Certains d'entre vous le savent,
Europe ne se résume pas à
The Final Countdown. Bien au contraire. Qu'on en juge : un hard rock burné et metallisé en début de carrière, un FM plus pompeux par la suite mais qui remportera un franc succès, un hard rock californien sur
Prisoners in Paradise et, pour leur retour en 2004, un hard rock modernisé à l'excès comme pour s'excuser d'avoir existé dans les années 80.
Europe a donc navigué entre plusieurs styles. Quelquefois en eaux troubles, me diront les plus taquins.
Ces changements brusques d'orientation ont eu de quoi rendre perplexes les plus tolérants des fans. Ils ont surtout amené
Europe à pondre des albums plus ou moins bien réussis. En tout cas, faisant débat parmi les amateurs des suédois autrefois peroxydés jusqu'à la racine.
Mais l'avant dernier disque de
Europe,
Almost Unplugged, bourré jusqu'à la gueule de références aux grands groupes de hard des 70s, va peut être se révéler aujourd'hui comme une pierre angulaire pour ces musiciens aguerris. Il leur a peut-être permis d'apercevoir la lumière dans l'éternel débat : qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j'ère ?
Balayant les hésitations d'hier d'un revers de la main,
Europe se veut aujourd'hui un groupe de hard rock mélodique. Résolument. Le quintet affiche fièrement ses racines et les racines du genre, regarde droit dans les yeux son passé de stars éphémères de MTV mais ne néglige aucunement d'apporter quelques touches de modernité lorsque le besoin ou l'envie s'en font sentir.
Last Look at Eden, c'est donc ça : un putain d'album de hard rock mélodique qui puise son inspiration où il veut. Dans le passé, tout d'abord, tel ce Catch
That Plane au parfum très seventies, rappelant les
Deep Purple,
Whitesnake ou autre
Thin Lizzy.
Europe va même chercher plus loin et n'hésite pas à saupoudrer sa musique de quelques touches bluesy de bon aloi, comme sur le break de Mojito
Girl ou l'extraordinaire ballade In My Time toute en retenue mais chargée d'émotions. Pour la forme,
John Norum et sa guitare magique, gratte même quelques riffs limite funky sur Mojito
Girl ou U
Devil U. Mais
Europe ne crache pas non plus sur des morceaux aux accents plus modernes comme le titre d'ouverture
Last Look at Eden et son refrain en forme de pancarte ou avec un Only Young Twice très cinématographique ou encore un Run With The Angels au refrain énergique.
Afin de rendre certains morceaux plus épiques,
Europe a fait appel à l'orchestre symphonique tchèque sur quatre morceaux. Le résultat est quelquefois enthousiasmant comme sur le magistral No
Stone Unturned.
De la balade à la dévastatrice
The Beast fleurant bon la sidérurgie maîtresse en ces lieux, du blues au hard rock moderne, il y en a donc pour tous les goûts.
Il ressort de tout cela un album diversifié tout en restant dans la ligne de conduite fixée.
C'est peut-être pour cela que, aujourd'hui, serein et sûr de son fait, le groupe se révèle fortement inspiré. Les talents de songwriter de Tempest font ici des merveilles. Dès l'entame du disque, la chanson-titre et Gonna Get Ready avec ces refrains qui vous tatouent la tête devraient convaincre l'auditeur.
John Norum aussi taquine la muse avec bonheur. Pour tout dire, c'est même la fête à la guitare ! Les riffs et les soli se succèdent avec brio.
Ajoutez à la recette concoctée une base rythmique solide emmenée par la paire Leven/Haugland, des claviers discrets mais efficaces ainsi qu'une production puissante et vous obtenez un album extrêmement solide comprenant des hymnes comme
Europe n'en a pas écrit depuis longtemps. Le fan déçu par les deux précédents albums devrait retrouver la banane !
Malheureusement, il y a quelques bémols à ce tableau idyllique.
Tout d'abord, certaines chansons sont un peu en deçà de l'ensemble, sans pour autant être nulles. Enchaînées à quelques tubes dévastateurs, elles paraissent d'ailleurs fades de prime abord et il faut quelques écoutes répétées pour les appréhender à leur juste valeur.
Les influences seventies dont je parlais sont quelquefois très prononcées. Certains les jugeront même trop prononcées. Par exemple, le morceau Catch
That Plane affiche résolument 30 ans de retard au compteur. Le morceau est bon, certes, mais quel est l'intérêt peut-il avoir en 2009 ?
Ce côté "j'm'la joue encyclopédie du hard rock" pourra rendre dubitatifs certains d'entre vous qui trouveront sans doute que l'ensemble est par trop diversifié et manque de liant. Le pendant est que cet album mérite plusieurs écoutes avant d'être apprécié à sa juste valeur, l'écartant ainsi du CD kleenex à haute teneur commercialite aiguë.
Enfin, les touches funky, heureusement rares, sont certes sympathiques et agréables mais elles n'aident pas à rendre le morceau dans lequel elles sont placées inoubliable.
Une question me vient à l'esprit : contre toute attente et tant d'atermoiements,
Europe a-t-il enfin trouvé son style ? La réponse me semble évidente. Hormis quelques petites fautes de goûts et quelques problèmes de dosage dans la recette concoctée, c'est un oui franc et massif pour ma part.
Une autre question se fait jour :
Europe a-t-il pondu son meilleur opus ? A chacun de se faire son opinion. Pour moi, on n'en est vraiment pas loin.
Seul l'avenir apportera une réponse définitive.
En tout cas, une chose est sûre :
Europe reste un des fers de lance d'un hard rock européen malheureusement bien mal en point.
Une belle découverte pour ma part que cet album. Je n'en attendais rien et j'ai été agréablement surpris.
La référence à Whitesnake (que tu cites) me semble évidente sur un titre tel que "Gonna Get Ready". Et quel superbe solo!
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