa touche orientale, ce dernier sonnant le plus
Led Zeppelin à mon goût, assurément le "Kashmir" du groupe.
Passons à "
Children of the Mind", titre mid tempo s'inscrivant dans la pure tradition
Hard Rock à la
Led Zeppelin, avec sa batterie pachydermique, ses claviers nous rappelant le toucher de John Paul Jones bassiste et claviériste du grand
Led Zeppelin, sans oublier ce solo de guitare inspiré et pas démonstratif pour un sou. Ah !
Nostalgie quand tu nous tiens !...
Le groupe n'a pas oublié non plus d'offrir à ses auditeurs des moments plus intimistes. La superbe ballade "Angels ( With Broken
Heart)", tout en finesse et en émotions, en est la preuve. Probablement l'une des plus belles du répertoire du groupe, faisant largement oublier «
Carrie » et d'autres ballades moins inspirées du groupe.
L'opus se termine avec "Vasastan", plage instrumentale où, ici aussi, la guitare est reine, nous faisant ainsi penser au "Parisienne Walkways" de
Gary Moore.
Assurément, nous recevons là un défilé de notes somptueuses de la guitare de
John Norum qui, cette fois, est au sommet de son art, rien de moins !
Quant à l'artwork de la pochette, à l'image de l'opus, il a été particulièrement soigné. Aussi, j'ai trouvé celle-ci esthétiquement belle et graphiquement réussie, avec cette main d'homme (roi) qui, avec cette chevalière gravée du E ornant le logo du groupe posée sur un échiquier, pousse violemment le roi noir contre le blanc retenu par un autre homme en miniature. Bref, on a là une pochette moderne et sortant de l'ordinaire, et surtout, symbolisant parfaitement le titre de l'album.
En conclusion, "
War of Kings" est destiné avant tout aux amateurs de
Hard Rock des années 70, mais aussi aux passionnés de belles mélodies et de guitares aiguisées et pleines de feeling. Avec cet album,
Europe n'a pas fini de nous étonner et pour longtemps, C'est tout le mal que nous lui souhaitons !
En bon métalleux bas du front, j'avais placardisé Europe après sa période "Final Countdown", vouant aux gémonies les plages de claviers et les refrains pop qui, à l'époque, faisaient les belles heures de NRJ et autres Hit FM (blasphème suffisant à mes jeunes oreilles pour classer définitivement le groupe parmi les traîtres et les vendus). J'avais donc superbement ignoré leurs albums suivants, n'ayant guère jeté plus qu'une oreille distraite au hasard de quelques sorties qui ne m'avaient guère emballé, malgré un retour bienvenu aux sonorités Hard Rock des débuts ("Start from the Dark" et "Bag of Bones", pour ne pas les citer).
Ce n'est donc qu'après la bonne prestation des suédois à Paris en septembre dernier (Trianon) que je me suis laissé convaincre de revenir un peu plus sérieusement sur leur discographie récente, et je dois avouer que cet album est une excellente surprise : au carrefour du Deep Purple des 70's et des meilleurs Whitesnake, c'est franchement de la belle ouvrage que nous proposent Joey Tempest et sa bande. Du coup, j'ai embrayé sur "Walk the Earth" dans la foulée, qui après seulement deux écoutes me paraît dans l'exacte lignée de celui-ci, et c'est très bien. J'ai également "Last Look at Eden" en stock, mais je me le garde pour plus tard.
Bref, Europe remonte de plusieurs étages dans mon estime, méritant sans doute une jolie place dans le panthéon des meilleurs groupes de Rock européens (forcément ! ;) actuels. Et en plus, j'ai entretemps réhabilité "The Final Countdown" à sa juste (très grande) valeur, comme quoi il n'est jamais trop tard pour changer d'avis.
Merci pour la kro ! :)
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